VAUGHAN, Stevie Ray & FRIENDS – Solos, Sessions & Encores
Rédiger la chronique de l’œuvre d’une personne disparue est toujours un peu ambigu. On a l’impression de faire du fric sur son dos, en tout cas de participer à quelque chose d’immoral. Dans le cas présent, on a heureusement aussi l’impression de rendre justice à un grand talent d’innovateur qui a su se plier à l’exécution de styles très variés, même si ce sont principalement le blues et le rock qui sont mis en valeur à travers lui.
Parmi les morceaux présents sur cet album, six sont inédits. Les autres ont généralement fait l’objet de sessions avec d’autres musiciens. C’est le cas de « The Sky Is Crying », un blues composé par Elmore James joué en concert avec des pointures comme Albert King, B.B. King et Paul Butterfield, avec qui il est en parfaite symbiose tout au long du morceau.
« Soulful Dress » a été enregistré avec Marcia Ball en 1984. Celle-ci remplit parfaitement son rôle, tant au piano qu’au chant. Ce qui frappe, c’est la grande faculté d’adaptation de Stevie Ray Vaughan. Quel que soit le style, il parvient à tirer son épingle du jeu. Ici, les cuivres sont bien présents mais il n’en est pas gêné le moins du monde.
Sur « Don’t Stop By The Creek, Boy », le rythme est très rock mais ça ne le dérange pas non plus. Son style de jeu très personnel se prête à toutes les subtilités des compositions. Ici, l’auteur et chanteur est Johnny Copeland, excellent de bout en bout. « Miami Strut » est un morceau funky instrumental qui comprend A.C. Reed au saxophone. « Na-Na-Ne-Na-Nay » est un morceau extrait de l’album « Loaded Dice » de Bill Carter sorti en 1988.
« Goin’ Down » a été joué en direct à la Convention de Honolulu en 1984, avec notamment Jeff Beck à la guitare. Les passes d’armes entre les deux virtuoses de la gratte figurent parmi les grands moments de cet album. Stevie Ray Vaughan, comme Jeff Beck d’ailleurs, y démontre sa dextérité exceptionnelle. « Oreo Cookie Blues » est un long blues inédit joué en direct avec Lonnie Mack, un artiste très respecté par Stevie Ray Vaughan. Cela se passait au Fox Theatre d’Atlanta en décembre 1986. On peut y admirer mieux que jamais le style unique de Vaughan à la guitare. Le morceau se termine sous les ovations du public.
Boosté par le piano de Katie Webster, « On The Run » est un autre titre inédit joué avec la pianiste/chanteuse Katie Webster au New Orleans Jazz Festival en 1988. Ouh, c’est très chaud ! Composé par Stevie Ray Vaughan et Albert Collins, « Albert’s Shuffle » est un autre morceau inédit joué en direct au New Orleans Jazz Festival en 1988 mais cette fois avec l’immense guitariste Albert Collins. Ici aussi, on assiste à des passes d’armes d’anthologie.
Cette fois, c’est en duo avec son frère aîné Jimmie que Stevie Ray interprète « Change It », un autre inédit, une composition de Doyle Bramhall, lors d’un concert télévisé, le Saturday Night Live, où apparaissait le formidable Double Trouble. Le document n’en a que plus de prix. Ici aussi, on sent une rivalité qui débouche sur l’excellence. C’est la chanteuse de blues Lou Ann Barton, une texane comme lui, que Stevie Ray Vaughan accompagne sur « You Can Have My Husband », un inédit. Il y donne une nouvelle preuve de son savoir-faire loin au dessus de la moyenne.
« Texas Flood » est un autre blues inédit joué en live avec cette fois Bonnie Raitt, qui chante et joue de la slide. « Pipeline », le chef-d’œuvre des Chantays, est un titre extrait de la bande sonore de Back To The Beach, avec Dick Dale. Enfin, pour terminer en beauté et surprendre tout le monde, Stevie Ray Vaughan accompagne David Bowie sur « Let’s Dance », le succès bien connu du Thin White Duke. Il s’y montre à son avantage comme chaque fois.
Même si Stevie Ray Vaughan n’y est pas toujours inspiré comme à ses meilleurs jours, cet album est digne d’intérêt. Il prêtait volontiers son talent aux amis qui le sollicitaient et n’était jamais avare de ses prestations. Sa mort a laissé un grand vide.
Pays: US
Epic / Sony BMG 82876872312
Sortie: 2008/01/14