STARSAILOR – Silence Is Easy

Starsailor se compose de quatre sujets de Sa Majesté originaires du Lancashire, James Walsh, voix , guitares, James Stelfox, basse, Ben Byrne, batterie, tous membres fondateurs, et Barry Westhead, claviers, qui est venu les rejoindre un peu plus tard. Le premier simple du quatuor anglais, « Fever », a eu un succès immédiat, a été encensé par la critique et a été suivi de plusieurs tournées qui les ont fait connaître en Angleterre. Ils avouent être influencés, entre autres artistes, par Tim Buckley, dont le cinquième album s’appelle … Starsailor, Van Morrison et Neil Young. Rien que du beau monde !

A l’écoute de « Music Was Saved », qui ouvre le CD, leur musique fraîche et « propre » fait penser à Peter Frampton, à part la voix de James Walsh. C’est un rock sans surprise et agréable à l’oreille. « Fidelity » est basé au début sur un rythme lent très particulier qui est rapidement agrémenté d’une batterie agressive récurrente et de riffs de guitare qui le sont tout autant. La voix indéfinissable de James Walsh, chanteur timide et réservé mais inimitable, perturbé par son mal de vivre, fait merveille. Bien que les compositions soient attribuées au groupe tout entier, c’est lui qui fait l’essentiel et qui est pour beaucoup dans le succès du groupe.

Grâce à « Some Of Us », on s’aperçoit que le côté chatoyant a fait long feu et qu’une langueur douce amère envahit l’esprit. Le romantisme n’est décidément pas mort et cette fois, le punk revival est loin d’avoir tout balayé sur son passage comme dans les seventies. En fait, on est en face d’une introspection profonde sur l’attitude face à soi-même et face à la vie. On est très loin du côté gentillet du début et cette plage recèle même un côté inquiétant. A vous de le découvrir … Produit par Phil Spector, « Silence Is Easy » est une des pièces maîtresses de l’album. L’utilisation du piano y rappelle un peu ce qu’a fait Bowie dans « Heroes ». James Walsh interroge / s’interroge : pourquoi ces ragots, pourquoi cette haine à son égard ?

Dans la foulée, la belle mélodie de « Telling Them » est enrichie par des arrangements un peu ampoulés des instruments à cordes dus à Leo Abrahams. Parmi les musiciens de l’orchestre, Lucy Theo, qui accompagne parfois Bryan Ferry en tournée, joue du violon alto. La musique rappelle celle de Neil Young et le thème abordé est l’angoisse vaincue par l’amour.

Le rythme de « Shark Food » est beaucoup plus enlevé mais les paroles sont répétées à satiété et on ne peut éviter une certaine monotonie, rachetée par une fin surprenante. « Bring My Love » raconte le retour de son amie à la maison et il le crie sur tous les toits. Ce titre ne va pas laisser de souvenir impérissable, au contraire de « White Dove », produit par Phil Spector, qui se décline sur un tempo très lent teinté de mélancolie douce amère. Soutenue tout en douceur par les violons, la guitare acoustique crève l’écoute. L’influence de Neil Young est ici déterminante.

Après quelques écoutes, « Four To The Floor » ressort aussi du lot comme un excellent titre. Les arrangements sont ici moins pompeux et soutiennent la très belle mélodie. On renoue de manière temporaire avec le côté intimiste du premier album, tandis que le très beau « Born Again » flirte avec un rythme assez lent qui accentue encore le côté mélancolique mais il est soudain coupé en deux par un break inattendu. « Restless Heart » traite de l’amour, sujet universel par excellence, et en particulier de l’inquiétude après chaque départ de l’être aimé. Vous l’avez compris, on verse dans le mode low key pour terminer …

Cet album mérite le respect par la variété de l’inspiration des compositions, constituées d’une musique très agréable et de paroles intelligentes. Pour une fois, le chant est un des points forts du CD mais l’ajout des claviers et des instruments à cordes donne de la profondeur à l’ensemble.

Le CD est copy controlled. Selon la formule consacrée, cela affecte la copie mais aussi l’écoute !

Pays: GB
EMI Records 7243 5 91741 2 9
Sortie: 2003/09/15