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CAMPBELL, Isobel – Milkwhite Sheets

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Elle a fait partie de Belle & Sebastian, le groupe écossais bien connu, occasionnellement comme chanteuse mais principalement comme violoncelliste, et de The Gentle Waves, un projet parallèle. Elle vient de sortir un autre très bon album avec Mark Lanegan (The Screaming Trees, Queens Of The Stone Age), « The Ballad Of The Broken Seas », alliant l’eau et le feu avec talent. Isobel Campbell nous revient peu de temps après pour nous offrir un album solo, mélange de musique traditionnelle et de compositions personnelles. A vrai dire, on ne voit guère la différence tant elle a assimilé parfaitement le style de la musique folk traditionnelle des îles britanniques.

On doit mettre en exergue le caractère feutré et intimiste de cette musique très dépouillée, en parfaite harmonie avec la photo de couverture, et sa voix éthérée très douce, comme si elle voulait nous forcer à nous concentrer sur ce qu’elle nous dit, ou plutôt sur ce qu’elle nous confie. Elle traite ses sujets un peu à la manière de Nick Drake. Même si elles évoquent parfois des relations amoureuses, ses chansons dégagent un mélange de tristesse, de langueur et de solitude. Cela n’enlève rien à leurs qualités respectives.

« O Love Is Teasin’ » est un court morceau traditionnel adapté par la belle écossaise, qui cultive un look à la Jean Seberg peu en rapport avec ce qu’elle nous donne à connaître de sa personnalité. On le sait depuis longtemps, il ne faut pas se fier aux apparences. Elle y parle de la famille qu’elle a quittée pour l’amour d’un jeune homme peu reconnaissant, de la fragilité et du caractère éphémère de l’amour. Isobel la toute belle reprend ensuite « Willow’s Song », une composition érotique de Paul Giovanni pour le film The Wicker Man, un thriller de 1973 qui traite de l’occultisme. Ce morceau est un monologue amoureux destiné à l’être aimé cette fois, toujours sur le ton de la confidence, au point que la voix est parfois couverte par des instruments pourtant discrets. Cela crée un climat de tension qui rappelle celui du film.

Sur « Yearning », sur une musique très douce rehaussée par sa prestation au violoncelle, Isobel Campbell énonce différentes facettes du rêve. Son avantage, nous dit-elle notamment, est d’attiser le désir. Sur l’instrumental « James », elle remercie à sa façon James Iha (Smashing Pumpkins, A Perfect Circle) et tente de lui prouver qu’elle a bien assimilé les trucs qu’il lui a appris à la guitare. Les arrangements des instruments à cordes conviennent très bien à ce morceau.

Adaptée par la belle, « Hori Horo » est une autre chanson d’amour traditionnelle dont la mélodie est vraiment sublime. Elle met bien en évidence la guitare acoustique. La chanson du renard, « Reynardine », est aussi un morceau traditionnel qui imagine la rencontre insolite entre une jeune fille et le plus fûté des animaux. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à un conte pour enfants. Sur « Milkwhite Sheets »; elle renoue avec la pratique du violoncelle pour nous régaler avec ce morceau hélas très court.

Avec « Cachel Wood » et « Beggar, Wiseman Or Thief », elle nous offre deux de ses compositions. Qu’elle évoque le rêve ou une rencontre avec l’être aimé, sa voix tendre et mélancolique semble s’adresser à des enfants. Cela permet de juger à quel point elle a assimilé la chanson folk traditionnelle. Sur « Loving Hannah », elle chante a capella et on peut à loisir y apprécier la qualité de sa voix. Chacun pourra se faire une opinion en fonction de ses affinités. Pour une fois, les instruments se font entendre sur la chanson traditionnelle « Are You Going To Leave Me », au point de parfois couvrir la voix. La production de la belle Isobel n’est sans doute pas exempte de reproche. Le violoncelle réapparaît pour le plus grand bonheur des amateurs sur l’instrumental « Over The Wheat And The Barley », une autre de ses compositions.

Le long « Thursday’s Child » est le plus beau morceau de l’album. Son rythme répétitif, les percussions discrètes, le violoncelle et le jeu de guitare de James Iha en font tout le charme et conviennent parfaitement au climat de ce morceau envoûtant. Par sa douceur tout à la fin, il pourrait servir de berceuse pour un enfant qui tarde à trouver le sommeil tant la musique se fait cajoleuse.

Sur cet album fascinant et plein de fraîcheur qui demande une écoute patiente, où émergent principalement la voix de la chanteuse, la guitare acoustique et les arrangements tels qu’on les pratiquait au cours des années 60 dans le folk anglais, on peut éprouver des sentiments divers mais le plaisir auditif que l’on en retire vient petit à petit et s’impose de plus en plus de manière envoûtante. L’album tout en nuance n’a d’intérêt que pour qui sait écouter sans préjugé. Si vous cherchez un équivalent de Motörhead ou AC/DC, ce n’est pas avec ce CD que vous trouverez votre bonheur. Au contraire, pour en donner une idée approximative, si vous aimez Enya et ce genre de musique, vous serez séduit.

Pays: GB
V2 VVR1043452
Sortie: 2006/10/30

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