NAIM, Yael – Yael Naim
Même si elle chante parfois en hébreu ou en anglais, Yael Naim vit depuis quelques années à Paris. Après un premier opus non couronné de succès, elle a fini par douter d’elle-même en composant les titres de son nouvel album. Par chance, elle a rencontré en David Donatien un homme capable de l’aider. C’est un percussionniste antillais, un musicien qui peut jouer de plusieurs instruments et un arrangeur hors pair. Ensemble, ils ont travaillé pendant des mois pour mener à bien ce projet. Quel que soit le succès de cette entreprise, sa très belle voix constitue son principal atout avec son talent de compositrice et la délicatesse de ses chansons folk ou pop.
Le premier morceau chanté en hébreu, « Paris », dont la mélodie fait parfois penser à Carla Bruni et Keren Ann, est remplie de douceur et de mélancolie. Elle se dit heureuse mais parfois, elle pleure, nous dit-elle. Serait-ce une manifestation particulière de l’éternel féminin ? En tout cas, son propos séduit par la qualité de ses textes limpides ciselés en fonction de ses états d’âme. Le rythme de « Too Long » est un peu plus soutenu mais il est aussi empreint de beaucoup de gentillesse et de convivialité.
« New Soul » est plutôt folk et le rythme de ce morceau est un peu déroutant mais il est suffisamment varié pour séduire. Les chœurs sont très bons et l’ensemble séduit. « Levater » est un peu plus triste et son rythme lent y ajoute une certaine dramatisation. On y sent une conviction mêlée d’un sentiment de frustration. L’orchestration de « Shelcha » est nettement plus majestueuse mais la douceur reste le sentiment principal. Elle module une voix très souple en fonction des circonstances. Ici, c’est un amour sans espoir qu’elle décrit.
Le jeu de piano de « Lonely » est magnifique et plein d’émotion, comme le morceau qu’il accompagne, et les arrangements des cordes sont de toute beauté. De nouveau, la variété du timbre de sa voix donne l’étendue de son talent vocal. C’est sans conteste le morceau le plus beau de l’album. Il exprime la tristesse engendrée par la séparation. Le début de « Far Far » est enjoué mais on verse rapidement dans une gravité que justifie son sujet. Elle y parle d’une petite fille qui poursuit ses rêves mais ne peut les réaliser qu’en acceptant ses propres contradictions. « Yashanti » est un titre onirique qui mêle la nostalgie et le doute. Elle y module sa voix avec souplesse et talent.
« 7 Baboker » est un peu plus rapide mais son atmosphère reste très feutrée et sa voix survole des instruments acoustiques très bien joués. L’onirique « Lachlom » véhicule une sorte de langueur empreinte de sensibilité. « Toxic » est un morceau chanté avec beaucoup de douceur et « Pachad » est un mélange issu de sa formation jazz et classique qu’elle combine avec grâce et talent. « Endless Song Of Happiness » est enfin un morceau plus joyeux et optimiste qui contraste avec le climat général. Elle y exprime son bonheur et sa joie de vivre.
Sur cet album minimaliste, limpide et très personnel, accompagnée par un groupe qui lui est entièrement dévoué, Yael Naim tente d’intégrer ses contradictions et ses multiples sources d’inspiration venant de la musique classique, du jazz, de la pop ou du folk. Elle réussit à sortir un album varié, tout en simplicité, en douceur et en nostalgie qui se termine par l’espoir d’une vie meilleure.
Pays: IL
Tôt ou Tard autoproduction
Sortie: 2007/10/22