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MOROSE – On the Back of Each Day

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Le climat de ce CD est maussade, triste, sans espoir … C’est comme si le groupe voulait transposer la réalité sociale dans une musique appropriée, sans violence aucune, par petites touches, en allant chercher sa source musicale dans le jazz ou la musique classique pour en faire un rock progressif où le groupe allie mélancolie et tristesse, à l’instar de ce qui se faisait dans le chef-d’œuvre du cinéma néoréaliste italien à l’époque de Vittorio de Sica et de son film « Ladri di biciclette » (1948). C’est en tout cas une très belle musique qui interpelle et laisse des traces.

Morose a sorti un album en 2003. Il s’intitule « La mia ragazza mi ha lasciato », titre qu’il me paraît vain de traduire. Il est suivi en 2005 par « People Have Ceased To Ask Me About You », ce qui peut se traduire par « Les gens ne me demandent plus de tes nouvelles », une phrase lourde de sens quand on sait que l’album traite de la première guerre mondiale. Parmi leurs influences, ils citent le Velvet Underground, Joy Division, Nick Drake, Leonard Cohen, Nick Cave, Suicide, mais aussi Dostoïevski, Kafka, Rimbaud et Baudelaire. On le devine, ces artistes italiens n’ont guère de points communs avec Philippe Geluck ou les frères Taloche.

« We Guarantee Disappointment » exprime un malaise profond qui se traduit dans une musique électronique au tempo lent et au climat mélancolique et lourd. Le chant s’égrène lentement et est accompagné par le glockenspiel, joué par Valerio Sartori, au son aigu qui contraste avec le timbre grave de la voix de Davide Speranza et le son du violoncelle de Pier Giorgio Storti. Le climat de « Beginning of the End » est presque mortuaire et la voix ressemble à celle de Lloyd Cole cette fois.

« Rain Dance » jouit d’une mélodie remarquable qui conduit le propos tout en douceur avant que la voix, qui ressemble un peu à celle de Billy Corgan, ne vienne troubler la quiétude du morceau. La majesté du jeu de piano de Pier Giorgio Storti est également remarquable mais des bruitages viennent dénaturer le morceau et lui donnent un air de chaos inextricable qui ajoute encore à la dramatisation.

« Foie de dinde » est aussi un très beau morceau au climat morose qui est un peu plombé par le très beau son de la trompette de Valerio Sartori et rendu plus original grâce à l’ebow de Fabrizio Modonese Palumbo, le producteur. « The Eyes Closed » débute par une très belle musique électronique relayée par le chant de Davide Speranza et les samples variés qui agrémentent le morceau tout au long du solo de trompette dont le style rappelle le grand Miles Davis. « Drowned Gramophone » comporte aussi son lot de samples mais ici, c’est le melodica qui constitue l’attraction principale avec les claviers.

« Haven’t You Noticed? » présente un mélange harmonieux entre la voix, le melodica, la guitare classique et le piano, tandis que « Cry Laugh! » joue sur les harmonies vocales, les bruitages et la trompette. « Juròdivyi » s’écoule en douceur avec le melodica comme guide et la voix qui lui répond en attendant que le grand piano se montre à son tour. « Blessing in Disguise » semble sonner le deuil mais le piano apparaît comme une bouée de sauvetage pendant que le chant se fait plus triste. Ce très beau passage trouve un écho dans le melodica et la clarinette. C’est la beauté qui règne sur ce titre d’une immense tristesse mais rehaussé par le son de la trompette vers la fin.

Très bon album d’une très grande beauté mais d’une tristesse difficile à supporter qui s’incruste subrepticement dans le subconscient. L’usage du melodica et de la trompette constitue un choix très judicieux. Remarquablement joués, ils participent à la dramatisation d’un ensemble bien chanté, bien construit et joué avec talent.

Pays: IT
Suiteside SS014 / Mandaï Distribution
Sortie: 2006/12

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