SATANTANGO – Dice Not Included

Satantango est un groupe italien que l’on peut qualifier de nerveux sur le plan rythmique et de hargneux dans l’expression verbale. On ne risque pas de s’endormir ni même de s’assoupir en écoutant ce disque qualifié à tort de blues rock. Le groupe en est à son troisième album.

Le personnel comprend Massimo Audia et Luca Fusari à la guitare, Simone Curioni à la basse, Luca De Biasi à la batterie, Anna Poiani au chant et au theremin et Nando Piras aux percussions. Ce dernier manipule aussi des « objets ». La chanteuse rivalise d’agressivité avec ses musiciens mais elle est imbattable. Les mecs font ce qu’ils peuvent pour lui tenir tête mais elle a par moments des accents machiavéliques.

Parmi les titres les plus accrocheurs, relevons le convulsif « Nightmare The Beginning of the End », « Like A Match », qui a des airs d’allumage de cigarette par grand vent, « Delirium Tremens », le théâtral et le bien nommé, et « Agitated », qui se passe de commentaires. Tous relèvent de mouvements chaotiques sous un rythme compulsif qui génère une tension extrême. On découvrirait un lien de parenté entre Anna Poianni et Courtney Love qu’on ne serait pas autrement étonné mais la balance penche en faveur de la « diva latina ». Quel tempérament ! Siouxsie Sioux ne faisait pas mieux au temps de sa splendeur.

« Gold Fish / Silver Lake » est plus calme, comme si tout le monde devait recharger ses accus pour mieux repartir à l’abordage. Cela remue ferme sur « Brainstorming », un exercice qui n’est pas destiné aux lymphatiques. En effet, on est tout remué par ce rythme échevelé et cette ambiance de cacophonie organisée. Ces italiens ont vraiment le sang très chaud. Irrésistible caresse printanière ! C’est vraiment le sommet de l’album. Moins excité, « Silver Lake / Copper Moon » garde la cadence pour ne pas sombrer dans une fatigue bien légitime.

Mais ce serait mal connaître nos amis du sud. Ils repartent de plus belle sur « Take Up », un morceau moins brutal mais tout aussi décoiffant. « Light Another Cigarette » débute tout en douceur mais s’électrise sous l’impulsion d’une rythmique bien rodée qui reste « en dedans » pour cette fois. Le morceau ressemble plutôt à une musique pour convoi funèbre et se termine de façon abrupte. « Ruben » est un exercice de style, ou plutôt d’absence de style, tant le climat du morceau est chaotique. La chanteuse n’a d’ailleurs pas fini de réserver un sort funeste à son micro et ce n’est pas « Red Tears » qui va s’en charger. Ici, c’est le rock qui est roi. Le morceau semble s’énerver au fur et à mesure de son déroulement mais ça reste dans des limites acceptables.

Atypique, mélange de rock, de punk, d’expérimental et de heavy metal, cet album fait tout pour se faire remarquer et y réussit par sa hargne du début. On y sent l’influence décoiffante de Captain Beefheart, Can et Pere Ubu. Bon album d’un groupe qui en veut.

Pays: IT
Wallace Records / Mandaï Distribution Wal90
Sortie: 2007