KING KHAN & THE SHRINES – What Is?!

King Khan est un indien venant du Canada mais il vit maintenant à Berlin. On l’appelle parfois le nouveau James Brown. C’est dire s’il a le sens du rythme. Sa musique exubérante à dominante funk soul est très variée, avec juste ce qu’il faut de psychédélique pour être dans l’air du temps. Il chante et se comporte parfois comme un possédé et on l’appelle aussi The Tigerman. On ne s’étonne donc pas qu’il soit encore meilleur en concert que sur disque, même si dans le genre ses compositions sont excellentes. Il est surtout un showman hors norme mais son chant est d’un bon niveau. C’est la personnalité en vue du combo.

La musique de cet album est fort basée sur l’utilisation d’une section de cuivres mais aussi sur les claviers joués par Fredovitch, un français de Bordeaux qui chante aussi « Le fils de Jacques Dutronc ». Mais « (How Can I Keep You) Outta Harms Way » débute par des riffs qui font penser à « Satisfaction » des Rolling Stones. Il faut oser ! Le reste du morceau est un peu à l’avenant mais c’est nettement moins flagrant.

« I Wanna Be a Girl » est plus pop et pour une fois les guitares sont omniprésentes. Plus funky, « Welfare Bread » est fort différent et ici, les cuivres entrent en scène. Les chœurs sont bien étoffés comme le genre le demande. A part le plagiat de départ du premier titre, on se rend vite compte que les compositions de King Khan tiennent la route et qu’elles sont très variées. « Land of the Freak » est un morceau soul qui déménage grave. Ici aussi, les cuivres s’en donnent à cœur joie et c’est un morceau idéal pour la danse. Mais quel punch !

« I See Lights » fait aussi partie des morceaux funky qui foisonnent sur cet album. Il est vrai que pour le rythme, il ressemble à James Brown. On l’imagine sans peine en train de danser sur scène. Il est d’ailleurs difficile de rester en place en entendant ce morceau bourré de dynamite. « 69 Faces of Love » est plus jazzy mais les cuivres restent omniprésents avec les percussions. On s’aperçoit que les Shrines ne sont pas manchots et que les cuivres sont également très bien joués.

« No Regrets » ressemble plus à un vieux rock genre Little Richard, avec un martèlement des notes du piano qui décoiffe. On imagine ce que ça doit donner en public, en rappel, devant une salle déchaînée. « Cosmic Serenade » commence comme un numéro de cirque, avec battements de tambour. Le reste est très psychédélique, limite expérimental, avec des cuivres survoltés. Nous avons parlé du morceau « Le fils de Jacques Dutronc », un pastiche du chanteur, à peine plus calme et chanté en français avec forcément un zeste d’humour.

Le très sautillant « Let Me Holler » est beaucoup plus funky et dansant et il frétille de partout pour le plus grand plaisir des amateurs de danse. Cela rappelle Kid Creole & The Coconuts, qui ont connu leur heure de gloire au cours des années 80. « In Your Grave » est du même tonneau mais en plus rock, avec des guitares qui prennent leur revanche pour être restées trop longtemps dans l’ombre. Le jazzy « Take a Little Bit » est tout aussi rythmé, avec des élans psychédéliques, où l’orgue est bien mis en valeur. Le chanteur y donne sa pleine mesure et justifie largement son surnom de Tigerman.

« Fear & Love » est un titre bizarre, limite menaçant. Il faut savoir que l’animal a fait partie d’un groupe de hardcore. On y évoque les clichés habituels et par moments, le rythme s’accélère de plus en plus. Mais quel rythme ! Comment résister ? « The Ballad of Lady Godiva » est un morceau psychédélique hypnotique qui calme le jeu et fait pendant aux autres. Les changements de rythme, le chant et les percussions y sont les éléments essentiels.

L’album « What Is?! » est un tout cohérent malgré la variété des morceaux. On dirait presque une vitrine où on étale les qualités de ce personnage haut en couleurs. Il semble avoir plusieurs personnalités et excelle pratiquement dans tous les genres. A chaque fois, il fait un malheur sur scène. Malheureusement, sa tournée ne passe pas par la Belgique.

Pays: CA
Hazelwood Indigo Haz 048
Sortie: 2007/07/16