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QUEENS OF THE STONE AGE – Era Vulgaris

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Etonnant à plus d’un titre, « Era Vulgaris ». A chaque nouvel album, Queens Of The Stone Age doit tenter de faire oublier« Songs For The Deaf », sorti en 2002. Il reste son chef-d’œuvre absolu et est assez proche de ce que faisait Kyuss. Ici, le contenu est différent, non seulement par rapport à l’album précité mais aussi par rapport à celui de « Lullabies To Paralyze », sorti en 2005. Il tourne en partie le dos à ce que le groupe a fait avant. On reste dans le rock mais moins pur et dur et avec des variantes plus expérimentales. Pourquoi pas, après tout ? Le rock n’est pas quelque chose de figé et Homme n’aime pas faire deux fois la même chose, ce qui est tout à son honneur.

Cette fois, il a engagé Mikey Shoes, membre d’un groupe peu connu, et Dean Fertita. D’après lui, le premier est « un bassiste qui déchire » et la deuxième « une claviériste et guitariste extraordinaire ». Cela n’empêche pas Josh Homme, Troy Van Leeuwen et Joey Castillo de faire également du très bon travail, comme à l’habitude. Ici, les co-producteurs sont Josh Homme et Chris Goss (Masters of Reality). Alain Johannes, l’ingénieur du son, a enregistré et mixé l’album. Voilà pour les détails techniques.

Plus anecdotique, Joshua Homme a invité son nouvel ami Trent Reznor (Nine Inch Nails), avec qui il a fait une tournée, à venir participer à l’aventure mais n’a pas retenu « Era Vulgaris », le titre auquel il a participé, pour figurer sur l’album. L’explication qu’il donne semble assez fantaisiste. Au contraire, « Sick, Sick, Sick », où apparaît Julian Casablancas (The Strokes), a trouvé grâce à ses yeux. Mark Lanegan est là aussi. Il fait partie de la « famille », même s’il ne fait plus officiellement partie du groupe.

Sur cet album, d’après Troy Van Leeuwen, ils ont tenté « d’exprimer l’inexpressif ». Il dit aussi que les « Desert Sessions » servent de laboratoire pour tester les morceaux avant de les mettre sur l’album. C’est notamment le cas de « Make It With Chu ». Ceci dit, le groupe semble être à la croisée des chemins. En studio, ils ont tous travaillé sur des titres sans avoir une idée précise de ce qu’ils allaient faire et cela se sent mais on sent poindre une direction possible pour le futur. Pris séparément, la plupart des titres sont excellents.

Sur le plan purement musical, les morceaux speedés côtoient les titres plus doux et cela forme finalement un mélange minimaliste plutôt harmonieux mais sans direction bien précise qui constitue un album de transition. Pourtant, « Turnin’ On The Screw » est une entrée en matière excellente et « Sick, Sick, Sick » est de la veine de ce qu’ils ont fait de meilleur, au contraire de « I’m Designer », qui évoque ce que font les Eagles Of Death Metal et s’apparente à une récréation.

Il y a aussi d’autres titres qui méritent une mention spéciale comme « Into The Hollow », un mid tempo remarquablement construit et qui comporte de belles harmonies vocales mais qui rappelle un peu trop les seventies. « Misfit Love » est plus expérimental. Il apporte des sonorités nouvelles et une façon nouvelle d’envisager la musique, en tout cas pour le groupe californien. Les dissonances y sont légion et le traitement de la voix surprend.

« Battery Acid » est un autre morceau qui déménage et laisse des traces. Son rythme simple et répétitif devient rapidement hypnotique et il se laisse mener à son terme à grand renfort de guitares abrasives. Cela tourne à la cacophonie organisée vers la fin, au point que le chant en paraît presque doux. Puis vient « 3’s & 7’s », un up tempo enlevé au pas de charge et au caractère enjoué. La batterie et les guitares entremêlées s’en donnent à cœur joie.

Beaucoup plus doux au début, « Suture Up Your Future » joue le rôle de la ballade de service quand soudain elle est réveillée par des guitares incisives et des percussions enjôleuses. Là aussi, la cacophonie finale décoiffe pour céder la place à une fin courte mais très contrastée. Avec « River In The Road », expérimental et dissonant, et « Run, Pig, Run », qui n’a rien à lui envier et est encore plus distordu, on entre dans le déjanté façon « Desert Sessions » teinté de Eagles Of Death Metal mélangé à du Kyuss bien senti.

Enfin, le très percutant « The Fun Machine Took A Shit & Died » parachève le travail et donnerait des leçons aux groupes expérimentaux comme TV on the Radio ou Blonde Redhead. C’est sans doute vers ça que vont s’orienter les Reines de l’Age de la Pierre dans le futur. Faudra que les fans s’habituent ou changent d’idoles ! Très bon album mais il va désorienter les fans de la première heure.

Vous avez peut-être vu Queens Of The Stone Age à Werchter récemment, entre Bloc Party et les Arctic Monkeys. Eagles of Death Metal, le side project de l’infatigable Josh Homme, sera au Pukkelpop, à Hasselt, le 16 août 2007. C’est une autre occasion de voir le grand chanteur / guitariste / batteur en action.

Pays: US
Interscope Records / Mercury / Universal 0602517353671
Sortie: 2007/06/08

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