SHINS (The) – Wincing the Night Away
Créé en 1996 à Albuquerque, Nouveau-Mexique, The Shins est un des premiers groupes à se faire connaître grâce à Internet en 1999 à l’époque de Napster ce qui leur vaut d’être remarqués par le label Sub Pop, bien avant le phénomène MySpace et les Arctic Monkeys.
En 2001, le film indépendant Garden State avec Nathalie Portman leur donne une notoriété en portant le titre « New Slang » figurant dans leur premier album « Oh, Inverted World », qui sera suivi par « Chutes Too Narrow » en 2003. Chacun des albums se vend à plus de 500.000 exemplaires, une des meilleures ventes du label.
Le compositeur et maître d’œuvre James Mercer, 35 ans, persiste et signe avec « Wincing the Night Away » dans un style pop-song jamais pompeux, à la fois triste et joyeux, mêlant recherche mélodique et harmonies vocales, qui se dévoilent tout au long de l’album. « Sleeping Lessons » ouvre l’album en douceur pour atteindre des sommets mélodiques dans un style qui rappelle les Manic Street Preachers. « Australia » vient raviver nos souvenirs smithiens avec ses effets de voix à la Morrissey. « Pam Berry » est un court intermède porté par un riff qui rappelle l’hymne surf Misirlou de Dick Dale, glissant vers le très Beach Boys « Phantom Limb » qui confirme l’ancrage pop vocale, à quelques encablures de REM.
Sur « Sea Legs » la voix de James Mercer joue les acrobates sur un clavier électronique vintage digne de Air et une ligne de basse qui sonne comme du bon Simple Minds. Dans la suite de « Sleeping Lessons », « Red Rabbits » vient nous apaiser avec des sons de pedal steel guitar et son synthé distillant des harmonies psychédéliques. « Turn on Me » est un parfait croisement entre Travis et Calexico. Chacune des chansons est parfaitement calibrée, sans fioritures, et excède rarement les trois minutes et demi. « Black Wave » est un titre en apesanteur, où une trame d’arpèges de guitare acoustique est perturbée par des effets aériens. « Split Needles » prolonge le voyage avec ses effets de notes jouées à l’envers. L’album se clôt sur « Girl Sailor » et « A Comet appears », un peu décevants.
Au final, on peut s’amuser à reconstituer le puzzle des influences à l’écoute de cet album et personne ne restera sur sa faim. On est ici partagé entre le désir d’applaudir et le côté trop appliqué qui énerve chez les premiers de la classe. Voilà un disque qui ravira les amateurs de pop arty qui faisait fureur sur les radios des campus américains au milieu des années 80. Il est en effet difficile de résister à un morceau comme « Turn On Me », quand on pense aux nombres de disques trop souvent avalés et digérés en un rien de temps…
Pays: US
Sub Pop SPCD 705
Sortie: 2007/01/29