SHAM 69 – Western Culture
Le groupe vient du quartier populaire de Hersham et son nom vient d’un morceau de graffiti sur un mur après que l’équipe locale ait gagné le championnat de foot en 1969. Retrouver Sham 69 après toutes ces années est un réel plaisir. Il aurait été plus grand encore si Jimmy Pursey avait été là. Il était l’âme du groupe et son compositeur principal. De tous les groupes « punk » anglais, c’était le plus authentique et le plus subversif.
Contrairement au Clash et aux Sex Pistols, ses membres étaient de vrais prolos. Ils étaient jeunes et voulaient changer le monde. Ils n’ont d’ailleurs jamais cessé de militer même si le personnel a bien changé. Des membres fondateurs, seul subsiste Dan Parsons mais sur le plan musical, le groupe tire son épingle du jeu. Sur le plan de l’engagement politique, c’est un peu différent. On ne retrouve pas l’esprit de la lutte des classes présent chez Pursey même si la critique de la société occidentale est bien là.
Après son son chef-d’œuvre « Tell Us The Truth » en 1978, le groupe s’est séparé après la courte première vague « punk » parce que ses prestations scéniques généraient des émeutes. Il espérait changer le monde mais il faut bien plus que les activités musicales d’un groupe « punk » pour faire changer l’establishment. Il s’est de nouveau réuni en 1987 mais il y a eu des hauts et des bas. Il vient quand même de sortir plusieurs albums coup sur coup.
L’album « Western Culture » débute en force avec « Asbo Sports Day », un brûlot de trois minutes où la rythmique s’en donne à cœur joie. Le groupe n’a rien perdu de son discours acerbe et sa musique est plutôt meilleure qu’avant. C’est d’ailleurs plus du rock que du « punk » ici. « No Apologies » est aussi un rock incisif mais cette fois dominé par les guitares. Si Tim V se défend pas mal au chant, il n’a ni le charisme ni le profil très engagé de Pursey. On ne peut tout avoir.
« Western Culture » est un punk bien joué et chanté avec fougue, comme pour faire oublier l’ancien Sham 69. « Medic » est un peu dans le même style mais il est plus vindicatif. « Here Come The Lies » est aussi une sorte de brûlot politique mais qui n’a plus la profondeur d’antan. Comme le titre suivant, « Hollywood Hero », « I Want Glory » est un pastiche de la vie superficielle qui règne sans partage dans la société occidentale. Malheur à celui qui veut se singulariser : c’est l’exclusion du groupe assurée.
Les autres morceaux se rattachent tous plus ou moins à la même logique sauf « I Love Her » qui se distingue par son thème plus personnel. Ils sont de bonne qualité mais n’ont pas le dash dont faisait preuve Jimmy Pursey tout en appartenant au même esprit « punk » qu’auparavant : être contre. C’est un peu réducteur. C’est un bon album mais il aurait été bien meilleur si Pursey n’avait pas décidé de quitter le groupe pour ne plus devoir partir en tournée. Etre un leader charismatique n’est pas donné à tout le monde.
Pays: GB
Bad Dog Records / Sonic Rendezvous 42
Sortie: 2007/11/26