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VEDDER, Eddie – Into The Wild (soundtrack)

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Après avoir fait les beaux jours de Pearl Jam, Eddie Vedder se lance dans une aventure plus risquée : la musique de film. Beaucoup d’artistes de rock ont tenté ce challenge qui est censé leur donner une crédibilité supplémentaire mais aucun n’a persisté dans cet exercice difficile, un métier en soi. Il a été choisi par le producteur Sean Penn, dont c’est le quatrième film en tant que réalisateur, pour l’adaptation d’un roman de Jon Krakauer.

Le scénario de Penn est basé sur une histoire vraie : un jeune étudiant et athlète, une fois son diplôme acquis, décide d’offrir sa fortune à des œuvres de charité et de tout plaquer pour vivre tel un ermite en Alaska. Il part en stop et en chemin, il fait des rencontres qui vont transformer sa vie. Dans le film, c’est le jeune acteur Emile Hirsch qui tient le rôle principal, celui de Christopher McCandless. Ce n’est pas seulement un voyage au sens géographique mais aussi un voyage à l’intérieur de soi-même pour apprendre à se découvrir tel que l’on est vraiment quand on doit faire face à des circonstances difficiles.

Le but de cette chronique est de déterminer si la musique de Eddie Vedder sert le film et en cerne parfaitement le climat. La réponse demande quelques nuances. Sur le plan purement musical, on retrouve bien le Eddie Vedder de Pearl Jam. « Setting Forth », par son rythme appuyé et sa voix assurée, répond bien au besoin de marquer la rupture brutale avec la famille et ce qui a été la vie du personnage principal. Les paysages sauvages et la beauté de la nature sont un encouragement. On a atteint le point de non retour. Jusque là, il n’y a rien à redire.

Plus doux, « No Ceiling » donne un aperçu plus calme qui correspond au premier réveil et le constat que les contraintes de la société des hommes ont bel et bien disparu. Place au voyage relativement mouvementé et plein de surprises régi par les lois de la nature et les rencontres dans les contrées semi-désertiques. La découverte d’horizons majestueux correspond avec le début de la découverte de soi. Rien ne semble inaccessible mais on se promet de garder une certaine sagesse.

« Far Behind » démarre fort et semble indiquer une détermination très grande qui correspond encore au début de l’aventure. On quitte le monde de la conscience pour s’aventurer en terrain inconnu. On entend des voix douces dans le vent et elles semblent dire la vérité. Le monde inconnu commence là où finit la route. Il n’y a toujours rien à redire au point de vue musical.

Introduit au banjo, « Rise » est un morceau très doux qui évoque plutôt le lever d’un jour qui s’annonce plein de promesses. On enfouit les trous noirs au fond de la mémoire, les erreurs se transforment en or. Le temps qui s’écoule est notre allié et on trouve la direction à suivre sans aide d’aucune sorte. L’instinct sert de boussole. On devine l’approche des premières épreuves.

La joie cède la place à une sorte de mélancolie larvée pour « Long Nights », symbole d’une réalité qui s’annonce sous d’heureux auspices, où la peur n’a pas de place. On ne se rappelle plus qui on était. On se sent tomber sur le sol et il devient un symbole de sécurité. Le très court et acoustique « Tuolumne » est là qui symbolise l’aventure et les grands espaces, la liberté qui semble infinie, l’ivresse de la découverte, la joie de vivre, la perspective d’un bonheur inconnu.

Vient le soleil tenace qui ravive les souvenirs, le soleil, symbole de vie qui régit le monde : c’est « Hard Sun », le morceau le plus long de l’album qui porte en lui une violence contenue. Au contraire, « Society » est une sorte d’inventaire apaisé de la société et de ses travers, la recherche du « toujours plus » qui laisse de plus en plus insatisfait, nous emprisonne et nous décide à partir. « Société, j’espère que je ne te manque pas. J’espère que tu n’es pas fâchée contre moi », murmure le personnage principal. Entre ces deux contradictions, il faut choisir. On y voit poindre l’ombre d’un regret. Contrairement aux autres, ces deux titres n’ont pas été composés par Eddie Vedder.

Sur un tempo lent introduit par l’orgue, « The Wolf », par ses cris, évoque la menace des immenses paysages enneigés où la nature impose sa loi et où la subsistance est dure à trouver. « End Of The Road » est plus triste dans la mesure où s’annonce la fin du voyage. Le temps est venu de faire le bilan de l’aventure et de soi-même.

Un bus qui paraît abandonné … « Guaranteed » est un chant triste qui évoque la place réservée à l’homme dans cette nature sauvage et par extension dans l’univers. Un morceau caché sans parole, joué à la guitare acoustique, vient confirmer cette interrogation après une courte période de silence. Les questions restent sans réponses.

Pour connaître la fin, il faudrait voir le film de Sean Penn, qui fait rarement un film médiocre. Controversé, extrême et passionné. Ces trois adjectifs sont sans doute les seules certitudes de cette adaptation du livre de Jon Krakauer, un alpiniste de renom qui a raconté ses aventures et a écrit ce roman intitulé « Into The Wild » (« Voyage au bout de la solitude », traduction française). Pour la musique, on envisage la présence de périodes de silence pour marquer la dramatisation. Encore une fois, sans le film, c’est difficile de trancher mais les ballades folk de Vedder semblent parfois manquer de nuances.

Pays: US
Monkeywrench / J Records 88697 15844 2
Sortie: 2007/10/08

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