VANHAMEL, Tim – Welcome To The Blue House
Comme beaucoup d’artistes, Tim Vanhamel s’efforce de ne jamais faire deux fois la même chose et il a voulu faire un album différent de ce qu’il a fait avec Evil Superstars, dEUS, Millionaire ou Eagles Of Death Metal. Cet album est plus personnel et il veut y donner les différentes facettes de sa personnalité. Il y parle de musique, bien sûr, mais aussi de ce qui se passe dans le monde actuel et des relations entre les personnes. Ici, il joue de pratiquement tous les instruments mais il reçoit l’aide de Luuk Cox pour les percussions et de Reinhard Vanbergen pour les arrangements des cordes. L’album a été enregistré à Waimes par Philippe Goris et il est produit par Luuk Cox.
Au lieu de faire des études supérieures comme le voulait sa mère, Tim Vanhamel aurait préféré faire des études artistiques. Mais on peut le rassurer : du point de vue de la créativité, il n’est pas parmi les mal lotis. Cet album, même s’il le destinait à Millionaire, Tim l’a conçu seul dans sa chambre pendant une période confuse de sa vie, après que sa petite amie l’eût quitté. Parfois, Tim voudrait vivre une vie comme tout le monde ; il lui arrive de rester des mois loin de son amie et il n’est pas étonnant qu’elle en ait eu marre.
Au cours de ces deux dernières années, il a composé des morceaux assez disparates. Pourtant, l’album est construit comme un concept album. Il reflète les différents états d’âme du musicien en proie à une période de doute. C’est le lot de ceux à qui tout réussit : au moindre échec, ils sont perdus. Cet album, Tim voulait l’appeler « Kiss me … I’m dead » mais il a fini par trouver ça lugubre. Le climat de l’album va de la douceur feutrée à une violence contenue. L’intro classique de la section de cordes de « Until I Find You » déroute mais elle est suivie d’une débauche de guitare aussi surprenante après cette intro qui laissait penser le contraire. Tim Vanhamel aime cultiver le paradoxe.
Sur cet album, on parle notamment des problèmes de couples et d’amour et il égrène ses états d’âme, assez désemparé. Sur « Living The Way You Should », les harmonies vocales sont très belles et sa créativité à fleur de peau trouve l’occasion de s’exprimer. Mais il se comporte en singer / songwriter et ça lui permet de voir les choses avec beaucoup de lucidité et un certain recul. « Red River » est plus musclé mais de nouveau, les parties vocales sont particulièrement soignées et la musique est de première qualité. C’est sans conteste un des très bons morceaux de l’album.
« Sometimes I Wanna Run » est un autre morceau qui comporte une mélodie pop de premier plan et sa façon de composer et de jouer de la guitare se marient parfaitement. Cela contribue bien sûr à la réussite de cet album qui tranche avec ses productions passées. La seule comparaison qui vient en tête est Black Rebel Motorcycle Club mais sur un ou deux titres seulement. « Tell Me » est une composition qui génère le calme et est propice à l’introspection. De nouveau, Tim est déboussolé et l’exprimer relève sans doute d’une démarche thérapeutique.
Les riffs de guitare qui annoncent « It’s Not The Drug » sont hypnotiques à souhait pour ce titre qui ne s’inscrit pas réellement dans le style de l’album et ressemble plus à ce qu’il a fait avec Eagles of Death Metal mais avec la différence qu’il n’a pas le support des grands formats du groupe américain. Ce n’est pas nécessairement un mal. « Which Of Us » est un peu du même acabit et sa voix se transforme pour les besoins de ce morceau sombre et qui comporte un aspect expérimental, avec les distorsions d’une guitare qui ne demande qu’à se déchaîner. Remarquable !
« Take Me Home » est un morceau plus intimiste malgré la guitare et des percussions assez musclées mais le son de la voix s’étouffe comme pour mieux convaincre. « Saviour » est un autre morceau down tempo qui mérite des éloges. Il y parle d’amitié sur une magnifique mélodie pop et la voix se fait cajoleuse pour mieux séduire. « Like A Fire » est un titre enjoué qui met en valeur la basse et la guitare acoustique avant de laisser place aux cordes arrangées par Vanbergen.
C’est sur la pointe des pieds que démarre « A Return To Love », une ballade calme qui constitue une diversion avant le morceau final. Celui-ci, « Garden Of Weeds », débute tout en douceur mais dure environ quatre minutes avant de se transformer en torrent de notes puis en un blanc d’une minute avant de céder la place à un titre fantôme expérimental de trois minutes qui se termine en apothéose.
Très bon album varié d’une heure qui par moments frise l’humour au départ d’une situation dramatique. C’est le propre des grands artistes de transcender leur douleur en lui donnant une apparence supportable.
Pays: BE
Loud Tongues Recordings / PiaS LT001
Sortie: 2008/02/04