ANGE – Souffleurs de vers
Après « ?« sorti en 2005, le légendaire groupe rock français Ange revient avec ce nouvel album studio. L’équipe est inchangée et Christian Décamps joue toujours aussi bien avec les mots. Ce « Souffleurs de vers » est d’ailleurs critique sur le monde actuel avec un engagement plus fort que précédemment. Peut-être faut-il remonter à l’album « Fou » pour ressentir la même implication du père Décamps dans ce qui se passe autour de nous.
Il faut aussi relever le luxueux packaging illustré par l’incontournable Phil Umbdenstock. Le livret de 24 pages contient les paroles, un point très important quand on connaît la richesse de celles de Christian avec ses nombreux jeux de mots.
L’album démarre avec le très puissant « Tous les boomerangs du monde ». Ange y développe un rock dur, presque heavy même, pour ce passage en revue d’une actualité souvent brûlante. « Les écluses » est baigné de mélancolie, les arrangements impriment une ambiance tendue. « Dieu est un escroc » fait la critique des terroristes qui frappent aveuglément touchant le plus souvent des pauvres civils qui n’ont rien à voir avec « leur cause ». La comparaison avec le Moyen-Âge n’est pas usurpée car dans certains endroits du monde ou dans la tête de certains on s’y croirait encore. C’est vrai que le chimpanzé est plus civilisé que l’homme qui ressemble finalement plus à un virus. Pas rose tout ça mais bien réel.
« Nouvelles du ciel » est superbement chanté par le fiston, Tristan Décamps. C’est qu’il a une fameuse voix ce gars-là. Nous avions pu le remarquer sur le récent live « Zénith an II« où il reprenait « Le bal des Laze ». Christian nous récite une de ses réflexions avec le court « Interlude ». Sur « Où vont les escargots ? », il bave de plaisir dans ce monde où tout expire. Le ton est parfois arabisant.
Caroline Crozat n’est plus la petite dernière au sein de la confrérie depuis que le batteur Benoît Cazzulini est arrivé. Elle prend à son compte « Coupée en deux », un titre très sexe comme Christian les aime, nous chuchotant son histoire avec sensualité. La guitare de Hassan Hajdi joue elle aussi sur notre corde sensible. L’hypnotique « Les beaux restes » se penche sur ce qu’il nous reste. Il nous captive et la rythmique imprimée n’est pas pour rien dans ce résultat. La basse de Thierry Sidhoum gronde aux côtés de la batterie.
« Souffleurs de vers » est la pièce maîtresse, près de 20 minutes dont le décor est d’abord planté par Caroline la narratrice. C’est la fin du monde qui nous est contée. Le corps du morceau est puissant, une composition variée aux breaks nombreux dont le final est digne du Pink Floyd de « Atom Heart Mother ». On y trouvera aussi un passage dont l’ambiance rappelle le fameux « Atlantis » de l’album « Par les fils de Mandrin ». Tout cela déclenchera d’énormes frissons le long de la moelle épinière des fans d’antan. L’album se terminera gentiment avec une chanson d’amour, « Journal intime ».
Ce « Souffleurs de vers » est sans doute un des albums studio de Ange le plus abouti depuis la « 3ème étoile à gauche » alors sortie sous le nom Christian Décamps & Fils. Les fans vont adorer cette belle réussite.
Pays: FR
Art disto 3128532
Sortie: 2007/11/19