MADRUGADA – Madrugada
Après l’album « The Deep End« sorti en 2005, les Norvégiens de Madrugada se sont remis au travail. A peine les sessions terminées, un drame les frappe. Tout juste rentré de New York, le guitariste Robert Burås, un des membres fondateurs, est retrouvé mort dans son appartement le 12 juillet 2007. Il n’avait que 31 ans. L’avenir du groupe était alors incertain même si Robert avait déjà terminé le travail du nouvel opus. Il avait d’ailleurs révélé peu avant de disparaître que la préparation de l’album avait été sa meilleure expérience.
Après une période de réflexion, le chanteur Sivert Høyem et le bassiste Frode Jacobsen décident de continuer. L’album « Madrugada » sort au mois de janvier en Norvège et en mars chez nous. Bien entendu il est dédicacé à la mémoire de Robert Burås. Une tournée suit avec trois dates belges dont l’Ancienne Belgique (voir notre compte-rendu).
Venons-en à l’album. Impossible de passer à côté d’une influence majeure comme Nick Cave qui s’impose avec le chant de Sivert. Tant coté timbre que dans sa manière de chanter, cela se ressent profondément. Mais peu importe car si on aime Nick Cave on sera ravi d’en avoir deux. D’ailleurs il y a bien des différences entre les deux. Madrugada est plus sombre et mélancolique mais aussi moins exubérant. Cela n’empêche que « Whatever Happened To You? » qui ouvre superbement l’album nous prend d’emblée par les tripes. Il nous sera difficile ensuite de ne pas être captivé par les chansons offertes. « The Hour Of The Wolf » est d’une force incroyable. Nous sommes entraînés dans une ronde infernale. La rythmique imprime sa marque avec puissance. Le chant s’envole et la guitare crie sa douleur.
« Look Away Lucifer » démarre à la guitare acoustique. Cette intimité prendra peu à peu une puissance dont les incantations permettront d’éloigner le diable. « Honey Bee » est elle d’une douceur confondante, une superbe ballade, un cri d’amour à sa belle. Suit « New Woman/New Man », logique somme toute après ce déchirement du coeur. Sivert nous conte cette nouvelle tranche de vie avec sa voix prenante, le piano habille, la guitare marque par des accords écorchants.
« What’s On Your Mind? » nous entraîne dans une spirale baignée de claviers et de strings nappants. Un peu plus pop, la chanson trouverait sans problème sa place sur un single tant la mélodie est forte. Une forte mélancolie imprègne « Highway Of Light », les arrangements de strings n’y sont pas pour rien. Sur une mélodie somme toute très classique, la voix intense de Sivert nous enveloppe pour mieux nous séduire. Les arpèges de « Valley Of Deception » nous font planer afin de mieux nous remettre en question.
Enfin, « Our Time Won’t Live That Long » résonne comme un hommage à Robert Burås. C’est lui qui termine ainsi cet opus en chantant seul accompagné de sa guitare un titre qui aurait très bien pu s’appliquer à sa vie même s’il s’agit ici d’un déchirement entre deux êtres. Sa voix diffère totalement de celle de Sivert. Les tons sont très Mick Jagger. C’est aussi la seule chanson de Madrugada qu’il aura chanté seul.
Cet album est un incontournable pour les fans de Madrugada. Pour ceux de Nick Cave qui ne les connaîtraient pas encore, c’est l’occasion de les découvrir, une obligation même ! Mais le conseil est valable aussi pour ceux de Madrugada qui ne se seraient pas encore penchés vers Nick Cave. Bref, cet opus est un des indispensables du moment.
Pays: NO
EMI 50 999 520335 2 0
Sortie: 2008/03/31
Excellent album, je trouve en outre qu’il apporte beaucoup de sensualité… que du très bon !