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LENNOX, Annie – Songs Of Mass Destruction

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On lui reconnaît une voix chaude et pleine d’émotion. Surdouée qui a réussi, elle est devenue une femme responsable qui est capable de s’émouvoir devant la détresse de ses semblables. On est loin de la femme insouciante de Eurythmics dans les années 80. Sa vie, elle la mène de front en se partageant entre sa famille et ses combats qui n’ont rien d’idéologique mais qui lui prennent beaucoup de temps. Elle se demande parfois si elle ne se disperse pas trop.

Annie Lennox, même si elle n’est pas très prolifique en raison de son activisme pour la condition des femmes et de sa lutte contre le sida, sort de temps en temps un très bon album solo. C’est le cas ici avec « Songs of Mass Destruction ». Chaque morceau est chanté avec beaucoup de professionnalisme et est capable de susciter l’émotion mais surtout de mobiliser pour l’action.

Son dernier album, « Bare », remonte à 2003. Elle y fait le bilan de sa vie et en décrit les étapes avec émotion. Ici, elle s’attaque à ses démons : le sort réservé aux femmes, la faim dans le monde, la misère, la détresse, l’injustice, la maladie et l’environnement. Elle cumule toutes les bonnes causes. En femme intelligente et cultivée, comme Patti Smith, elle n’accepte pas de voir une femme en burqha. Elle n’est pas politisée comme le sont Taslima Nasreen, Wafa Sultan ou Aung San Suu Kyi mais elle supporte difficilement l’excision et le statut inférieur réservé aux femmes dans certains pays.

L’album « Songs of Mass Destruction » vaut surtout par la voix de Annie Lennox, les mélodies et la qualité des paroles. Cela prouve si besoin en était encore que la musique pop faite par une personne talentueuse et intelligente en dit beaucoup plus que le discours insipide d’une musique « révoltée » dopée aux amphétamines qui dodeline de la tête à longueur de concert en enfonçant des portes ouvertes. Pas besoin de cerveau pour ça, la moëlle épinière suffit.

Rien de tout ça ici. Sur cet album très sombre, elle aborde la difficulté de vivre dans ce monde miné par les guerres sur « Dark Road », un morceau affublé d’une très belle mélodie. Sur un rythme répétitif, elle déplore l’insouciance et l’inconscience de ceux qui ne veulent pas voir la réalité en face sur « Love Is Blind » mais elle se raccroche à l’amour qui existe malgré tout ce qu’on voit de mauvais. Elle évoque l’éparpillement de soi et s’interroge sur son propre rôle sur « Smithereens » et tente de supporter ce qu’elle voit quand la femme est bafouée sur « Ghosts In My Machine ».

Point n’est besoin de long discours pour décrire « Womankind ». La condition de la femme la préoccupe depuis longtemps, principalement en Afrique. « Sing » fait figure d’hymne féministe et est l’occasion de réunir quelques grands noms de la musique de variété en mettant l’accent sur la présence d’africaines capables de motiver leurs consoeurs. « Ce qui ne te tue pas te rend plus forte », leur dit-elle. On y décrit le sort des femmes enceintes atteintes du sida. Angélique Kidjo figure parmi les invitées et pourra relayer le message. Annie Lennox oscille entre tristesse et découragement (« Lost ») et éprouve un sentiment de désespoir face à toute cette misère, elle qui a conscience de n’être qu’une poussière dans l’univers. Minée par le doute et le découragement, elle associe son propre sort à celui de la condition humaine.

Album remarquable tant par les compositions que par la performance vocale. Annie Lennox prouve qu’elle n’était pas seulement la comparse de Dave Stewart mais au contraire une artiste de talent dopée par ses convictions profondes.

Pays: GB
Sony BMG 88697154522
Sortie: 2007/10/01

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