SUPER FURRY ANIMALS – Hey Venus!
Ils nous viennent du Pays de Galles, ces adeptes de musique alternative pas très éloignée de la musique expérimentale, en tout cas sur le plan instrumental. D’abord ils ont chanté en gallois et ont pratiqué quelque temps la lutte politique, un peu comme les Manic Street Preachers, mais ils se sont rapidement ravisés et ils se sont décidés à chanter en anglais pour obtenir une meilleure audience. Quoi qu’il en soit, leur voyage est étrange et magnifique. Ils en sont à leur huitième album, les meilleurs étant « Fuzzy Logic » (1996), « Radiator » (1997) et « Mwng » (2000), chanté en gallois.
Cet album, « Hey Venus! », est du niveau des meilleurs. Le groupe comprend maintenant Gruff Rhys, le chanteur, compositeur, guitariste et claviériste, Huw Bunford, guitariste et choriste, Cian Ciarán, claviériste et choriste, Guto Pryce, bassiste et Daffyd Ieuan, le batteur. Le producteur n’est autre que David Newfeld (Social Broken Scene) et il se tire d’affaire avec bonheur. On doit la couverture du CD à Keiichi Tanaami, un artiste japonais. C’est très coloré mais c’est loin d’être une réussite. Sans doute est-ce une image symbolique dont j’avoue ne pas connaître la signification. C’est un détail de toute façon.
« Hey Venus! » a été conçu au départ comme un concept album mais finalement, il est devenu autre chose. L’album raconte la vie du groupe depuis ses débuts jusqu’à la notoriété qui s’avère bien décevante. Il est un recueil de morceaux pop accrocheurs mêlés à de la musique psychédélique pleine de couleur. Ils n’ont plus rien à voir entre eux si ce n’est le fait de figurer sur le même très bon album.
« The Gateway Song » est une courte introduction tonique pour un album qui ne manque pas de dynamisme. « Run-Away » rappelle le climat qui règne sur certains albums des Beach Boys, tandis que « Show Your Hand » est le parfait prototype du morceau pop qui dispose d’une très belle mélodie et d’harmonies vocales de très bonne qualité. Le chant est parfait, l’atmosphère est légère et tout se déroule dans les meilleures conditions. A noter aussi la présence de cordes dont les arrangements sont exemplaires.
Le début de « The Gift That Keeps Giving » comporte quelques gimmicks amusants. Quand les choses sérieuses commencent, on se retrouve en présence d’une ballade bien balancée qui se déroule sur un mid tempo, avec des cuivres en toile de fond. « Neo Consumer » est un autre morceau accrocheur mais il est plus rythmé et comporte des accents humoristiques où le groupe n’hésite pas à se remettre en question.
« Into The Night » parle du groupe à la recherche de la lumière dans la nuit qui symbolise la recherche de la notoriété et du succès. On s’en doute, cette recherche comporte aussi des effets pervers. « Baby Ate My Eightball » semble être une fantaisie marquée par le retour de l’électronique sous l’impulsion de Cian Ciarán, qui distille ses notes parfois couvertes par des chœurs parfois un peu envahissants.
Merveilleux de simplicité bien comprise, « Carbon Dating » est sans aucun doute le meilleur titre de l’album. On le doit à Cian Ciarán. L’accompagnement est particulièrement bien choisi et le très beau morceau est plein de majesté et de classe. En se moquant des idiots du showbiz sur « Suckers », le groupe émet aussi un jugement de valeur sur lui-même et sur la naïveté de ses membres qui croyaient atteindre le nirvana et tombent de haut. Leur expérience leur permet de revenir les pieds sur terre.
« Battersea Odyssey » est un morceau truffé d’effets spéciaux qui le rapproche des éxpérimentations passées. Il est très bien chanté et par moments, on croirait entendre Electric Light Orchestra, avec ses orchestrations bien pensées. « Let The Wolves Howl At The Moon » est une ballade magnifique qui clôture cet album en beauté. Bien chantée par Gruff Rhys, le principal compositeur du groupe, elle fait penser à Damon Albarn (Blur). Elle se décline tout en douceur et les parties jouées au piano lui apportent une fraîcheur bienvenue. Fin magnifique pour un album excellent.
Cet album inventif allie belles mélodies pop, accents psychédéliques, chant bien posé et harmonies vocales remarquables. Pour les fans du groupe, pour les adeptes de groupes comme les Beach Boys et même les Beatles.
Pays: GB
Rough Trade / Konkurrent RTRADCD346
Sortie: 2007/08/24