HOOVERPHONIC – The President of the LSD Golf Club
Hooverphonic tourne le dos à dix années d’existence. Contrairement à « Sit Down and Listen to Hooverphonic » (2003) et « No More Sweet Music » (2005), les albums qui ont fait l’objet d’une chronique, cet album se passe presque complètement d’électronique pour se réfugier dans le style psychédélique des années soixante avec des méthodes et des instruments d’époque.
Ce postulat de départ engendre des contraintes et le groupe a dû travailler autrement. Le résultat est un album intimiste enregistré comme un concert, avec de vrais musiciens qui jouent en même temps plutôt que des samples pris à gauche et à droite et programmés par ordinateur. Seule la voix a été ajoutée après. Moins souvent mise en évidence, elle se fond plus que d’habitude dans l’ensemble. De plus, les titres qui auraient pu figurer au hit parade ont été retirés de l’album pour qu’il soit plus homogène.
On met donc un peu plus de temps que d’habitude pour l’aimer mais il se glisse adroitement dans le subconscient sans que l’on s’en aperçoive. « Stranger », hypnotique, démarre un peu lourdement avec la répétition de la même phrase musicale mais lorsque ça débouche sur une mélodie attrayante, on s’aperçoit de la richesse de la musique et on voit le morceau autrement.
Les curiosités de « 50 Watt » résident dans la présence de la voix de Alex Callier et dans l’utilisation d’un piano préparé. Pour une fois, la voix de Geike Arnaert est plus grave, aussi. Pour le reste, on retrouve le même sens de la mélodie que d’habitude. « Expedition Impossible » comprend un orgue Farfisa qui rappelle les Doors, avec en prime la voix accrocheuse. On ne risque pas de l’oublier.
On retrouve le piano préparé sur « Circles », un morceau qui démarre lentement et se déroule tranquille mais avec un fond de tristesse et de désenchantement. On retrouve ainsi le Hooverphonic des premiers albums mais sans le concours de l’électronique. Avec le mellotron en vedette, « Gentle Storm » reprend le thème de « 50 Watt » pour le triturer et l’enrichir, toujours avec l’émotion que dégage la voix. C’est le clavecin qui introduit « The Eclipse Song ». C’est un instrument assez peu utilisé qui prend toute son ampleur sur ce titre mélodieux à souhait.
« Billie » est aussi un titre qui met bien en évidence le travail vocal de Geike Arnaert, tantôt doux, tantôt plus volontaire mais toujours empreint d’émotion contenue qui empêche de tomber dans la mièvrerie. « Black Marble Tiles » est un morceau plus sombre qui comporte aussi un très beau passage au mellotron et permet à la voix de s’exprimer avec son talent habituel.
« Strictly Out Of Phase » est aussi un morceau qui comporte un passage au mellotron mais qui contient comme une menace latente. C’est presque trop tranquille pour être vrai. « Bohemian Laughter » contient les mêmes ingrédients menaçants sur une mélodie en apparence tranquille. La voix devient bizarre et le climat du morceau n’augure rien de bon. Soudain, la voix devient plus agressive, comme sous influence, et le ton se durcit, pour retomber ensuite vers la fin.
Cet album, produit par Mike Butcher, enregistré en 11 jours dans les Ardennes dans les studios de La Chapelle, est très réussi. Il déroutera sans doute les fans mais plus on l’écoute, plus il plaît. Le groupe sera à l’Ancienne Belgique les 12 et 13 décembre 2007.
Pays: BE
PiaS Tracks 103
Sortie: 2007/10/05