RUSTY ROOTS – Electrified

Le groupe Rusty Roots (de Peer, dans le Limbourg) a déjà un album « swing West Coast » à son actif : « 100 Miles », sorti en 2005. Ici, l’oeuvre s’apparente plutôt à un blues teinté de soul. Quand on sait que le groupe apprécie Junior Wells, Lowell Fulson, Big Joe Turner ou encore Louis Jordan, on ne s’en étonnera pas.

Alors qu’« Electrified » est un blues mid tempo avec des improvisations bien inspirées sur un rythme à la fois funky par ses percussions et jazzy par les autres instruments, « It’s Yours To Spend » se cantonne plutôt dans la musique soul avec un Hammond B3 utilisé à bon escient par J.J. Louis, le nouveau membre du groupe. Malgré les différences de style, les deux morceaux sont des compositions de Rusty Roots, tandis que « I Found My Soul Last Night » est aussi une composition à dominante soul de Milton Bland et Louise Brown. On se rend immédiatement compte de la qualité des musiciens et de la variété de la musique, qui assimile et intègre plusieurs genres, avec par moments des accents mélangés de sons qui rappellent Motown et Stax.

Rusty Roots signe aussi « Can You Dig It », un blues teinté de soul rempli d’émotion dans la voix, jamais agressive, et « Don’t Cry No More » est une composition bluesy lancinante de Deadric Malone, dont le vrai nom est Don Rovey, le propriétaire des labels Duke et Peacock. Le Hammond B3 et la batterie y sont particulièrement bien mis en évidence par la production impeccable de Marc Thijs. « Cut Back On Love » est une autre composition des Rusty Roots. Ils y mêlent des accents boogie, blues et funk de maîtresse façon pour en faire un swing West Coast où le Hammond B3 se distingue. C’est de la belle ouvrage.

Suit « Come Back Baby » de Walter Jacobs, un blues classique irrésistible qui met en lumière le jeu de guitare et le rythme implacable. Suivent deux compositions des Rusty Roots, « Fingerlickin’ Good » et « On Top Of The World ». Le premier comporte un caractère soul prononcé créé par la batterie et l’orgue tandis que l’autre est un funky soul remuant et dansant sur un son Stax plus vrai que nature, avec là aussi un Hammond bien mis en valeur.

« Hidden Charms » est une composition moins connue de Willie Dixon mais elle swingue comme ce n’est pas possible. Cette fois, ce sont la guitare et la basse qui se montrent à leur avantage, toujours bien soutenues par des percussions métronomiques. Les deux autres titres sont signés par des Rusty Roots décidément en verve. « Two-Timing Woman » est un titre soul dont les sentiments sont les éléments essentiels, tandis que « I’ve Grown » s’inscrit dans une logique blues lent avec des racines bien marquées, où la voix se met en évidence.

Toutes proportions gardées, Naked Productions, c’est un peu le Fat Possum belge. Malgré l’absence de moyens importants, la firme se tire d’affaire avec brio. Les groupes belges sont sélectionnés avec soin par la firme comme TEE, qui a sorti « Lights On » en 2004. Ils sont les garants de la perpétuation d’une musique de grande qualité trop souvent laissée de côté au profit de certaines productions actuelles où la recherche du profit tient lieu de seul credo. Très bon album impeccablement produit.

Pays: BE
Naked Productions / Bertus NP012
Sortie: 2008/02/25