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GREY DATURAS – Return To Disruption

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Grey Daturas est un trio australien de musique instrumentale d’avant-rock qui triture la musique expérimentale, le noise rock, le free jazz, l’avant-garde, le rock psychédélique, l’industrial, le metal et le punk pour en dégager un style très personnel. Le groupe ne répète pas mais parvient à produire des sons cohérents et plus ou moins harmonieux en improvisant, avant de les soumettre à des collages savants. Avec le trio, il ne faut évidemment pas s’attendre à une musique structurée de façon classique. Il est probable que sans l’Internet, le groupe ne serait pas connu mais ce n’est pas un scoop : de nos jours, beaucoup d’artistes sont dans ce cas. Depuis lors, toutefois, il a eu l’occasion de se faire connaître et a effectué des tournées aux Etats-Unis, en Europe et bien sûr en Australie.

Le trio australien comprend Robert MacManus, Bonnie Mercer et Robert Mayson. L’ingénieur du son s’appelle Neil Thomason, australien lui aussi. L’album comprend sept titres : « Beyond and into the Ultimate », « Return to Disruption », « Balance of Convenience », « Answered in the Negative », « Undisturbed », « Demarcation Disputes / Unity » et « Neuralgia ». C’est une suite de bruitages divers mélangés à des instruments classiques et des percussions très élaborées.

Il serait vain de décrypter chaque titre et de l’analyser car l’album donne l’impression de contenir un seul long titre de 43 minutes et des poussières. C’est une bouillie sonore où chacun joue sa « partition » sans se soucier du voisin mais elle est remarquablement improvisée et déconstruite pour finalement constituer des collages sonores savamment agencés où on rencontre des drones saupoudrés de bruitages et de minimalisme abstrait combinés avec des sons émis par des instruments rock comme la guitare, la basse, la batterie, ou classique comme le violon, pour en faire un tout cohérent qui génère un sentiment de tension extrême, de souffrance et parfois d’horreur, ce qui constitue le but final. Le résultat ressemble à ce que fait Boris, un groupe japonais, et Sunno))), un groupe américain, qui jouent à peu près dans les mêmes eaux. On peut même parler de soupe sonore et il est permis de s’interroger sur le sens d’une telle démarche prétendument artistique mais ce qui interpelle, ce sont les motivations de ceux qui vont assister à ces concerts qui n’ont de sens que pour ceux qui font cette musique. Peut-être y trouvent-ils un apaisement en libérant leurs tensions ? Il est permis d’émettre un doute.

Œuvre de visionnaires à la fois géniale et presque inécoutable. A écouter soigneusement pourtant avant d’acheter car même les amateurs de musique expérimentale ou d’avant-garde risquent de la trouver mauvaise. On a mal aux oreilles mais à la longue, il devient difficile de s’en détacher. On hésite entre 4 et 8 ou 9 sur 10. Prenons le parti de l’auditeur normal et mettons 4/10. Musique d’après civilisation, lorsque la folie des hommes aura terminé son œuvre de destruction des cerveaux. Prémonitoire ?

Pays: AU
Neurot Recordings NR-057 / Bang!
Sortie: 2008/04/07

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