SIOUXSIE – Mantaray
Susan Janet Dallion a décidé d’entreprendre une carrière solo en 2004 et elle vient de réaliser son premier album pour tenter de relancer sa carrière. Même si elle n’a jamais cessé de travailler, elle n’est plus aussi en vue qu’auparavant. On peut comparer son cas à celui de Deborah Harry. A la fin des années septante, l’une à New York sous le pseudonyme de Blondie, l’autre à Londres sous le surnom de Siouxsie Sioux, elles ont fait la pluie et le beau temps et ont eu une certaine influence sur les chanteuses qui les ont suivies. Depuis lors, c’était plus calme. C’est un euphémisme. A l’époque du punk, Susan Dallion était une admiratrice des Sex Pistols et faisait partie, au même titre que Billy Idol et David Bowie notamment, du « Bromley Contingent » qui les suivait partout. Leur comportement outrancier était bien connu.
Parmi les musiciens de Siouxsie and the Banshees en 1976, il y avait Steven Severin à la basse, Marco Perroni à la guitare et John Simon Richie, mieux connu sous le pseudonyme de Sid Vicious, à la batterie,. Très rapidement, Marco Perroni est allé rejoindre Adam & the Ants et Sid Vicious est allé foutre le bordel au sein des Sex Pistols avec Johnny Rotten. Billy Idol, lui, a fondé peu après Generation X. Siouxsie and the Banshees a subi de nombreux changements de personnel. Parmi les plus célèbres musiciens, il y a eu Robert Smith (The Cure), Geoff McGeoch (Magazine) et Budgie (The Slits, Big In Japan), son mari, avec qui elle formera le projet The Creatures et avec qui elle vient de divorcer. Voilà pour le passé.
Ici, Siouxsie, qui se retrouve seule, change de cap et adopte un look flamboyant. Les producteurs de son album sont Steve Evans et Charlie Jones (Goldfrapp). « Into A Swan » est un mid tempo relativement optimiste et mordant. « Je suis en train de m’éveiller et je trouve une nouvelle force que je n’ai jamais connue », nous dit-elle. On s’en réjouit pour elle. « About To Happen » est aussi un morceau alternatif, presque un hymne à la vie malgré son état de découragement. « C’est le moment de faire face à la réalité », dit-elle. Avec une tonalité plus sombre, « Here Comes That Day » semble être un règlement de compte avec son ex-époux. « Le moment est venu de payer ton manque de sincérité », lui dit-elle 25 ans après leur rencontre. Steve Evans s’occupe de la programmation à l’ordinateur et Charlie Jones des claviers, avec des batteurs différents en fonction du morceau. A noter la présence de cuivres sur celui-ci.
Sur « Loveless », un morceau sombre, Siouxsie nous confie qu’elle n’est plus aimée. On encaisse sa nouvelle condition avec beaucoup de compassion, d’autant plus que, de son propre aveu, elle sera moins naïve à l’avenir. Sage résolution, Susan. Sur « If It Doesn’t Kill You », elle rêve d’une caresse, de petites attentions et envisage sa vie future avec détermination : elle n’entend pas se laisser abattre. Ce qui ne la tue pas la rend plus forte et elle ne doit pas avoir peur. Sur ce titre comme sur le titre précédent, on remarque la présence du dulcimer. Sur « One Mile Below », elle répand des paroles pleines de sagesse : une fois on gagne, une fois on perd mais l’un dans l’autre, on s’en sort toujours. D’ailleurs, elle vit seule à Toulouse au milieu de ses livres et de ses chats. C’est une preuve, ça, non ? Le commerce des hommes est parfois bien décevant. L’album oscille ainsi entre moments d’espoir et de découragement.
« Drone Zone » est un morceau bizarre qui tranche avec le reste de l’album. Plus gai, plus jazz, presque humoristique, il fait appel aux cuivres et il montre la variété des sentiments dont est capable Siouxsie. On entre ainsi dans le ventre mou de l’album. Cela se confirme avec « Sea Of Tranquility », plus bizarre encore. On y voit revenir le dulcimer et les cuivres. Ce titre ne fait pas honneur à la chanteuse qui est capable de beaucoup mieux. Plus sombre, « They Follow You » parle des blessures qui finissent par guérir si on leur laisse le temps. Cependant, ces titres ne montrent pas clairement la direction à suivre et font un peu office de remplissage. « Heaven and Alchemy » est une ode à la personne aimée où l’on entend surtout le piano. Même absent, l’idée que l’on garde de l’être aimé vous poursuit longtemps encore et on se sent prêt à faire des miracles sur simple demande.
Album à prendre comme un premier essai concluant qui lui laisse néanmoins une marge de progression. Il est un peu inégal mais malgré sa longue carrière, elle est encore capable d’évoluer et de dire des choses sensées et pleines d’humanité. Elle se comporte comme si, livrée à elle-même, libérée de ses artifices futiles, elle découvrait seulement sa personnalité profonde.
Pays: GB
Universal 174 6242
Sortie: 2007/10/01