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GHINZU – Blow

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Le deuxième album des belges de Ghinzu s’est fait attendre puisque le premier, « Electronic Jacuzzi », remonte à l’année 2000 déjà. Sa sortie avait alors étonné tout le monde par la créativité et la folie régnante. La question est sur toutes les lèvres, vont-ils continuer à nous étonner?

Ce nouvel album « Blow » débute par le morceau titulaire qui est également sorti en single, mais en version réduite. En effet, ce titre fait environ 9 minutes et pour passer en radio, ils ont décidé de lui offrir une édition rabotée. Je dis « rabotée » car pour moi seul l’original à une valeur et on regrettera ce formatage imposé par les radios. Ce « Blow » est formidable par sa construction. Il allie un rock noisy, un peu fou par moment, à une ascension musicale digne du rock progressif. La voix est pleine de sensualité. Ghinzu ose les longueurs (dans le bon sens du terme) et cela lui réussi plutôt bien. On se laisse entraîner pendant ces presque neuf minutes sans le moindre ennui. C’est sans aucun doute le morceau phare de ce nouvel opus.

« Jet Sex » brille par sa simplicité, quasi acoustique, alors que « Cockpit Inferno » s’emballe et rappelle la folie qui régnait sur le premier album. Le côté plus pop rock de « Do you read me » est beaucoup moins personnel. Il ressemble trop à ce que font beaucoup de groupes américains et/ou britanniques actuellement. Mais, qui sait, cela pourrait être ce titre qui leur ouvrira les portes internationales. Ensuite, le déjanté et répétitif « Until you faint » nous ramène sans autre forme de procès au style Ghinzu.

Tout en douceur, « The dragster – wave » suit. Un morceau très simple qui s’amplifie au fil du temps. C’est d’ailleurs un peu la carte que joue Ghinzu sur tout l’album. Tout comme « Blow », ce titre se révèle petit à petit pour s’imposer comme un des meilleurs. Quant à « My sweet love », il sonne un peu trop pop anglaise et perd de ce fait l’emprunte du groupe. « High voltage queen (the reign of) » continue en ce sens, tout comme « 21st century crooners ». Même si ce dernier contient un peu de folie Ghinzu, les morceaux se ressemblent trop pour se sortir du lot. On patine quelque peu.

C’est avec « Mine » que l’on retrouve enfin notre Ghinzu, les déjantés du rock belge. On imagine aisément John sautant derrière son piano tout en chantant et en écrasant ses accords plus dingues les uns que les autres. Marrant aussi cette reprise très rock’n’roll au milieu de la chanson. « Horse » se pose ensuite en une simple ritournelle entrecoupée de moments déjantés qui pourraient faire penser à du Alice Cooper produit par Bob Ezrin ou aux premiers Pink Floyd époque Barrett ou « Ummagumma ». Cet album de Ghinzu se termine en toute simplicité par un « Sea-side friends » qui fleure bon le Coldplay.

Ghinzu nous offre un nouvel opus aux arrangements plus ambitieux sans doute mais où une certaine folie, qui nous avait séduite lorsqu’on avait découvert le groupe, disparaît peu à peu. Serait-ce dû au départ de Sanderson? L’album se veut plus sombre, mais par moment aussi plus pop.

Pays: BE
Dragoon / Bang! 5412690311406
Sortie: 2004/02/06

3 thoughts on “GHINZU – Blow

  • Très bon deuxième album pour un groupe qui n’a pas fini de nous surprendre…Blow fait certainement partie des cinq meilleures chansons jamais écrites en Belgique. A voir absolument en live, c’est là que Ghinzu nous surprend encore le plus…

  • Un album plein de l’âme qui anime ceux dont les meilleurs vivent le rock comme un appel à mener une autre vie. Il faut parcourir cet album pour le plaisir de s’y perdre et d’y découvrir les personnages les plus incroyables, les aventures les plus folles et les destins les plus poignants. Un album fait pour vous toucher vite et sans arrière-pensées, comme on exécute le rock and roll.
    Les textes transpirent une sorte de dandysme vénéneux, vision sarcastique mais aussi attendrie dont s’extraient des vignettes sociales mettant en scène les héros du sexe quotidien ou brocardant les notables. Cette exquise finesse jure crûment avec l’anarchie contrôlée et jubilatoire qui émane de leurs concerts, comme pour affirmer le fil conducteur de l’album.
    Ghinzu est traditionaliste, héritier jusqu’au bout des ongles d’une lignée qui appartenait au passé et qu’ils font renaître pour le futur: une nation rock confuse d’après l’avènement du capitalisme global, frileuse, repliée sur elle-même, qui portait un regard paradoxal sur ses tares présentes et sa gloire d’hier : de colère, et de nostalgie, de sexe et de violence et d’amour sans naïveté. D’un côté, la condamnation « Jet Sex » ; de l’autre, l’harmonie quasi pastorale de « My Sweet Love » et le lyrisme désabusé de « Blow ». Hargneux, rebelles à leur façon, mais aussi singulièrement délicats et — à leur sommet — des commentateurs affûtés du rock de leur temps:on sent que le couteau japonais est passé chez le rémouleur, tant la production parfois clinique refuse tout égarement à l’auditeur.Ghinzu n’est pas un groupe belge, il faut avoir connu la médiocrité de la vie belge pour apprécier l’élégance avec laquelle Ghinzu refuse d’en faire sa principale source d’inspiration. Tout le monde a droit au « boredom » et seule une poignée a le devoir de le combattre, Ghinzu en est. La technique de combat rappelle les Buzzcocks et si l’ennui n’est déjà plus dans les salons, le romantisme et la dérision ont eux aussi pris le chemin des armes.

  • Alors là je dis : « tout bon les gars ».

    Cet album est véritablement enchanteur. Il propose une grande variété dans les compo, déborde d’énergie et de rythme, et tente aussi de jouer le ton de l’émotion avec succès.

    Et puis il y a les concerts, je les ai vu deux fois et je n’ai jamais été déçu.

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