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KOTEBEL – Fragments Of Light

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Kotebel n’est pas un groupe mais un projet. Son crédo :

  • toutes les ressources doivent servir l’inspiration, qui doit prévaloir et être la force conductrice;
  • la musique progressive est un véhicule valable pour atteindre les sommets de la beauté et de l’inspiration.

A ces conditions, ce style de musique a le même potentiel que les musiques plus académiques ou plus sérieuses.

Sur le plan du personnel, c’est un projet à géométrie variable; néanmoins, on peut considérer qu’il y a un « noyau dur » composé de Omar Acosta, flûte, EW5, César Garcia Forero, guitares, Carolina Prieto, voix, et Carlos Plaza, claviers, basse, percussion et direction musicale.

Depuis 1999, ils ont sorti trois albums : ce sont trois volets d’un triptyque ambitieux dont « Structures » (janvier 2000) est le canevas, divisé en sept pièces indépendantes qui examinent les divers aspects du rock progressif. « Mysticae Visiones » (décembre 2001) est un concept album basé sur la représentation musicale d’une série de concepts métaphysiques. Ce cd, « Trozos de Luz » ou « Fragments Of Light » (septembre 2003), est le troisième volet de ce triptyque.

« Hades », composé par Carlos Plaza, est une très longue pièce qui met en valeur la belle voix très haut placée de Carolina Prieto et le piano, sur un tempo soutenu d’abord, où le jeu nerveux de la guitare et le rythme saccadé de la batterie font merveille. Les arrangements sont à la fois sophistiqués et très complexes. Le climat est lourd au début mais le calme revient ensuite pour faire place à de longues envolées lyriques, adoucies par une flûte qui apporte de la légèreté, de la fraîcheur et un calme retrouvé.

« Identidad Legal », toujours composé par Carlos Plaza qui en joue le solo de guitare, se déroule sur un rythme très soutenu, très saccadé et très nerveux, où une large place est faite à l’orgue, au piano et à la batterie, tandis que la guitare amène des distorsions troublantes. On doit « El Quimerista I », rythmé par la guitare acoustique, à César Garcia Forero. Il joue aussi sur les trois « El Quimerista » basse, claviers et percussion. Il a arrangé et produit les trois, enregistrés et mixés à part dans son studio personnel. Cela ne nuit en rien à l’ensemble : au contraire, cela apporte de la variété.

« Memoria », très mélodieux et très beau, composé par Carlos Plaza, comporte une partie récitée par Luis Arnaldo, en alternance avec la voix éthérée de Carolina Prieto. Cela donne un effet très particulier à ce morceau, où la flûte est omniprésente mais jamais envahissante. Le rythme est assez lent et cela donne une atmosphère campagnarde et médiévale qui évoque l’idée du bonheur. Le piano apporte une touche classique qui rappelle Fauré. Les envolées vocales, très maniérées, sont envoûtantes et majestueuses.

« Fuego » est une autre pièce maîtresse très longue, dont le crépitement très rapide alterne avec des rythmes plus lents. Elle est signée Carlos Plaza. Le chant est assuré par Juan Olmos, qui s’est occupé de ses arrangements complexes. Luis Arnaldo récite un texte comme dans « Memoria ». Au cours des parties lentes, le solo de piano précède la flûte, la guitare, la basse, la batterie et le synthé, successivement mis en valeur. Au cours des parties nerveuses, c’est la guitare et la flûte qui priment. Le tout se déroule dans un climat nerveux, joyeux ou paisible, comme lors d’un incendie que l’on finit par maîtriser.

Nous avons déjà parlé de « El Quimerista II ». Ajoutons que les changements de rythmes y sont nombreux et que cela évoque Emerson, Lake & Palmer. L’atmosphère y est rythmée par des harmonies très agréables qui vont crescendo pour se terminer de façon abrupte mais tout en douceur. « Espejos » (Carlos Plaza) laisse une large place où se succèdent le synthé et le piano, qui rappelle Debussy. Tout cela est très lent et majestueux au début, pour s’accélérer par la suite sous l’impulsion de l’orgue et du piano, soutenus par une section rythmique très sobre mais super efficace. La fin est très lente et très calme, et l’initiative est rendue au piano et au synthétiseur.

« Trozos De Luz », toujours de Carlos Plaza, voit réapparaître l’excellente chanteuse, avec sa voix très harmonieuse et très haut placée. Dire qu’elle est cristalline est un euphémisme. Lui succèdent le piano, puis la basse et la batterie, avant qu’elle ne revienne de plus belle accompagnée à l’orgue. « El Quimerista III » a déjà été abordé mais notons encore la présence enrichissante de la guitare acoustique et une basse remarquablement utilisée. Magnifique !

La suite est réservée à un addendum de douze minutes, « Children Suite », morcelé en huit parties très courtes qui couvrent une large plage d’émotions, du guilleret au morose. C’est une partie classique exclusivement réservée au piano solo. On croirait par moments entendre du Debussy (partie I) ou du Fauré (partie V). Les parties IV, VI et VII sont, elles, très descriptives. Cela se termine dans une joie (partie VIII) qui incite à la fête et à la danse.

Ce très bel album de rock symphonique, servi par de très bons musiciens, qui dure plus de 71 minutes, sera une découverte et vous transportera vers les sommets si vous aimez le classique et l’éthéré. Si vous aimez le rock « pur et dur », il vous laissera sans doute de glace. A vous de voir …

Les titres :

  1. « Hades »
  2. « Identidad Legal »
  3. « El Quimerista I »
  4. « Memoria »
  5. « Fuego »
  6. « El Quimerista II »
  7. « Espejos »
  8. « Trozos de luz »
  9. « El Quimerista III »
  10. « I. En el parque »
  11. « II. La siesta »
  12. « III. El papagayo »
  13. « IV. Contemplando las estrellas »
  14. « V. El bachacalabo »
  15. « VI. A través del espejo »
  16. « VII. Cuentos del bosque »
  17. « VIII. Fantasia »

Pays: ES
Musea Records FGBG 4509.AR
Sortie: 2003/09/22

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