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LANOIS, Daniel – Here Is What Is

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Comme producteur, Daniel Lanois n’est pas n’importe qui. Il a travaillé avec Brian Eno, U2, Peter Gabriel, Bob Dylan et Jon Hassell. Comme compositeur et chanteur, il a sorti quelques albums de qualité dont « Acadie » (1989), « For The Beauty of Wynona » (1993) et « Shine » (2003) sont les meilleurs. Ici, il produit la bande sonore d’un film. Elle est faite de bric et de broc. On comprend d’emblée que le manque d’unité est sans doute son principal défaut car pour le reste, cet album de rock alternatif recèle quelques perles.

Le très court « Chest Of Drawers » est une intro parlée bizarre de Brian Eno. « Where Will I Be » est un très beau morceau hypnotique bien chanté et qui exprime des sentiments divers. On remarque au passage le travail remarquable du batteur de jazz Brian Blade (Joni Mitchell, Norah Jones). « Here Is What Is » est aussi un morceau pop mais il montre une autre facette de son talent de chanteur. Néanmoins, ce n’est pas le meilleur morceau, pas plus que « Not Fighting Anymore », un morceau lent et plein de tendresse.

« Beauty » est un dialogue entre Daniel Lanois et Brian Eno qui n’est pas inintéressant mais il coupe le rythme de l’album. « Blue Bus » rappelle par certains côtés, notamment la steel guitar, le climat du film Trainspotting. C’est normal, Daniel Lanois est l’auteur de certaines tranches sonores du film. « Lovechild » est un très long et superbe morceau qui mérite à lui seul l’achat de l’album. L’atmosphère qui s’en dégage est tout simplement remarquable et le jeu de piano de Garth Hudson (The Band) l’est tout autant. La steel est aussi très bien à sa place et jouée de façon très nuancée. Le chant, symbolique, apparaît après cinq minutes.

Le chant de « Harry » est très différent et le tempo est plutôt lent mais c’est un climat de sérénité qui émerge. Ici, on entre dans le ventre mou de l’album. Le très court « Bells of Oaxaca » comporte un zeste de mystère et n’est pas d’un intérêt majeur. « This May Be The Last Time » évoque un gospel mais lui non plus n’est pas transcendant. « Smoke #6 » est aussi empreint de mystère mais son rythme syncopé le rend nettement plus intéressant et c’est aussi un des très bons morceaux de cet album.

« I Like That » est le chant fatigué d’un crooner en fin de nuit quand plus personne ou presque ne se hasarde sur la piste de danse. On hésite entre son caractère poignant ou son aspect désuet. « Duo Glide » est plus rythmé et semble onduler sur une vague, avec une guitare très présente. Ici aussi, on est un peu dans le style « Trainspotting ». Etonnamment beau et chanté avec beaucoup de feeling. « Bladesteel » se la joue très cool avec la steel guitar très en verve. Il en résulte une sorte de flottement hypnotique où règne un calme bienfaisant.

A côté de ça, « Moondog » ressemble à un coup de poing à l’estomac mais sans être exagérément agressif. Le chant est bon et l’accompagnement musclé. C’est à peu près le seul titre dans ce cas sur l’album mais il lui apporte du relief. « Sacred And Secular » débute par un autre dialogue entre Eno et Lanois. On assiste ensuite à un véritable festival de steel guitar au jeu ciselé, tout en finesse. Sans transition, « Joy » exprime des sentiments nettement plus positifs mais ne laissera pas de trace très longtemps. « Luna Samba » est plus jazzy et ce sont les percussions qui dominent.

Daniel Lanois excelle dans les atmosphères pleines d’émotions et s’est entouré de musiciens excellents. Malheureusement, l’album est inégal et le juger sans voir le film est nécessairement ingrat. Il existe une version de luxe qui comprend un CD, un DVD et un livret explicatif mais elle est tirée à 3000 exemplaires seulement et coûte très cher. Seuls les inconditionnels de Lanois voudront à tout prix en posséder une copie.

Pays: CA
Red Floor Records / Munich 0634457197428
Sortie: 2008/03/17

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