EDITORS – An End Has A Start
Beaucoup de ceux qui ont porté aux nues Editors à la sortie de « The Back Room« , leur premier album, sont déjà prêts à les lâcher. On attend toujours au tournant ceux qui ont l’outrecuidance de réussir trop vite. Demandez aux Arctic Monkeys ce qu’ils en pensent.
Pourtant, le nouvel album de Tom Smith et sa bande, qui s’adresse en priorité aux jeunes déboussolés, est une réussite. Ce qu’il manque peut-être, ce sont deux ou trois morceaux de la trempe de « Bullets » ou « Munich » pour accrocher d’emblée mais l’album est suffisamment bon pour s’en passer. Des titres comme « Smokers Outside The Hospital Doors », « An End Has A Start », un magnifique message d’espoir, ou encore le très sensuel « Bones », sont marqués du sceau de la qualité, de l’enthousiasme et de la passion.
Et puis la ballade triste « The Weight Of The World » vaut largement n’importe quelle rengaine et en concert, Tom Smith le tourmenté vaut n’importe quel showman. C’est un atout non négligeable car c’est là que ça se passe aujourd’hui. Que ce soit à Glastonbury ou au Festival T in the Park en Ecosse, le groupe de Birmingham a fait un malheur. Seuls peut-être The Killers ont encore plus déchaîné le public britannique, qui pourtant en a vu d’autres.
Le producteur de ce nouvel album n’est autre que Jacknife Lee. Ce n’est pas un inconnu ; il a parfaitement saisi ce que voulait le groupe et l’a aidé à le réaliser. En tout cas, la production est très bonne, bien qu’un peu lisse. Parmi les autres titres, on notera encore, en dehors de ceux qui ont déjà été cités, « Push Your Head Towards The Air », majestueux et sombre mais teinté d’espoir, « Spiders », qui lui aussi allie le spleen à l’espoir, et le très sombre « Well Worn Hands ». Celui-là, quand on l’a entendu, on n’a plus envie de parler. C’est ça aussi la force des Editors.
Le climat général de l’album est un mélange de réflexion lucide sur l’aliénation urbaine qui traite de l’amour autant que du comportement individuel face à la vie et à ses vicissitudes. On a souvent évoqué Joy Division ou Interpol comme modèles mais l’élève n’a déjà plus guère de leçons à recevoir : il se suffit à lui-même et laisse apparaître un très grand potentiel. Tom Smith est peut-être un autre Ian Curtis mais il reste en vie, lui. C’est bien plus commode pour chanter.
Cet album est sans doute trop british pour réussir aux States mais c’est un autre must d’un semestre riche en CD de qualité. Si vous êtes fan, vous l’avez sans doute déjà acheté. Sinon, ses qualités ne vous le feront pas regretter.
Pays: GB
Kitchenware Records / PiaS 449 3085.020
Sortie: 2007/06/25