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HIGELIN, Jacques – Amor Doloroso

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Après huit ans de silence relatif, Jacques Higelin revient au monde avec Amor Doloroso. L’album est publié par Odeon, un label discographique né à Berlin en 1904, fondateur d’EMI en 1931. Odeon vient de renaître en France, après avoir somnolé pendant deux décennies, bien qu’ayant auparavant édité Barbara, Léo Ferré, les Beatles… Double résurrection donc – réjouissante – d’Odeon et d’Higelin.

En montant son récital Higelin chante Trenet en 2004, il se positionne comme l’héritier direct du « fou chantant ». En 2006, ce sont Bénabar, Christophe Mali (chanteur de Tryo), Cali et d’autres, qui affirment l’importance de Jacques Higelin.

Qui peut mieux que lui, à 66 ans virevoltants, psalmodier en blues lancinant « Pour toi/Mon amour/Je voudrais avoir/Une longue, longue/Longue, longue et large/Queue/De paon », sans faire le paon, et sans paraître lubrique ou vieux beau? Le grand Jacques, l’auteur des albums coups de poing BBH 75 (1974) et Irradié (1976) est de retour.

A la sortie de Paradis païen, en 1998, il est en bas. Il pédale dans le vide. Il donne des concerts fleuves, parle en abondance, engueule, tombe dans la blague scato… Il est insupportable. Mais le percussionniste et ami Dominique Mahut – un grand chauve qui cultive une attitude zen, droit, muet, précis – lui sauve la mise. En duo, ils repartent sur les scènes après avoir écouté tout Trenet.

Higelin se réfugie aussi dans la haute vallée de Chevreuse, dans un ancien manège à chevaux transformé en ateliers d’artistes. Il réécoute tous ses disques et constate que, après l’album Tombé du ciel (1988), ça ne marche plus. Ni Illicite (1991), ni Aux héros de la voltige (1994), ni Paradis païen (1998).

L’album « Amor Doloroso » compte onze chansons, sur 62 possibles. Il est aidé dans ce travail difficile par le chanteur et guitariste Rodolphe Burger (ex-Kat Onoma) qui lui offre les Chroniques de Bob Dylan où il y trouve un regard sur le monde bienveillant et juste qui démolit le star system.

L’album s’ouvre sur « Queue de Paon » texte poético-érotique sur fond musical oriental (l’oud éléctrique de Mehdi Habbab) mais avec un peu trop d’emphase. Il sera aussi question d’animaux sur « Crocadaïl » titre qui possède la patte caractéristique du chanteur, époque « Champagne… ».

« Prise de bec » est un blues bien trempé qui s’ouvre sur un sample de guitare et des sonorités en boucle, qui prennent forme tout au long du morceau. « Ice dream » est une très belle balade amoureuse, exercice musical dans lequel Higelin excelle.

L’influence de Trénet est très présente sur « Se revoir et s’émouvoir » où on entend du banjo et des accords de clavier Fender Rhodes. « Ici c’est l’enfer » est une réussite d’écriture: le chant d’Higelin apaisé est accompagné par une guitare onirique.

La chanson titre de l’album souligne le fil conducteur de l’album: l’amour souffrance, un thème récurrent dans la chanson et le rock mais qu’Higelin évoque en naviguant entre légèreté et gravité. Un coup de maître pour un grand disque francophone (un des meilleurs de 2006), et une tournée française en 2007 qui s’étendra on l’espère à la Belgique…

Pays: FR
EMI 094637116227
Sortie: 2006/11/20

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