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VANILLA FUDGE – Out Through The In Door

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Pour les fans des sixties, Vanilla Fudge ne présente guère de mystère. Formé en 1965, le groupe américain joue d’abord du rhythm and blues sous le doux vocable de The Electric Pigeons mais en assistant à un concert des Vagrants de Leslie West, il a une sorte de révélation qui infléchit le cours de sa carrière.

Pour faire très court, le groupe modifie les arrangements des standards de l’époque et lorsqu’il remplace au pied levé les Vagrants de Leslie West, il est remarqué par un manager perspicace, Phil Basille. Celui-ci décèle rapidement le potentiel des Pigeons, qui ont été rejoints par le guitariste Vince Martell. Contre vents et marées, le manager encourage leur créativité. La musique devenant plus complexe, le groupe perd rapidement son batteur. Impressionné par le jeu de Carmine Appice, le groupe l’engage pour lui succéder. Vanilla Fudge est né.

Un jour, les deux membres originels, Mark Stein, l’organiste, et Tim Bogert, le bassiste, entendent The Supremes (avec la future « diva » Diana Ross) chanter « You Keep Me Hangin’ On » et le groupe décide de l’interpréter d’une autre manière et sur un tempo plus lent, après avoir testé ses propres arrangements sur scène. Le producteur, George « Shadow » Morton, décide d’en faire un single. Le succès est immédiat. La vraie carrière de Vanilla Fudge peut commencer.

Ce qu’il faut retenir, c’est que le groupe trouve à l’époque un moyen terme entre deux conceptions du rock : la musique psychédélique, fort bien illustrée par « Black Mountain Side » sur « Out Through The In Door », et le « heavy metal » naissant, bien représenté ici par « Fool In The Rain ». Epuisés par les tournées incessantes, les membres du groupe décident de se séparer au début de 1970.

Presque quarante ans plus tard, sur le présent album, qui fait référence à un des derniers albums de Led Zeppelin, « In Through The Out Door », dont il reprend quelques titres, avec le même line-up, Vanilla Fudge ose s’attaquer à un monstre : interpréter des morceaux pour la plupart très connus. Il parvient pourtant à tirer son épingle du jeu et à être crédible, même si les fans du Zep préféreront toujours les versions originales.

Sur « Your Time Is Gonna Come », l’orgue de Mark Stein est plus présent que dans la version avec les arrangements de John Paul Jones. Ce n’est pas aussi percutant, ce n’est pas meilleur, c’est différent mais le morceau tient la route. « Immigrant Song » débute de manière plus classique mais rapidement, le morceau devient plus proche de celui du Zep et ne change rien de fondamental. C’est surtout sur le plan vocal que la différence se fait sentir. Tout le monde n’a pas les qualités de Robert Plant mais tous les membres de Vanilla Fudge chantent et le font bien.

« Ramble On » débute aussi de façon classique mais rapidement, la différence de style apparaît et on se dit que Vanilla Fudge n’a décidément peur de rien et surtout pas d’être ridicule. Il ne l’est d’ailleurs à aucun moment mais tout le monde n’apprécie pas ses fioritures. Dans le genre, on doit pourtant lui reconnaître un savoir-faire indéniable. « Trampled Under Foot » débute aussi par des arrangements psychédéliques avec guitare wah-wah un peu lourds et datés. Cela s’améliore par la suite mais sans atteindre des sommets, malgré la ligne de basse de Bogert et le jeu implacable et précis de Appice.

L’interminable « Dazed And Confused » n’a jamais été mon titre préféré de Led Zeppelin; bien que très bonne, l’interprétation de Vanilla Fudge n’est pas de nature à me faire changer d’avis, même si la deuxième partie du morceau est plus « spittante » (orthographe non garantie) que la première. Pour connaître la signification du mot wallon liégeois, demandez à une personne âgée parmi vos connaissances. Votre culture en sera enrichie d’autant. La version de « Black Mountain Side » est bien habillée au début mais c’est surtout la partie acoustique qui est impressionnante : elle vaut celle du Zep.

« Fool In The Rain » figure sur « In Through The Out Door », l’album du quatuor anglais. Elle est franchement indigeste dans sa version « américaine », même si la rythmique donne tout ce qu’elle a. « Babe, I’m Gonna Leave You » est un standard qui résiste au temps. Bien que différente, la version mi-calme, mi-musclée de Vanilla Fudge tient la route malgré des claviers un peu envahissants. Mais c’est la marque de fabrique du Fudge.

La version de « Dancin’ Days » est très supportable et n’est pas très différente de la version anglaise sauf sur le plan vocal. L’interprétation très musclée de « Moby Dick » respecte en tous points l’original et constitue une brillante réussite. Le talent des musiciens est impressionnant et c’est sur ce titre qu’il est le plus perceptible. Bien que daté et un peu long (c’était la mode à l’époque), le solo de batterie est impressionnant. De quoi réveiller le bouillant John Bonham.

« All My Love » est une composition de John Paul Jones et Robert Plant. Très douce au début dans sa version Vanilla Fudge, elle illustre enfin les capacités et les harmonies vocales du quatuor US, souvent peu ou mal mises en valeur. Ici, c’est parfait. Loin de tenter d’imiter le style de Jimmy Page, le guitariste a la bonne idée de jouer à sa manière. « Rock And Roll » termine en force et illustre le punch qui décoiffe et la capacité rythmique du groupe américain. Brillant !

Si vous êtes curieux de nature, si vous aimez les claviers, si vous désirez vous surprendre, cet album de Vanilla Fudge fera l’affaire et vous ouvrira peut-être des horizons nouveaux en vous faisant découvrir des aspects mal connus du rock. Pour les esprits aventureux, la qualité des musiciens est en tout cas un gage de qualité.

Pays: US
Escapi Music EMUS 20078
Sortie: 2007/03/12

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