ROLLING STONES (The) – Four Flicks (DVD)
Techniquement parfait ! Voilà ce qui vient d’abord à l’esprit après avoir visionné ce quadruple DVD des Stones. On a tout dit sur les Stones. On peut les aimer ou pas mais qu’on le veuille ou non, ils ont marqué quatre décennies de musique rock. Il est vrai qu’ils ne créent plus beaucoup (c’est un euphémisme) mais ils tournent encore régulièrement et c’est le principal.
Ceux qui lisent attentivement les news s’en rappellent : « Licks », a généré un chiffre d’affaires brut d’environ 252 millions d’€ pour une assistance de 3,4 millions de personnes. Les Stones ont joué dans des stades, des arènes et des théâtres et le « taux de remplissage » a atteint 99 % de la capacité sur 116 dates.
On peut disserter sur Sir Michael le poseur et le cabotin, ne pas aimer le cynisme de Keith Richards (Bill Wyman, à qui on demande : « Jagger ou Richards ? » répond : « Jagger ». « Keith, c’est celui qui vous bouscule dans la cour de récréation. Quand mon père est mort, seuls Mick et Charlie m’ont soutenu » – sous-entendu, Keith Richards et Brian Jones ne l’ont pas fait. Oui, c’était il y a très longtemps.), ergoter sur le jeu de guitare de Ron Wood, dire que Mick Taylor était bien meilleur – mais il avait des problèmes de drogue récurrents, dire que Charlie Watts est un batteur quelconque (Keith Richards dit lui que c’est le meilleur batteur du monde et est prêt à se battre avec Jagger quand celui-ci veut le remplacer par une « rhythm box » !), on peut dire tout ce qu’on veut mais il y a une chose qu’on ne peut leur enlever : ensemble, sur scène, ils sont magiques.
L’intérêt majeur de ce quadruple DVD est de démonter cette magie ; la recette est toujours la même : le travail. Depuis toujours, les Rolling Stones travaillent beaucoup et quand l’un d’entre eux a quelques moments de faiblesse ou se focalise sur autre chose, cela donne : « Dirty Work » (message de Richards à Jagger) ou « Let’s Work » (l’inverse). Pas de réussite sans travail ! Voilà pour l’anecdote.
Ce qui frappe aussi, c’est le peu de place laissée aux autres membres du groupe, comme Darryl Jones, Bobby Keys ou Chuck Leavell, pourtant indispensables à la bonne marche de la tournée. Les vedettes, c’est affirmé haut et clair, c’est la bande des quatre ! Les autres ont droit à la portion congrue.
Le premier DVD comporte quatre parties essentielles : « Tip Of The Tongue », « Licks Around the World », « Select-a-Stone » Multi-Angle et « Bonus Tracks » + « Toronto DVD Trailer » et « DVD-ROM Features ». La préparation du concert où seuls Mick Jagger et, dans une moindre mesure, Charlie Watts, s’investissent. Jagger veut tout contrôler : ils ont été dépouillés par un manager peu scrupuleux et il ne veut plus que ça arrive. Par moments, quand on parle finance, il est largué, mais il donne bien le change. La chronique des concerts un peu partout dans le monde. La sélection d’un membre : selon votre choix, vous voyez Watts, Richards, Wood ou Jagger sur « Monkey Man ». Des « bonus tracks » dont une jam improvisée, ce que les Stones aiment et ont toujours pratiqué.
Le deuxième DVD, concert filmé au Madison Square Garden de New York le 18 janvier 2003, me paraît de loin le meilleur des trois. On voit un Jagger qui pratique l’autodérision comme il l’a rarement fait. C’est particulièrement flagrant dans « Monkey Man », où il se moque de lui-même à un point jamais atteint. Il n’en paraît que plus sympa. On a déjà pu voir cette tendance dans « Being Mick Jagger » pendant l’été sur Canal+. Voir Keith Richards, à chaque occasion, pousser en avant son ami Charlie Watts, le modeste. En dehors de cela, tous les titres classiques y passent. Notons aussi l’intrusion d’une Sheryl Crow très sexy sur « Honky Tonk Women ». Ici aussi, il est possible de choisir un Stone, de choisir de voir et entendre ou non les commentaires des musiciens sur l’enregistrement ou la composition du titre en cours. Les Stones sont filmés du premier rang.
Le troisième DVD, le plus faible à mon sens, est consacré au concert du stade de Twickenham à Londres le 24 août 2003, où le gigantisme est mis à l’honneur. Là aussi, on peut choisir d’obtenir ou non les commentaires des musiciens sur le titre joué et de se promener en coulisses. Il y a aussi un documentaire sur … AC/DC. Le professionnalisme n’est pas seulement l’apanage des vedettes mais aussi celui des roadies : la bonne guitare arrive toujours au bon moment entre les mains de Keith ou de Ron. Cela aussi mérite d’être signalé. Enfin, les Stones sont filmés plus grands que nature, comme les fans veulent les voir.
Enfin, le quatrième se déroule à Paris, à l’Olympia, le 11 juillet 2003. « Select-a-Stone », « Band Commentary », « Backstage Pass » et « Bonus Features », avec un documentaire sur … Solomon Burke, sont toujours présents, nous n‘y reviendrons pas. Les Stones sont filmés de façon punk et rude, agressive, avec des caméras disposées un peu partout, inclinées, des zooms, etc.
L’impression d’ensemble est très favorable ; reste le prix : entre 50 € (Auchan Luxembourg) et 55 € (ici dans la région), selon les points de vente. Pas donné. Mais c’est bien connu, quand on aime, on ne compte pas …
Que reste-t-il à faire aux Stones pour être vraiment les plus grands ? Venir jouer près de chez moi, au Spirit Of 66, par exemple, les vieux blues qu’ils interprétaient à leurs débuts, engager Mick Taylor juste après une cure de désintoxication, engager Merry Clayton, juste pour la circonstance, pour interpréter en dérogation « Gimme Shelter », mon titre préféré. Eviter soigneusement le pompeux « You Can’t Always Get What You Want », que je n’ai jamais aimé.
Set-list : « I Just Want To Make Love To You », « Honest I Do », « I Need You Baby », « I’m A King Bee », « Everybody Needs Somebody To Love », « That’s How Strong My Love Is », « I Can’t Be Satisfied », « Pain In My Heart », … En rappel, jouer « Their Satanic Majesties Request » pour prouver au monde entier qu’ils savent faire autre chose que du « Rhythm And Blues » et prouver UNE FOIS, UNE SEULE, qu’ils ne font pas ça pour le fric. A chacun ses délires, je sens que ça va se faire !
Les titres du DVD 1 :
- « Beast Of Burden »
- « You Don’t Have To Mean It »
- « Rock Me Baby »
- « Bitch »
- « I Can’t Turn You Loose »
- « Extreme Western Grip », jam
- « Well Well », instrumental, jam
Les titres du DVD 2 :
- « Intro (incl. Miss You – Dr. Dre Remix 2002) »
- « Street Fighting Man »
- « If You Can’t Rock Me »
- « Don’t Stop »
- « Monkey Man »
- « Angie »
- « Let It Bleed »
- « Midnight Rambler »
- « Thru And Thru »
- « Happy »
- « You Got Me Rocking »
- « Can’t You Hear Me Knocking »
- « Honky Tonk Women »
- « (I Can’t Get No) Satisfaction »
- « It’s Only Rock ‘n’ Roll »
- « When The Whip Comes Down »
- « Brown Sugar »
- « Jumpin’ Jack Flash »
Les titres du DVD 3 :
- « Brown Sugar »
- « You Got Me Rocking »
- « Rocks Off »
- « Wild Horses »
- « You Can’t Always Get What You Want »
- « Paint It, Black »
- « Tumbling Dice »
- « Slipping Away »
- « Sympathy For the Devil »
- « Star Star »
- « I Just Want to Make Love To You »
- « Street Fighting Man »
- « Gimme Shelter »
- « Honky Tonk Women »
- « (I Can’t Get No) Satisfaction »
- « Jumpin’ Jack Flash »
Les titres du DVD 4 :
- « Start Me Up »
- « Live With Me »
- « Neighbours »
- « Hand Of Fate »
- « No Expectations »
- « Worried About You »
- « Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker) »
- « Stray Cat Blues »
- « Dance (Pt. 1) »
- « Everybody Needs Somebody To Love »
- « That’s How Strong My Love Is »
- « Going To A Go-Go »
- « The Nearness Of You »
- « Before They Make Me Run »
- « Love Train »
- « Respectable »
- « Honky Tonk Women »
- « Brown Sugar »
- « Jumpin’ Jack Flash »
Pays: GB
ABKCO 7479700122
Sortie: 2003/11/11