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BALLINGER, Slick – Mississippi Soul

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Né en 1984 en Caroline du Nord, Daniel « Slick » Ballinger appartient à la toute jeune génération du « Blues ». Tout en étant blanc de peau, il perpétue fièrement la tradition des grands « Bluesmen » Noirs et, plus spécialement, de ceux actifs dans les parages du Mississippi. Comme eux, il a effectué son apprentissage sur le tas, à l’écoute des Légendes du genre (Robert Johnson, Fred McDowell, Muddy Waters, …) et au contact des plus âgés toujours en activité. Parmi ces derniers, on peut citer Hubert Sumlin (né en 1931), Pinetop Perkins (né en 1913) et surtout Othar Turner (né en 1908, mort en 2003), qu’il avait pu côtoyer plus longuement.

En lui décernant le prix de « Meilleure Révélation de l’Année 2007 », la Blues Foundation a probablement voulu confirmer le fait qu’il représentait l’avenir du genre. Pour information, le grand triomphateur de cette dernière édition fut Charlie Musselwhite, avec quatre récompenses.

A l’écoute, il est clair que ce premier opus ne manque pas de qualités, même s’il ne révolutionne absolument rien au niveau d’un style né de et dans l’exploitation humaine. A ce sujet, la pochette de ce CD étonne puisqu’elle montre un Slick Ballinger dans l’habit typique d’un « bon Blanc » du sud des Etats-Unis, en pleine période de ségrégation raciale, dans les années quarante ou cinquante. En dehors de cela et dans un domaine plus artistique, il mêle ici des compositions personnelles à celles d’autres grandes personnalités, dont Sonny Boy Williamson et Muddy Waters. Le gros point positif de ce CD est que, non seulement les premières n’apparaissent jamais inférieures aux secondes, mais certaines les surpassent même. Des titres comme « Missississippi Soul » ou « Juke House Blues » sont de véritables petits joyaux.

Pour ce qui est de la technique instrumentale, il ne faut pas trop s’y arrêter. On ne se situe pas dans un genre qui recherche la performance acrobatique. La profondeur et l’émotion priment toujours. A côté de cela, il faut reconnaître que les attaques de l’harmoniciste restent toujours poignantes et d’un surprenant à-propos. Dans ce rôle d’instrumentiste, il domine largement les débats. En comparaison, les guitares sont plutôt banales et ne s’aventurent que rarement en solo. Quant au batteur, il assure une rythmique simple, mais suffisante.

Une autre dominante de cet opus est la présence imposante du chant et de son chanteur. Slick Ballinger interprète ces dix titres avec la conviction et l’énergie d’un passionné. Ainsi, il crie parfois plus qu’il ne chante en insistant à l’excès sur des syllabes, des mots ou de petits bouts de phrases. Par ailleurs, il est doté d’une voix aigue, un peu faiblarde et donc souvent forcée, surprenante, qu’il fait trembloter comme s’il était assis sur un énorme vibro-masseur, réglé sur la vitesse maximale. A mon sens, le cumul de ces différents points donne aux vocaux un cachet parfois ridicule, … qui a pour effet d’un peu déforcer l’ensemble.

En conclusion, cet album intéressera à coup sûr les amateurs de « Blues » traditionnel qui y retrouveront tous les ingrédients qu’ils adorent. Seul le chant pourrait gêner certains.

Les titres (51’22) :

  1. « Sugar Mama Blues » (J. Williamson) (4’13)
  2. « You Don’t Love Me » (W. Cobbs) (5’56)
  3. « Brotherhood Blues » (D. Ballinger) (5’08)
  4. « Mississippi Soul » (D. Ballinger) (4’32)
  5. « Let’s Go Down » (D. Ballinger) (3’12)
  6. « Rosalie » (M. Morganfield) (4’23)
  7. « Juke House Blue » (D. Ballinger) (4’15)
  8. « Bull Cow Blues » (J. Thomas) (4’54)
  9. « Slow Down » (D. Ballinger) (6’39)
  10. « Sleeping Dogs Lie » (D. Ballinger/C. Linden) (4’06)

Leurs interprètes :

  • Slick Ballinger : Guitares & Chant
  • Leon Baker : Batterie
  • Blind Mississippi Morris : Harmonica

Pays: US
Oh Boy Records OBR-035
Sortie: 2006/03/14

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