BRIGHT EYES – Cassadaga
Le jeune Conor Oberst, jeune prodige intelligent et bourré de talent, est la figure emblématique et le leader de Bright Eyes. Celui que l’on appelle parfois « le nouveau Bob Dylan » est né dans le Nebraska mais il vit maintenant à New York. C’est un habitué des textes acerbes et assez hermétiques mais perso, par ses textes mélancoliques, il me fait plutôt penser à Lloyd Cole. Son style folk fait aussi penser à The Isles, qui viennent de sortir un album très réussi. C’est un autre groupe en vue de la « grosse pomme ».
Admirateur de Neil Young et de Bruce Springsteen, Conor Oberst est un des membres permanents du groupe avec Mike Mogis, l’homme à tout faire, et Nate Walcott, qui joue de la trompette et s’occupe des claviers. Généralement, ils font appel à une flopée de musiciens pour étoffer leur musique et habiller leurs morceaux par des arrangements judicieux et des harmonies vocales très réussies.
Sur cet album intitulé « Cassadaga », les textes sont un peu moins percutants mais ils restent souvent difficiles à appréhender. En tentant de comprendre ce qu’il dit, on est gêné par sa prononciation et par la puissance des instruments. En essayant de comprendre ce qu’il écrit, on bute souvent sur des propos contextuels qui découlent de la culture, de l’environnement social, politique ou économique de l’anglais américain. Il faudrait vivre aux Etats-Unis pour en saisir le sens profond et en retirer toute la substance.
« Clairaudients (Kill Or Be Killed) » est un remarquable titre collage semblable à « Revolution 9 », un extrait de l’album « Double Blanc » des Beatles. Il frise le génie par son côté expérimental et son inventivité mais il risque de rebuter pas mal d’auditeurs. « Four Winds » est sorti en single. L’accent y est mis sur la mélodie, les harmonies et le violon, parfois un peu envahissant, mais ce sont surtout les religions qui y sont dénoncées.
« If The Brakeman Turns My Way » est une ballade limite sirupeuse mais les paroles la transforment et donnent à réfléchir. « Hot Knives » est un titre très rythmé où les guitares trouvent une place au milieu des claviers. « Make A Plan To Love Me » est un morceau très doux enveloppé par les harmonies vocales et les cordes.
Ce sont les guitares qui émergent sur « Soul Singer in A Session Band », un titre assez heurté. « Classic Cars » est une chanson folk bien charpentée et agréable à écouter. Le violon fait une nouvelle incursion au sein de « Middleman », une autre très belle ballade avec des accents orientaux dont les arrangements sont très bien choisis. Plus on l’écoute, plus on l’aime.
Doté d’une mélodie agréable, « Cleanse Song » est assez minimaliste sur le plan des instruments. « No One Would Riot For Less » est un réquisitoire mordant contre la guerre. « Goat Check Dream Song » ajoute un semblant de dynamisme à cet album qui demande une écoute attentive. « I Must Belong Somewhere » est un titre country assez exubérant. « Lime Tree » est un morceau très doux qui fait la part belle à la voix de Conor Oberst, à peine dérangée par des cordes lointaines. L’album se termine ainsi dans un climat assez sombre.
Moins cinglant que les albums précédents, « Cassadaga », produit par Mike Mogis, offre une tranche de vie agrémentée de voyages à travers l’Amérique profonde. Il nous offre les réflexions d’un auteur / compositeur qui cherche encore sa voie et vit dans l’incertitude. Ses prises de position contre la religion ou la guerre sont néanmoins tranchées et ne laissent aucune place au doute.
Pays: US
Saddle Creek / Polydor 1732010
Sortie: 2007/04/06