WE ARE SCIENTISTS – Brain Thrust Mastery
Le premier album de We Are Scientists, « With Love And Squalor », était plein d’humour et très réussi. Le batteur est parti pendant la tournée de promotion. C’est donc un duo (un guitariste/chanteur et un bassiste) qui, avec l’aide de quelques invités, a travaillé sur les compositions accrocheuses de cet album de pop rock teinté de punk mais avec un humour noir sous-jacent. On a presque dépassé le stade de l’hédonisme et on passe au stade de la réflexion.
Le leitmotiv de « Ghouls » est « We all recognise that I’m the problem here » sans que l’on sache très bien à quoi ça rime exactement, le tout sur un rythme répétitif qui n’aide pas à la compréhension. Tout ce qu’on perçoit, c’est que le personnage représenté par le chanteur se sent responsable. Il semble avoir perdu de sa superbe. Question d’âge, sans doute. Surprenant. Heureusement, « Let’s See It » se déroule sur un rythme pop plus engageant. Le dilemme est : va-t-il la quitter ou non. Elle le croit, il lui assure que non. Faut-il s’attendre à des phrases claires quand il s’agit de sorties nocturnes bien arrosées ?
Sorti en single, « After Hours » est un titre accrocheur en diable qui fait pardonner les morceaux précédents. Il n’y a pas grand-chose de changé sous le soleil pour We Are Scientists. On partage un peu leurs guindailles, c’est tout. Pourtant, on semble commencer à réfléchir sur le sens de tout ça. « Lethal Enforcer » est un autre morceau énigmatique et plus élaboré dont le rythme tranche avec les autres morceaux. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on y parle d’amour mais d’un amour un peu compliqué. Une fois encore, l’ego du chanteur en prend un coup.
Sur « Impatience », un solide rock qui flirte même par moments avec le punk et remet un peu les pendules à l’heure, même si on y parle encore d’amour, ou en tout cas de rencontre nocturne, avec un magnifique dialogue entre basse et guitare lead. « Tonight » adopte un rythme répétitif qui fait contraste avec le morceau précédent. Ici, il est question de promesse pour arriver à ses fins mais on la regrette dès qu’elle est formulée. « Spoken For » est un mid tempo tout en nuances qui fait contraste avec le reste et apporte du relief à l’album.
« Altered Beast » est un excellent morceau très rythmé qui comporte des percussions implacables et parle de relations expéditives enlevées au pas de charge. « Chick Lit » est différent et plus jazzy ; on y parle de dispute et on entend le son d’une ambulance en arrière fond. Le morceau punk « Dinosaurs », avec une ligne de basse remarquable, est un morceau hyper rapide qui parle de survie : il faut apprendre à nager ou à mourir, nous dit Keith Murray. « That’s What Counts » est le meilleur morceau de l’album grâce au saxophone de Kamasi Washington et à l’orgue Hammond qui lui donnent un cachet jazzy de la meilleure veine et apportent un peu de nostalgie, comme si la vanité de cette vie dissolue lui apparaissait subitement.
Très bon album qui fait peu de place au romantisme et gagne en profondeur par rapport au précédent. Leur tournée européenne passera par la Belgique lors des Nuits Botanique.
Pays: US
Virgin Records CDV3048
Sortie: 2008/03/17