OKAY – Low Road
Une première écoute (très) distraite m’avait laissé penser que cet album de Marty Anderson, l’artiste qui se cache derrière le nom de Okay, n’en serait qu’un de plus parmi une kyrielle. Ensuite, et lors d’une écoute beaucoup plus attentive afin de rédiger la chronique, les choses me sont apparues sous un angle radicalement différent.
Cet album, pour son côté mélancolique, travaillé et en même temps spontané, ses chansons pop et ce petit quelque chose qui parfois fait la différence, m’a fait penser au premier opus d’Arcade Fire. Et même si le style est différent, je suis certain que ceux qui aiment le combo canadien ne manqueront pas d’apprécier Okay.
Marty Anderson est un personnage à part dans le sens où il se trouve confronté à des problèmes de santé chroniques, doit vivre la plupart du temps sous intraveineuse, et que de ce fait il s’est vu obligé de retourner vivre chez ses parents, où il a pu installer son studio. L’élaboration de « Low Road » lui a pris plusieurs années, et le résultat en est en quelque sorte un vrai travail d’orfèvre.
La première chose qui frappe est la voix de Marty Anderson. Elle a un côté nasillard (due aussi à un travail sur le son) qui n’est pas sans rappeler Alice Cooper première période. La ressemblance s’arrête là car musicalement c’est radicalement différent.
Les chansons de Okay sont pop, simples, voire parfois minimalistes comme dans « Bullseye » qui est axée sur un accompagnement très doux à la guitare. Sur « Now », la ressemblance avec « Wake Up » d’Arcade Fire est assez forte, que ce soit dans le rythme du début, dans la montée progressive de la tension, la voix, ou encore l’ambiance sombre.
Par contre, les arrangements sont nettements plus travaillés et on y découvre des sonorités peu conventionneles ou peu habituelles dans la pop. Rythmiquement certains titres ne manquent pas d’attrait car on se laisse entraîner par ce côté nonchalant et parfois redondant. Et toujours cette voix si particulière. Ce n’est pas chanté en puissance, c’est presque parfois à mi-chemin entre le chant et la déclamation.
Une autre chanson très prenante est « We » avec aussi cette montée en intensité et ces arrangements qui laissent parfois pantois. Pas d’esbrouffe ou de grandiloquence, mais beaucoup de tact et de sensibilité, c’est impressionant. Je crois que tous ceux qui s’intéressent aux métiers relatifs au son devraient aussi se procurer cet album. C’est une vraie leçon car malgré la multitude de sons et d’idées musicales qui ornent une chanson, rien ne vient mettre l’essentiel de côté.
Vous l’aurez compris, ce « Low Road » est un album très riche dans bien des aspects et je vous conseille plus que vivement d’y jeter une oreille. C’est le genre d’album dont une écoute aux casques ou en tout cas une écoute exclusive pourra facilement donner des frissons.
Pays: US
Ruminance Records RUM031 / Mandaï Distribution
Sortie: 2006/10/09