GAHAN, Dave – Paper Monsters
« Les monstres de papier, ce sont toutes les choses qui nous détournent de notre chemin. Cela peut être la drogue, l’alcool, ou autre chose. On croit qu’elles sont indispensables mais ce n’est pas le cas » , nous dit Gahan. L’amour l’a sauvé de la drogue qui a bien failli lui coûter la vie mais il ne se considère pas comme guéri car la vie est pleine d’embûches. A aucun moment, il ne se pose en moralisateur et d’ailleurs, sans l’aide de son ami Knox Chandler, il n’y serait peut-être pas arrivé. Son ami lui est indispensable pour s’en sortir car les tentations sont toujours là …
C’est dans ce contexte que Dave Gahan s’est enhardi au point de sortir un album solo dont il a composé les paroles, alors que dans Depeche Mode, c’est Martin Gore qui s’en chargeait. L’album nous décrit les sentiments qu’il a éprouvés au cours de toutes ces années de gloire, de déchéance et de renaissance à la vie.
Line-up : Dave Gahan (voix, claviers, Fender Rhodes, harmonica et glockenspiel), Knox Chandler (guitares, dulcimer, violoncelles, basses, clavier / sampler, vibraphone, programmation et tous les arrangements des cordes). Les autres musiciens apparaissent suivant les circonstances. On doit la production de cet album à Ken Thomas.
Le très beau « Dirty Sticky Floor », avec Dee Lewis (backing vocals), parle de ses jours de galère, où il s’endormait dans des lieux sordides, sa seule préoccupation étant de se procurer de la came. « Hold On » est un chant d’amour et de reconnaissance pour celle qui lui a montré un côté plus positif de la vie, sur une musique très douce et intimiste qui illustre bien le propos.
« A Little Piece », avec Victor Indrizzo (batterie), Douglas Petty (piano), Jane Scarpantoni (violoncelle), Antoine Silverman, Maxim Moston, Joan Wasser (violons) et David Gold (violon alto), a aussi un côté très doux. Il décrit la solitude en l’absence de l’être aimé pendant les périodes de doute et de souffrance morale. Poignant !
« Bottle Living », avec Paul Garisto à la batterie, décrit parfaitement les méfaits de l’alcoolisme par petites touches (« un marin sans boussole », « un homme qui n’écoute pas quand on lui parle », qui « vit pour la bouteille » et surtout « un chien qui ne sait plus mordre mais cherche toujours la bataille »), le tout sur un rythme bourré d’énergie et répétitif.
« Black And Blue Again » avec Victor Indrizzo (batterie), Jane Scarpantoni (violoncelle), Antoine Silverman, Maxim Moston et Joan Wasser (violons), et David Gold (violon alto) et ces percussions qui rappellent le remarquable film « Trainspotting », énonce les tentations et les petites méchancetés, au moment où tout peut encore basculer. L’appoint des cordes donne une dramatisation supplémentaire à l’ensemble. Remarquable !
« I’m back in the room with the two way door / I don’t know where it is sure been there before / The thoughts in my head I just can’t describe / They’re too insane all outside »
« Stay », avec Douglas Petty (piano) et Jolyon Thomas (tambourin et tom), raconte une autre histoire d’amour et de peur de perdre l’être cher. « I Need You » raconte aussi une histoire d’amour mais celle-là n’a plus cours aujourd’hui, sur une très belle mélodie. « Bitter Apple » s’égrène sur une mélodie douce amère : c’est le retour d’un amour teinté de mélancolie.
« Hidden Houses », avec Victor Indrizzo et Paul Garisto à la batterie, joue d’un autre registre nettement plus musclé et parle d’un rescapé à la recherche de sa propre identité. Le duo / duel des batteries est splendide ! « Goodbye », avec de nouveau Paul Garisto à la batterie, est une autre chanson d’amour sur une musique très douce et lancinante où l’onirisme le dispute à l’hypnotisme. Très classe pour terminer ce très bon CD !
Dave Gahan, débarrassé de ses démons, prouve qu’il peut rivaliser avec les meilleurs, y compris sur le plan de la composition ! Gageons que cette expérience en appellera d’autres !
Pays: GB
Mute Records / PiaS Costumm 216/391.0216.020
Sortie: 2003/06/03