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NITS (The) – Doing The Dishes

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Les Nits se sont formés à Amsterdam. Ils ont plus de 30 ans de carrière mais ils semblent s’amuser comme au premier jour. Au début, ils ont imité les Beatles et les Talking Heads. Plus tard, ils ont voulu ignorer les modes et c’est à ce moment qu’ils ont fait leur meilleure musique sans jamais avoir pris pour cible le grand public. Ils ont pris exemple sur Leonard Cohen et Elvis Costello. Le présent album est un très bon cru et il mélange la pop, le rock et le folk.

Henk Hofstede (chant, guitare) et Rob Kloet (percussions) sont les rescapés de la formation d’origine. Robert Jan Stips (claviers) est venu les rejoindre un peu plus tard mais il a quitté le groupe plusieurs fois pour y revenir un peu plus tard. C’est la symbiose entre ces trois lascars qui est à la base de leur succès mais l’ingé son Paul Terman est aussi un artisan de la qualité pendant leur longue carrière.

Sur « No Man’s Land », les Nits réalisent l’exploit d’associer dans un même morceau la reine des Pays-Bas, les magnats du pétrole, les vastes plaines de Verdun, Elvis Presley, Elena Ceaucescu et même Louis XIV en évoquant la guerre, incompatible avec les aspirations humaines. Sur « Toe In The Water », ils font preuve d’humour sur un folk rock poétique plein d’invention où la voix de Hofstede se prête à tous les registres. Le folk rock « The Great Caruso », qui met en scène le grand ténor, appartient aussi au genre humoristique assez caustique.

Sans avoir l’air d’y toucher, « The Flowers » évoque la mort des soldats en Afghanistan. « In Dutch Fields » est extrait du poème « In Flanders Fields » (1915) de John McCrae. Il nous dit que les fleurs poussent entre les tombes de la grande guerre. On peut y voir de la part des hommes un message d’espoir ou un dramatique oubli de l’histoire.

« Five & Dime » est un très bon rock qui semble secouer les auditeurs, comme pour leur faire comprendre qu’ils doivent se réveiller et regarder les choses à travers le regard d’une mère. Avec ses gouttes de sang qui tombent dans la neige, « Lenin And The Wounded Angel » est un folk rock qui fait penser à Bob Dylan, tant par la voix que par le propos, tandis que « Cowboys & Indians » évoque d’autres époques, d’autres combats sur un ton mélancolique. Barbarie, quand tu nous tiens…

« I’m A Fly » s’égrène comme une litanie sur un rythme monotone alors que « Mrs. Sunlight » est un rêve que fait le soldat sur son lit d’hôpital pour tenter d’atténuer ses souffrances, plus morales que physiques. « Moon Dog » est aussi l’expression poétique d’un rêve de bonheur loin de la condition présente. Sur un rythme assez neutre et répétitif, « Heart » évoque les différents états d’âme que l’on éprouve selon les circonstances et l’état d’esprit du moment.

Sur un air et un rythme faussement enjoués, « Yesterday » est en réalité une réflexion amère sur la situation présente et c’est la tristesse qui prédomine. Le crime paie, nous dit Hofstede. « Grrr…To You » est un rêve d’évasion qui prend la forme d’un chant d’amour mais se termine par une frustration intense que l’on attribue injustement à l’être aimé. On finit par lui reprocher de ne pas partager son propre sort. « The Twins » est un boogie échevelé qui parle des réjouissances d’antan, quand tout le monde était jeune et que tout le monde s’amusait. Tous ces jeunes gens ont perdu la vie à la guerre et celui qui reste a sa vie gâchée. Passé et présent se mêlent comme dans un rêve pour démontrer l’absurdité de la guerre.

Réquisitoire contre la guerre, ce très bon album sombre nous rappelle des vérités essentielles. Les gouvernants décident mais c’est nous qui payons les pots cassés. Sur le plan musical, l’album nous fait passer par des sentiments divers. Tantôt faussement enjoué, tantôt triste, tantôt lucide, il nous rappelle la fragilité des choses et nous enjoint de profiter des bons moments de la vie.

Pays: NL
Werf Records / SONY BMG 88697224402
Sortie: 2008/01/21

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