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MIAM MONSTER MIAM – L’homme libellule

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Sans doute affamé par les années galère dans le fief qui a permis l’éclosion du talent des frères Dardenne, Benjamin Schoos prend un jour le nom de Miam Monster Miam. Ses albums folk ont un certain succès ; l’homme aux multiples talents, insaisissable et intègre, change de cap et revient à ses premières amours. Son style de musique vogue entre pop rock et chanson française, entre Serge Gainsbourg et Hubert-Félix Thiéfaine, entre humour décapant et inventivité poétique teintée d’électronique et agrémentée d’un zeste de hip hop et de slam.

Le premier titre, « La mystérieuse aventure », un instrumental électro plutôt classique, est de bon augure. Il annonce un voyage géo spatial teinté de mystère. Par le biais des créations virtuelles dont on perd le contrôle, « The dragonflyman » lui emboîte le pas et appelle de ses vœux la sagesse de l’homme quand il se livre à des expériences dont il ignore les conséquences. Substituant Benjamin Schoos à Serge Gainsbourg et Sophie Galet à Jane Birkin, « 69 love songs » est un « 69, année érotique » à la manière très poétique de Miam.

Sur « Insectorama en mélodie pop », il est accompagné par Sophie Galet, sa compagne, dans un duo plein de tendresse et de poésie. C’est le côté chanson française qui aborde l’insoutenable légèreté de l’être quand il se conjugue au féminin. « La valse de l’homme libellule » est un morceau doux amer qui souligne la fragilité des choses et la marche inexorable vers un monde inconnu. Sur le très inventif « Saligotte Sally », il exploite son goût pour les mots et les phrases poétiques et évoque la femme insaisissable et un brin infidèle.

Dans le style enjoué et sensuel, « Ninja fury » se déroule sur un tempo plus rock auquel le dialogue entre les voix donne un attrait supplémentaire. Cette évocation de ses fantasmes féminins met en exergue la sulfureuse et belle Asia Argento. Connaisseur, l’ami Ben. En plus électronique, « Plutonium baby » chatouille un sujet dans l’air du temps et, sans avoir l’air d’y toucher, l’égratigne en s’interrogeant sur l’avenir de l’humanité. « Love ADN (audiocament) » est une réflexion salutaire et à peine déguisée sur les relations humaines virtuelles où le contact physique est absent. Sans le vouloir, on a dénaturé l’amour. Dans un trip semblable, où le mystère côtoie la réflexion, « The Takeshi ATT cloning love machine » survole les mêmes eaux inconnues et fustige à sa manière décapante les clonages et les expérimentations où l’absence de sagesse est manifeste.

Saupoudré de bruitages électro sur fond de musique de jazz, « Plutanus 91 » met en parallèle le quartier liégeois déshumanisé des Guillemins, les hauts-fourneaux sérésiens et les spectacles sur les chaînes de télé pour en tirer un monde imaginé de toute pièce pour pallier la misère, où les gens se sentent à l’aise. Il dépeint ainsi le monde factice de la téléréalité pour mieux en montrer la vanité et les illusions qu’elle engendre. « The last ninja (final Commodore 64) » rêve de substituer à la folie du monde un amour planétaire auquel rien ne résiste, appelant ainsi de ses vœux un autre monde que l’on voudrait réalisable. Enfin, par section de cuivres interposée, « L’enfant cosmique sérotonine trumpet blues » est une variation tonique sur fond de musique surprenante mais qui se voudrait rassurante. La balle est dans le camp de l’homme. Que va-t-il en faire ?

Miam Monster Miam passe en ce moment à la radio sur La Première dans « Le jeu des dictionnaires », l’émission de Jacques Mercier. On peut y apprécier son sens de l’humour décapant en compagnie des joyeux drilles de service, dont Juan d’Oultremont, le talentueux auteur de la préface. Il sera la vedette de l’émission « Sacré CD » sur Pure FM le 20 juin en compagnie de Alexandra Vassen. Enfin, il sera très bientôt en concert en Belgique (consultez notre agenda). Réservez-lui l’accueil chaleureux qu’il mérite.

Pays: BE
Freaksville FRVR11
Sortie: 2007/06/08

One thought on “MIAM MONSTER MIAM – L’homme libellule

  • S’il faut reconnaître un talent d’écriture évident à Benjamin Schoos,il est aussi à remarquer que sur scène (comme ce soir ,place de la Monnaie Bxl)son humour ne passe pas trop la rampe.Musicalement c’est assez pénible ,même si on a conscience qu’il faudrait tout prendre au second degré.Il est loin le temps où le merveilleux Jacques Stotzem l’accompagnait à la guitare.
    Ce soir ,Miam Monster Miam a partagé le podium avec son complice (mentor? )Jacques Duvall,qui lui également a écrit de petites perles ‘pop’ intelligentes, mais sur scène ,c’est loin d’être convaincant,Mr Duvel avait ingurgité pas mal de mojitos avant de nous faire sentir qu’il est bien plus malin que nous.
    Heureusement ,il reste les disques,enfin c’était marrant de réentendre ‘je te hais’,parodie superbe de ‘ti amo’.

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