MIZUKAGAMI – Yugake
Fondée en 1997, cette formation japonaise originaire de Tokyo est dirigée par le claviériste Junya Anan, responsable ici de la totalité des compositions. En 2003, elle a publié un premier album, « Mizukagami », dans un registre Progressif Symphonique, typique des années 1980.
De ce que nous en entendons, et à de rares exceptions près, il faut bien admettre que les Japonais n’ont jamais beaucoup innové en matière de Musiques Progressives ou de Fusions. A côté de cela, ils abordent toujours ces sujets avec beaucoup de passion et de sérieux, ce qui les rend parfois crédibles et attrayants, même lorsqu’ils ont lourdement pompé dans les réservoirs du passé. Car, en plus, leurs interprètes déploient souvent de belles compétences techniques et leurs propres compositions font parfois pâlir d’envie les plus difficiles. Le son et la mise en place sont rarement négligés. Pourtant, tant que cette situation mixte, inconfortable, perdurera, ils éprouveront toujours d’énormes difficultés à percer en dehors de leurs îles. Et ce n’est pas ce nouvel opus qui le démentira, car nombre de caractéristiques décrites dans ce paragraphe sont ici aussi bien présentes.
Sur « Yugake », les instrumentistes sont remarquables, avec une palme spéciale pour le batteur, particulièrement impressionnant. Il navigue entre Corky Laing (Mountain, West, Bruce & Laing) et Carl Palmer (E.L.P., Asia). Son à-propos, sa dextérité et sa vitesse d’exécution stupéfiante amènent immédiatement une attention spécifique et constituent un atout indéniable chez Mizukagami. Les guitares et les claviers travaillent de concert, laissant la place à l’un ou à l’autre pour un solo toujours sans longueurs, bien placé dans la composition, bien tourné dans la réalisation, mais très classique dans la forme. La recherche de sonorités variées, chaudes et bien arrondies apparaît comme un objectif prioritaire dans le chef du claviériste. Le guitariste déborde plus volontiers, mais sans jamais vouloir vraiment « arracher » ou attirer l’attention plus que de raison sur sa personne. La flûte apporte finesse et apaisement. Le chant en langue Japonaise pourrait en crisper certains. La voix est jolie et limpide, mais manque de variétés. Elle devient monotone à la longue. En outre, ses interventions langoureuses calment parfois un peu trop le jeu des instrumentistes. Le timbre semble assez standard de ce que l’on aime au Pays du Soleil Levant. A mon sens, moins de chant ne nuirait pas. Quant aux six compositions proposées, elles ne déclenchent ni passion ni déplaisir. Elles sont équilibrées, de bonne facture et agréables.
En conclusion, « Yugake » devrait convenir aux amateurs de musiques Progressives millésimées « Eighties », sans surcharges ni longueurs excessives. Les fanatiques de batteurs spectaculaires devront absolument s’intéresser à ce fameux Keita Kamiyama.
Les titres (41’17) :
- « Yugake » (7’11)
- « Hanamizake » (9’51)
- « Yatagarasu » (4’58)
- « Riu » (7’23)
- « Tsukinokusa Tsuyunokusa » (2’54)
- « Ruten -Ame- » (9’00)
Le groupe :
- Tanaami Futaba : Flûte, Chant & Textes
- Junya Anan : Synthétiseurs, Orgue, Piano, Mellotron, Clavecin & Compositions
- Yasuo Asakura : Guitares, Lute & Mandoline
- Keiichi Yanagawa : Basse
- Keita Kamiyama : Batterie
Pays: JP
Musea FGBG 4749.AR / Poseidon PRF-045
Sortie: 2007/12
