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ROCHE, Brisa – Takes

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Pour faire très court, le mouvement hippie pacifiste est né au milieu des années soixante, pendant la guerre du Vietnam ; il portait en lui un projet de société inventive et non violente, en révolte contre le système en place et la société de consommation ; le mouvement a connu son apogée en Californie avec le Flower Power et à Woodstock, lors du festival ; certains spécialistes pensent que « Gimme Shelter » des Rolling Stones sorti en 1969 a exprimé le désenchantement qui a sonné la fin du mouvement sur un constat d’échec suite aux événements d’Altamont.

Cette contre-culture héritée de la « beat generation » manifeste encore ses effets aujourd’hui, malgré ses errances et sa naïveté. Peu structuré, il s’est pourtant manifesté sur le plan économique (l’autogestion), environnemental (l’écologie), sociétal (la drogue, la révolution sexuelle) et culturel (musique psychédélique, pop art). On doit à ce mouvement controversé d’avoir privilégié l’humanisme, l’écologie, le pacifisme, la libération sexuelle, la libération de l’esprit par la drogue, autant de choses qui paraissent presque naturelles aujourd’hui. Chacun jugera du bien-fondé de cette libération en fonction de son background et de sa philosophie de vie.

La révolution culturelle a notamment, et peut-être surtout, été véhiculée par la musique rock. Le Grateful Dead, les Doors, Jimi Hendrix, Crosby, Stills, Nash & Young et les Beatles, pour ne citer que les plus importants, doivent beaucoup à ce mouvement et l’ont fait connaître au grand public. La mort par overdose de quelques musiciens, et non des moindres, a remis les idées en place et plaidé pour la prudence. Le LSD (l’acide) semble être en résurgence aujourd’hui à travers la musique psychédélique qui revient en force, tous genres confondus. On a déjà oublié Syd Barrett et Brian Wilson.

Cherchant sans doute à comprendre les motivations de ses parents, adeptes du mouvement, Brisa Roché, qui vit à Paris, est retournée en Californie, le berceau du mouvement, où elle est née, et a enregistré dans une communauté, par ses propres moyens, la matière première de son album, qu’elle a retravaillé en France, quelque part dans le sud, où elle a vécu après la mort de son père. Elle se fait aider par des musiciens qu’elle a choisis. A cette époque, elle avait appris le jazz avec son beau-père mais ça ne s’entend pas beaucoup. Elle se prétend « sauvage d’esprit et manuelle dans sa façon de faire de la musique ». Elle a sorti un premier album sur Blue Note mais elle a été remerciée peu après par la prestigieuse firme.

Ce rappel indispensable fait, la musique de cet album est tranquille, de bonne qualité, ne fait de mal à personne et est bien dans l’esprit du mouvement hippie. Elle y met toute sa conviction et sa voix est bien posée mais elle manque singulièrement d’énergie. On l’a comparée un peu abusivement à Norah Jones. On peut comprendre sa démarche dans cette période troublée pour elle ; elle éprouve le besoin de retrouver ses racines et s’efforce de comprendre ses parents, qui l’ont rapidement laissée, livrée à elle-même, d’autant plus qu’elle a perdu son père alors qu’elle était très jeune.

C’est un peu dans le sens d’un pèlerinage initiatique qu’il faut comprendre cet album qui se laisse écouter. Pour les auditeurs, il ne laissera pas un souvenir impérissable. Les meilleurs titres sont « Breathe In Speak Out », qui ouvre l’album sur une belle mélodie, « Heavy Dreaming », un soft rock avec accompagnement à la guitare acoustique où sa voix est agréable à écouter, « Whistle », dont la mélodie vaut la peine mais qui gagnerait à être chanté avec plus de punch, et « Without A Plan », où la batterie semble s’éveiller pour le plus grand bien du morceau.

Pays: US
Discograph autoproduction
Sortie: 2007/11/05

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