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YEAH YEAH YEAHS – Fever To Tell

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Composé de Karen O, chant, Nick Zinner, guitares et drum machine, et Brian Chase, batterie, Yeah Yeah Yeahs est un groupe de la mouvance néo punk mais qui s’en distingue par la prestation de sa « chanteuse ». Celle-là, qu’est-ce qu’elle peut être allumée ! Qu’est-ce qu’elle déconne grave ! Elle est un peu à la musique d’expression anglaise ce que Anouk Grinberg est au cinéma français. C’est simple, elle est de la lignée de David Swanson (Whirlwind Heat), dont elle partage l’imprévisibilité.

Déjà sur « Rich », elle exhibe sa schizophrénie latente, donnant à contretemps un contraste appuyé avec la musique sautillante et répétitive du morceau. Même chose sur « Date With The Night », mais en plus sauvage. Ah ces percussions ! Et le jeu des guitares rappelle la sirène d’une ambulance. Un titre qui arrache littéralement … et là le « phrasé », à la limite de la simulation d’orgasme, relève de la folie pure. Un cas, cette fille ! On est en plein délire ! On n’ose imaginer la suite … On comprend mieux qu’elle puisse tomber de scène lors d’une répétition !

Elle remet ça au carré, en plus fêlé encore, sur « Man », avec un rythme saccadé et syncopé qui dépasse l’entendement. Et pourtant, tout ça tombe bien en place. On imagine à quel point les deux compères doivent s’accrocher pour la suivre. Elle insiste dans « Tick », et là, vraiment, on peut dire que les paroles n’ont aucune importance. A part « tick tick tick » … C’est un deuxième point commun avec Whirlwind Heat.

Même chose dans « Black Tongue » : encore un orgasmo-gargarisme virtuel parsemé de cris stridents accompagnés de borborygmes plus inattendus les uns que les autres. Autre musique, autre style sur « Pin », au rythme toujours aussi syncopé et déroutant, hypnotique, incantatoire et prenant. La combinaison de la guitare, de la batterie et de la voix est irrésistible !

« Cold Light », joué sur un rythme totalement mais volontairement déstructuré (troisième point commun avec Whirlwind Heat, le quatrième étant d’avoir assuré la première partie des White Stripes), montre l’étendue des sons produits par ce phénomène qui retrouve rapidement toute sa verve déstabilisante. Cette petite fofolle, on n’a pas fini d’en parler.

« No No No » paraît presque conventionnel à côté des autres titres mais l’impression est de courte durée car ici, elle s’arrête de chanter à tout bout de champ, au moment où on ne s’y attend pas. A aucun moment, on ne sait où elle va nous emmener ! En tout cas, le voyage est déroutant et ma foi fort agréable. Sa voix et sa façon de « chanter » rappellent un peu Siouxsie (avec ses Banshees). Don’t disturb, on est en plein trip et il nous emmène loin, très très loin !

« Maps » marque une nouvelle étape dans l’émerveillement : notre schizophrène est en pleine phase descendante. « Y Control » nous ramène une chanteuse proche d’une certaine sagesse nouvellement acquise. Les rythmes sont toujours aussi peu conventionnels et tout aussi saccadés.

Et puis vient LA bonne surprise : notre sympathique folle de service nous susurre une ballade très calme avec une douceur inimaginable il y a quelques minutes à peine, même si pendant tout le morceau, la « drum machine » martèle son rythme implacable. Après trois minutes, arrêt sur image, pourrait-on presque dire, tant on imagine la furie sur scène, pendant une minute et demie : toujours ces interruptions que l’on dit géniales … dont je vous ai déjà dit tout le mal que j’en pense … On reprend ensuite avec une voix qui rappelle un peu Kristin Hersh, sur une musique très lente, ponctuée de percussions lancinantes. Tout ça se termine dans un demi silence que l’on imagine lourd de menaces …

Cet album aux chansons très courtes dans leur majorité, qui donnent à l’ensemble une dynamique interne, est très original dans le genre. On imagine le punk rock comme quelque chose de monolithique mais il n’en est rien : ce cd le prouve à suffisance. Ce qui frappe aussi tout au long de ce CD, c’est la cohésion entre les membres du groupe. Le résumer à la prestation de la chanteuse est tout aussi réducteur : les musiciens sont de qualité, même si c’est elle qui donne une âme au groupe. Enfin, n’attendez rien du livret : très pictural, il vous donne très peu d’information. Il est bien dans la lignée du punk des années 70 : minimaliste.

Rappel des titres :

  1. « Rich »
  2. « Date With The Night »
  3. « Man »
  4. « Tick »
  5. « Black Tongue »
  6. « Pin »
  7. « Cold Light »
  8. « No No No »
  9. « Maps »
  10. « Y Control »
  11. « Modern Romance »

Pays: US
Dress Up/Polydor Records 076 135-2
Sortie: 2003/04/29

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