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INTERPOL – Our Love To Admire

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Le troisième album de Interpol est sans doute le plus ambitieux et le moins proche de son modèle non avoué : Joy Division. Bien que le groupe s’en défende, les deux premiers albums étaient tout imprégnés de l’atmosphère pour le moins sombre du groupe post punk anglais. Cet album-ci s’en éloigne un peu plus mais reste très sombre. Les quatre de Big Apple ne sont pas des boute-en-train.

Romantisme et austérité, solitude créée par la ville tentaculaire, sexe heureux ou malheureux sont les ingrédients principaux de cet album très sombre mais qui cette fois laisse apparaître une petite lueur d’espoir. C’est l’album d’un groupe à la croisée des chemins. Quelques titres rappellent « Turn On The Brightlights », le premier album, mais les autres, plus ambitieux, annoncent une évolution possible. « Antics » était plus un recueil de titres accrocheurs mais cela n’enlève rien à ses qualités.

Cette dualité pourrait refléter des tendances contraires dans le groupe, ce qui peut expliquer certaines frictions. Quoi qu’il en soit, si les rumeurs de séparation ne sont pas fondées, le groupe conserve un potentiel énorme et nous réserve encore de bonnes surprises. L’évolution vers plus de sophistication devra encore se confirmer dans un futur proche. Il faudra voir à ce moment-là si le line-up subit des changements.

L’introduction de « Pioneer To The Falls » comporte une partie jouée à la guitare et une jouée au piano. La voix presque parlée de Paul Banks vient en surimpression et est accompagnée par les cordes. Le piano, la guitare et la rythmique habillent tout ça d’un phrasé répétitif. On y évoque notamment les clandestins. « No I In Threesome » rappelle le premier album par le jeu très simple de la guitare et par la rythmique ultra efficace. C’est aussi un très bon morceau qui, sur le mode doux amer, parle d’amour partagé qui doit se concrétiser.

« The Scale » est plus élaboré et moins accrocheur. Ce titre s’inscrit plutôt dans une perspective d’avenir et pourrait indiquer la nouvelle tendance. « The Heinrich Maneuver » est un single bien connu. Il est très accrocheur mais pourrait durer ce que durent les roses. On espère qu’il dure un peu plus longtemps quand même. En tout cas, il fait partie des morceaux les plus faciles à mémoriser.

Avec une voix égale à elle-même, « Mammoth » est un rock hypnotique qui comporte un jeu de guitare simple et une rythmique redoutable d’efficacité. Il rappelle aussi le premier album et constitue un retour aux sources, comme si le groupe se ménageait la possibilité de revenir en arrière. Le crescendo final est néanmoins fabuleux. « Pace Is The Trick » est aussi un des morceaux plus élaborés qui marquent la rupture avec le style ancien. Sa mélodie est très belle et là aussi, le jeu répétitif et simple de la guitare constitue un gage de réussite. Il se termine dans un chaos sonore organisé d’où émerge la batterie.

« All Fired Up » débute aussi sur un thème répétitif très simple à la guitare mais le jeu s’étoffe et le morceau devient plus complexe. Plus difficile à mémoriser, il fait partie de la nouvelle tendance du groupe. L’excellent « Rest My Chemistry » est sans doute le meilleur morceau de l’album. D’emblée, il crée la tension et la maintient jusqu’à la fin par le jeu hypnotique de la guitare et le jeu simple de la rythmique. Les deux s’allient au chant remarquable de Paul Banks pour le plus grand bonheur de l’auditeur.

« Who Do You Think » est un morceau très accrocheur et immédiatement mémorisable. Lui aussi est basé sur la répétition du thème rapide et très nerveux et rappelle les succès passés. Sur un rythme très différent de l’ordinaire, « Wrecking Ball » est aussi un excellent morceau mais il est plus représentatif de la tendance sophistiquée. Ce sont les harmonies vocales qui représentent la nouveauté et suscitent la curiosité du morceau mais il est régi par une tension de tous les instants. Il comporte aussi des passages de toute beauté vers la fin.

« The Lighthouse », est une complainte magnifique et un peu déroutante par son thème musical très subtil et lent où la voix parlée se métamorphose pour se faire plus cajoleuse et même plaintive. Les passages chatoyants à la guitare tranchent avec les autres morceaux. Cette magnifique composition majestueuse vers la fin termine ce remarquable CD.

Album excellent d’un groupe qui ose se remettre en question. Interpol sera le 23 novembre 2007 à Forest National, de quoi se pourlécher les babines. N’attendez pas trop longtemps pour réserver.

Pays: US
Capitol Records 0946 3 96248 2 9
Sortie: 2007/07/09

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