ETERNAL WANDERERS – The Door to a Parallel World
Actives depuis 1997 sur la scène moscovite, les sœurs Kanevskaya n’ont élargi leur duo familial qu’en 2006. Avec l’adjonction d’un bassiste et d’un batteur, Eternal Wanderers est alors devenu un groupe à part entière.
« The Door to a Parallel World » peut être considéré comme leur premier album, même si le duo originel avait déjà réalisé quelques enregistrements d’envergure plus modeste, dont une démo en 2000. Cette longue attente n’aura pas été veine, car ce disque est une totale réussite, un petit chef-d’œuvre même, chatoyant, passionnant et sans faiblesse, dans lequel Eternal Wanderers parvient à se mouvoir avec goût dans différents styles de musiques, avec un sens inné de la mélodie, du rythme et, ce qui est plus rare, du rebond. Les deux titres uniquement instrumentaux n’ont rien à envier aux cinq autres et permettent d’exprimer la facette la plus Progressive du quatuor.
A l’écoute, on comprend aisément que les sœurs Kanevskaya aient pu si longtemps se contenter d’une formation en duo. En effet, elles se complètent à merveille. Aux claviers, Elena incarne la douceur et la légèreté. Elle travaille beaucoup à l’enrobage des morceaux et aux atmosphères qu’elles aiment aussi flottantes. Cela ne l’empêche pas de déployer une virtuosité bien réelle dans certaines parties plus instrumentales. Au chant, elle fait merveille avec une voix qui croise entre Linda de Suza et Linda Rondstadt, tant dans le ton que dans la force, avec un fond original de colorations orientales. Elle en exploite le potentiel avec talent, sans rechercher l’effet vocal spectaculaire. Avec sa sœur Tatyana aux guitares, on entre dans un autre registre. Cette dernière représente l’eau et le feu. Son jeu peut être délicat et subtil, mais aussi puissant, tranchant et agressif. Parmi ces influences majeures, elle cite Steve Morse (Dixie Dregs, Kansas, Deep Purple, …), Steve Howe (Yes, Asia), Steve Vai et Joe Satriani. Sans conteste, il y a de tout cela, mais aussi beaucoup du merveilleux guitariste tout terrain de Jethro Tull, Martin Barre.
D’ailleurs, dans la diversité de ses quarante ans de carrière et dans cette capacité à changer de genre, Jethro Tull apparaît ici comme la référence la plus évidente et la plus fréquente, même s’il faut aussi nommer Yes, dans les années 1970, Steve Howe et Geoff Downes, et ma grande découverte de 2007, Fromuz (voir chronique). On retrouve ici du Progressif pur jus, du Psychédélique, du Folk (Ethnique, Oriental), du Hard, et j’en passe, avec, de surcroît, un don pour créer la mélodie mémorable.
Pour terminer, il faut signaler l’excellente tenue des nouveaux venus à la basse et aux percussions. Leurs interventions s’intègrent efficacement et sans complexe dans la musique du duo de base. Dans « No Way Back », leur jeu éblouissant et spectaculaire aide les deux demoiselles à faire de cette pièce un petit chef-d’œuvre.
En conclusion, un grand album à découvrir à tout prix.
Les titres (52’55) :
- « How Long I’d Been Facing the Dark » (8’10)
- « The Door to a Parallel World » (7’46)
- « Ride without End » (4’22)
- « Too Close to Heavens » (7’21)
- « No Way Back » (5’49)
- « Visions of a Lost World » (11’46)
- « Revival » (7’41)
Le groupe :
- Elena Kanevskaya : Claviers, Chant (1, 3, 4, 5, 7) & Compositions
- Tatyana Kanevskaya : Guitares, Chœurs, Basse (4) & Compositions
- Dmitry Shtatnov : Basse & Chœurs
- Sergey Nikonorov : Batterie
- Sergey Alyamkin : Batterie (5)
Pays: RU
MALS Ltd – MALS 262
Sortie: 2008/02