SUPERGRASS – Diamond Hoo Ha
Ayant subi des influences diverses qui vont des Buzzcocks à The Jam en passant par The Kinks, The Small Faces, The Beatles, The Rolling Stones et Madness, Supergrass, le groupe d’Oxford, qui pourtant a parfaitement intégré ces influences pour en faire un style personnel, a toujours eu un peu de mal à se situer dans le monde du rock, à trouver un créneau bien déterminé et surtout une image. Il y a des groupes comme ça : malgré leurs qualités, ils sont sous-estimés. Peut-être est-ce parce que Supergrass a fait du punk à ses débuts ? Cela ne signifie pas que son travail soit bâclé, loin de là. Il a ses hordes de fans comme la plupart des groupes anglais dignes de ce nom et mérite la reconnaissance comme un des très bons groupes de Britpop.
Formé en 1993, il a sorti d’excellents albums : « I Should Coco » (1995), « In It For The Money » (1997), « Life On Other Planets » (2002) et dans une moindre mesure « Road To Rouen » (2005). Seul « Supergrass », sorti en 1999, quand le groupe a connu un passage à vide, est plus faible. Le groupe a aussi sorti une compilation remarquable en 2004 : « Supergrass Is Ten: Best of 1994-2004 », où il a réuni ses singles les plus « catchy ». C’est une excellente façon de le découvrir. Ici, sur « Diamond Hoo Ha », on est entre les deux. Ce n’est pas un album brillant de mille feux mais c’est un bon album de musique pop rock accrocheuse qui n’engendre pas la mélancolie.
Le début de l’album est d’ailleurs très bon et la guitare se déchaîne sur « Diamond Hoo Ha Man », qui semble vouloir concurrencer The White Stripes. « Bad Blood », lui, a un petit air Stooges et la voix a par moments un petit quelque chose de Iggy Pop, tandis que « Rebel In You » lui emboîte le pas avec sa très belle mélodie et ses harmonies vocales. Bref, l’album commence bien. Sans être mauvais, « When I Needed You » manque un peu de punch pour être dans la note des trois premiers titres, tandis que « 345 » possède une bonne mélodie et un bon rythme qui devraient susciter l’enthousiasme. Le jazzy « The Return of … », avec le saxo joué par Pete Wareham, possède aussi des atouts et termine la première partie, la plus intéressante de l’album pour sa qualité d’ensemble.
Malheureusement, le soufflé retombe assez rapidement ; avec les titres suivants, on entre dans le ventre mou de l’album. « Rough Knuckles », sans être mauvais, est un morceau pop qui n’accroche pas et le groupe semble peiner pour arriver au bout. « Ghost Of A Friend » est un peu du même tonneau mais en plus jazzy : il n’est pas mauvais mais il manque de pertinence et d’originalité. On y remarque néanmoins la présence d’un autre Coombes aux claviers : Rob. De nouveau, on entend le saxo de Pete Wareham sur « Whiskey & Green Tea », mais ce titre bouscule les convenances par son bruitisme peu usité. Avec « Outside », on renoue avec la qualité. Outre sa bonne mélodie, le morceau accroche d’emblée. On y fait la part belle à la guitare, comme dans tout l’album, d’ailleurs, et Gaz Coombes s’en donne à coeur joie. Le saccadé « Butterfly » est lui aussi de très bonne qualité et rappelle les sixties dans ce qu’elles ont de meilleur.
Cet album festif est inégal mais le bon est majoritaire et l’emporte sur le moins bon. C’est un bon album d’un groupe qui n’occupe pas la place qu’il mérite. Trop sage, sans doute.
Pays: GB
EMI Records 50999 5 19734 2 1
Sortie: 2008/03/24