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BABYSHAMBLES – Shotter’s Nation

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A force d’entendre les pires rumeurs sur son nom, on a fini par croire que Peter Doherty était fini. Depuis la sortie de « The Blinding », un mini-album en demi-teinte, Pete Doherty n’avait plus guère fait parler de lui. En bien, je veux dire. Or, avec son talent, il pourrait et devrait alimenter en permanence la rubrique musicale. Il le prouve encore ici, sans atteindre des sommets mais en sortant un album sincère et empreint de poésie. Le producteur de cet album n’est autre que Stephen Street (The Smiths, Blur), avec qui certains membres du groupe ont eu des heurts mais ils ont fini par avouer que ses choix étaient les bons.

Fidèle à son habitude, même s’il n’a pas composé tous les titres, Pete Doherty parle de ce qu’il connaît : le succès rapide, la descente aux enfers, le départ de la petite amie, la souffrance physique et morale, et il le fait très bien. « Delivery », le premier simple extrait de l’album, est sorti récemment et sa qualité n’est pas mise en doute. Comme toujours, on va comparer ceci aux albums des Libertines. C’est la rançon de la gloire et c’est inévitable.

« Carry On Up The Morning » commence par des guitares distordues et fait penser aux Libertines, sans en atteindre l’excellence. D’emblée, on s’aperçoit que Pete Doherty est en bonne forme. Plein de fraîcheur, « Delivery » est un titre accrocheur dont les riffs de guitare font penser aux Kinks. « You Really Got Me » n’est pas très loin. On voudrait le voir marcher sur les traces du grand Ray Davies, qui a dépeint avec talent et un sens aigu de l’observation la vie urbaine anglaise. On baisse d’un cran avec « You Talk », composé avec Kate Moss. Ce n’est pas mauvais mais on accroche moins à cause de son rythme plus mièvre. Bon aussi au niveau de la mélodie, « UnBiloTitled » n’est pas exempt de reproches mais c’est un bon titre, surtout au niveau des paroles.

Introduit par une guitare incisive et souvent distordue par la suite, « Side Of The Road » possède une mélodie intéressante et des accélérations de rythme surprenantes qui sollicitent une rythmique efficiente. Ce melting pot parvient néanmoins à donner le change. Plus mystérieux au début, « Crumb Begging Baghead » est aussi affublé d’une belle mélodie mais sans être transcendant. La partie finale jouée à l’orgue sauve le titre d’une certaine monotonie. Avec le batteur mis en valeur, le doux amer « Unstookie Titled » est un peu incertain au niveau de la direction à prendre mais vaut surtout par les paroles sincères énoncées comme une complainte. Elles permettent de mieux comprendre la personnalité de l’animal, en tout cas ce qu’il veut bien en dire.

« French Dog Blues » est plus nerveux et rappelle le Who de la belle époque mais sans la voix de Roger Daltrey. « There She Goes » est une chanson rythmée dans laquelle il parle avec sincérité de ses souffrances physiques et morales lors des séances de « rehab ». Ici, on pense plutôt à l’esprit tourmenté de Robert Smith (The Cure) dans « Lovecats ». « Baddie’s Boogie » s’énerve un peu et apporte du rythme et du punch. Mais ce n’est un secret pour personne, les musiciens de Baby Shambles ne sont pas des foudres de guerre. « Deft Left Hand » est un mid tempo qui fait un peu penser au Who et gagne son appartenance à la catégorie des bons titres. « Lost Art Of Murder » est une ballade intimiste et introspective sur la façon de reconquérir son amour perdu.

Album de britpop poignant et très bon dans l’ensemble surtout au niveau des paroles mais sans pouvoir crier au génie. Son climat général est plutôt doux amer. Quand il est dans son état normal, Doherty sait se montrer sous un jour favorable. Pour la suite de sa carrière, on n’ose pas trop s’avancer. C’est à lui de voir. Après tout, il ne fait de tort qu’à lui-même.

Pays: GB
Parlophone / EMI 508 6202 50999 508620 2 3
Sortie: 2007/10/01

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