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AZZEDEEN – 37238

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Contrairement à beaucoup d’auteurs / compositeurs actuels, Azzedeen n’a pas choisi la voie facile. Son premier album, « Azzedeen« , véhiculait des idées généreuses et s’appuyait sur des musiques d’origines diverses. Rien n’a changé, ni la détermination d’Azzedeen, ni hélas la situation des plus démunis. Cet album comporte une dimension plus politique, cette fois.

Azzedeen est un citoyen du monde qui nous fait part de ses peurs, de ses espoirs, de ses rêves de justice et d’équité. Il nous livre ici 10 titres qui s’inscrivent dans la continuité de l’album précédent. Chantés en anglais ou en français, parfois avec quelques mots arabes ou en dialecte africain, ils sont inspirés par le blues, la musique du maghreb ou le jazz mais Azzedeen les intègre dans sa façon d’imaginer la musique et la vie. Il imagine une vie tranquille qui ne serait pas perturbée par le profit ou l’ambition, un monde vivable tel que nous le souhaitons tous à notre manière. En cela, il touche à l’universel.

Ainsi, sur « Es Salam Alikum Sam », où il évoque son origine maghrébine sur un air proche du bal musette, il s’adresse aux africains et à tous les opprimés de la terre. Il imagine un palestinien et un israélien se donnant la main. Sur un rythme syncopé, il chante en français et en anglais mais quelqu’un chante aussi dans un dialecte africain sur « Qu’est-ce que je peux faire ? », où il se pose des questions sur le rôle d’un chanteur / compositeur. Comment peut-il faire avancer le schmilblic ?

Sur un rythme folk, chanté en anglais mais avec des paroles en dialecte africain, « Dem Dem De » est un bon titre où il évoque de nouveau l’Afrique et son cortège d’opprimés, de malades et de laissés-pour-compte. Il laisse néanmoins un message d’espoir car on a atteint le fond et il affirme malgré tout sa confiance en l’homme. « Demande à la poussière » renoue avec la poésie mais évoque la violence régie par l’argent et la soif de pouvoir. Elle frappe des gens innocents et sans histoire et crie vengeance.

C’est sur un rythme jazz rock tempéré par la présence d’un accordéon que « Liberté Egalité Fraternité » dénonce les inégalités profondes issues du rejet de l’autre et qui sévissent dans le monde occidental. « Ils ont longtemps marché » est un instrumental entrecoupé de “Hey ! Hey !“ et joué sur un rythme blues rock. Il évoque la longue route, les doutes et les souffrances de ceux qui combattent pour la paix.

« I Don’t Mind A Dime » parle de la nécessité de changer la donne qui régit le monde occidental et l’indifférence quasi générale envers la pauvreté qui règne au Sud. « I’m A Fighting Man » est un blues qui raconte l’histoire d’un combattant qui risque la prison parce qu’il dérange et sa fierté d’agir pour le bien général.
Sur un rythme guilleret, « Je veux plus travailler » est une fantaisie onirique qui permet à l’auditeur de respirer après la description de toute la misère du monde. L’auteur y décrit l’attitude d’indifférence et le rejet des tracas propre au monde occidental lassé de toute cette misère contre laquelle personne ne croit pouvoir agir. « Sweet Home Chicago » est un blues lancinant qui s’étire en douceur, comme pour marquer le retour à la maison, synonyme de bonheur et de paix retrouvée.

Album qui interpelle par sa modération et, par l’absurde, nous rappelle en un peu moins de 36 minutes nos privilèges de nantis et notre indifférence à l’égard des autres. Azzedeen préfère se battre avec des mots plutôt qu’avec des bombes mais sa détermination est grande. On entendra encore parler de lui !

Pays: FR
AAF01 autoproduction
Sortie: 2007/03/26

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