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SPOON – Ga Ga Ga Ga Ga

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Comme …And You Will Know Us By The Trail Of Dead et The American Analog Set, d’autres excellents groupes à caractère expérimental plus ou moins prononcé, Spoon vient d’Austin, au Texas. A croire que le crétin de président américain suscite la créativité et l’imagination débordante. Quand la réalité est moche, on cherche à s’en évader par n’importe quel moyen. Avec Spoon, on sort toujours gagnant, même si cet album fait la part moins belle à l’expérimental que les précédents. Il présente quand même un festival d’inspiration, d’innovation et d’originalité et réalise la synthèse parfaite entre la musique underground, l’humour subtil et la pop de qualité. Dans le genre, c’est le meilleur album d’une année déjà très fertile.

Spoon est le nom d’un morceau joué par Can, le groupe allemand d’avant-garde bien connu. C’est pour lui rendre hommage que le groupe a choisi ce nom. Quand elle sort de son carcan, fait fi des préjugés et s’inspire de ce qui se fait ailleurs, la musique américaine peut devenir redoutable. Outre les précités, des groupes comme Animal Collective et Built To Spill, pour ne citer que les principaux, en marchant sur les traces de Sonic Youth, Pavement, Fugazi et Shellac, mais en prenant soin de garder les distances, sont des groupes qui animent le rock américain d’aujourd’hui et lui donnent une originalité qu’il ne connaissait plus depuis très longtemps. Ces groupes sont voués à une certaine discrétion : ils seront adulés par la critique et un public enthousiaste et ne connaîtront sans doute pas le succès planétaire. Mais peut-on savoir ?

Adepte de la punk attitude au début, Spoon s’inscrit dans la mouvance de Hüsker Dü, de Gang Of Four et de Wire mais sans leur ressembler. Il ne faut donc pas s’étonner que l’album de Spoon, un groupe que certains découvrent aujourd’hui mais qui existe depuis 1996, soit un véritable chef-d’œuvre déroutant et innovant notamment par la voix du chanteur / compositeur principal, par le style original du piano et le jeu saccadé des guitares. Il doit beaucoup aussi à une rythmique très performante et à des claviers utilisés avec discernement. Le groupe a trouvé une voie royale pour exprimer sa propre personnalité en s’écartant d’un style qui lui fermait complètement l’accès à la notoriété. On pourrait le regretter si le groupe jouait une musique formatée. Or, cet album est tout sauf un album banal. Au contraire, l’écouter est un véritable régal et on en découvre un peu plus à chaque passage, au point de ne plus pouvoir s’en détacher.

Des titres comme « Don’t Make Me A Target », au riff de guitare répétitif joué staccato, à la voix toujours bien placée et à la partie instrumentale déroutante, « The Underdog », un magnifique single acoustique au rythme irrésistible rehaussé par des cuivres, qui devrait faire un malheur au niveau des charts, et « Finer Feelings », plein de trouvailles et qui doit donner sa pleine mesure en concert, sont des chefs-d’oeuvre de créativité tout en restant écoutables pour le plus grand nombre. Seuls le très hypnotique « The Ghost Of You Lingers », au jeu répétitif et saccadé des claviers, et le minimaliste « My Little Japanese Cigarette Case », bourré de surprises, caractérisé par le koto et la guitare flamenco, gardent un caractère expérimental bien affirmé. Mais tous ont des atouts majeurs et la force de l’album réside justement dans son absence de point faible, dans le jeu des musiciens, dans le choix des instruments, dans le mélange harmonieux des genres et dans sa variété, tout en gardant un standard très élevé de qualité. Même si vous avez l’esprit ouvert, vous devez vous attendre à recevoir une claque magistrale. C’est mon premier rating maximal en plus de quatre ans.

Pays: US
ANTI / PiaS 6903-2
Sortie: 2007/07/09

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