SMASHING PUMPKINS (The) – Zeitgeist
The Smashing Pumpkins ont tiré leur révérence en 2000. Le manque de succès des albums « Adore » et « Machina / The Machines Of God » et des dissensions internes ont eu raison du groupe. Les fans n’ont pas reconnu leur idole avec les deux derniers albums, moins percutants que les précédents mais néanmoins bourrés de qualités. Billy Corgan a dissous le groupe et a formé Zwan, qui a connu une courte durée de vie. Il a fait un album solo puis s’est tourné vers la poésie mais rapidement, il s’est aperçu que les citrouilles lui manquaient. Il a reformé le groupe avec Jim Chamberlin et deux comparses. Voici le résultat de leurs élucubrations.
« Zeitgeist » est leur premier album avec ce line-up. Sans être de la trempe de « Gish », « Siamese Dream », « Pisces Iscariot » ou « Mellon Collie And The Infinite Sadness », il est néanmoins de très bonne qualité. En tout cas, Corgan met tout ce qui lui reste d’énergie pour tenter de ressusciter le passé. Les deux premiers titres, « Doomsday Clock » et « 7 Shades Of Black », où il évoque l’apocalypse, en sont de bons exemples. On retrouve les guitares insolentes et la rythmique efficiente des anciens albums et on sent la volonté de William Patrick Corgan, le leader incontesté, de recréer la magie des débuts.
Plus doux, « Bleeding The Orchid » s’appuie sur une très belle mélodie pour surfer sur la vague de la période « Adore » mais avec des accès de fièvre qui rappellent le bon vieux temps. Plus musclé mais affublé d’une très belle mélodie, « That’s The Way (My Love Is) » relève aussi de cette tradition plus nuancée qui traduit des états d’âme doux amers, au contraire de « Tarantula », un single qui, avec une basse bien mise en exergue et tout punch dehors, n’égale pas les premiers succès du groupe mais rappelle la meilleure époque au même titre que « Starz », un autre très bon titre marqué par le désir de faire renaître l’alternance entre périodes douces et passages violents, comme au bon vieux temps. Franchement, on n’est pas très loin de la réussite.
Introduit par la batterie, « United States » est le titre charnière de cet album. Sa virulence rappelle le début des nineties et son propos transgresse une règle établie de longue date en prenant attitude politique. Il est difficile de faire autrement dans l’Amérique d’aujourd’hui et Corgan n’échappe pas à la règle. Si la perfection existait, elle s’appellerait « Neverlost », le merveilleux titre qui lui succède avec toutes ses qualités de douceur et de beauté. Plus rythmé, presque enjoué, «Bring The Light » prend le relais pour mieux parachever cette impression de bien-être devant cette qualité sonore retrouvée. C’est une bénédiction d’entendre Corgan quand il est en état de grâce. On savait qu’il n’était pas fini mais il tardait à retrouver toute sa verve. Question de confiance, sans doute.
« (Come On) Let’s Go » joue dans la même catégorie que les titres plus énergiques et on se surprend à fredonner ce titre au lever du soleil, histoire de commencer la journée avec une pêche d’enfer. « For God And Country » renoue avec la conscience politique et annonce un changement dans la conception musicale. Il a raison : dans le genre, il n’est pas mal, l’ami Billy. « Pomp And Circumstances » est plus spécial et semble indiquer la nouvelle tendance, comme le titre précédent.
Excellent album d’un groupe qui a su s’imposer malgré Nirvana, Pearl Jam, Pavement et consorts. Sans valoir les chefs-d’œuvre du début, cet album fait partie des très bons albums sortis cette année. The Smashing Pumpkins viennent au Pukkelpop le 17 août. Pour les fans, c’est une occasion de revoir un des meilleurs groupes des années nonante. On peut en être sûr, ils n’ont pas fini d’étonner.
Pays: US
Martha’s Music / Reprise / Warner 9362-49977-8
Sortie: 2007/07/06