HEARTBREAK ENGINES – One Hour Hero
La musique du groupe allemand est assez proche de ce que font The Generators mais en plus méchant et en plus rapide. Pour l’essentiel, c’est un hard rock assez bien chanté et plein d’énergie. Ils appellent ça le punkabilly. Comme le mot « punk » est porteur, on le met à toutes les sauces et on l’utilise à tort et à travers. De l’esprit punk, il ne reste rien, sauf peut-être sur « Gunwitch ». De l’attitude non plus. C’est juste que l’expression sonne « moderne ». A défaut de présenter une musique nouvelle, on innove dans les mots. C’est dans l’air du temps.
Ici, c’est la batterie qui constitue le point fort et qui entraîne le groupe. Le rythme binaire imprimé à l’ensemble de l’album est assez démentiel. La devise du groupe semble être « pas de tristesse, pas de chagrin ». Pourquoi pas, après tout. Nous avons la chance de vivre dans un pays épargné jusqu’ici par le terrorisme, autant en profiter, non ? Ceci dit, ne vous attendez pas à du neuf. C’est de la musique des années 70 et ça ne vaut pas les maîtres du genre, loin de là. Le rock teuton manque parfois de nuances, c’est bien connu.
Au risque de nous répéter, ce n’est pas sur cet album qu’il faut chercher des innovations majeures. Cela étant, c’est assez bien fait et le chant est bon. Ce n’est pas toujours le cas. Pour le reste, c’est un mélange de différents styles qui paraît un peu hybride : ça va de la variété jazzy musclée (« Bad Job Jesus ») au hard rock. Pour être clair, c’est trop propre pour être vrai. On peut dire ça de nombreuses productions actuelles ? Sans doute. Mais quand on a l’ambition de faire ce genre de musique, il vaut mieux être crade ou s’abstenir.
Quelques titres ressortent pourtant du lot. Mélodique en diable, « Black Gold Rebel » est particulièrement rentre dedans mais il est desservi par les éructations du chanteur qui veut se donner un air rebelle. Raté ! « God’s Black Days » possède aussi quelques atouts et cette fois, le chant est très correct. Il n’en faut pas plus pour relever le niveau de l’album. « Invisible Wounds », avec son rythme échevelé, est le seul qui puisse prétendre s’appeler punk. On frise même le hardcore.
En résumé, l’album n’est pas mauvais. Il comporte même des points forts comme la rythmique, surtout dans le chef du batteur qui, loin de valoir Ginger Baker sur le plan technique, n’est pas manchot. Son style convient parfaitement au genre de musique pratiquée par le groupe. Les titres cités plus haut émergent du lot mais les autres sont englués dans une production formatée qui leur enlève toute pertinence.
Pays: DE
People Like You Records Prison 145-2
Sortie: 2007/09/17