JET – Shine On

Aucun doute, ce nouvel album de Jet, qui fait souvent penser aux Beatles, est une réussite presque totale. Mais justement, la qualité du produit est tempérée parce que cela ressemble plus à un hommage aux quatre de Liverpool qu’à un nouvel album. Soyons juste : peu de groupes actuels sont capables de faire ça : c’est bien joué, bien chanté, bien enregistré, bien produit et cet album est un petit joyau. La déception relative vient de l’évolution du groupe, qui emboîte le pas à l’aspect mélodique de Paul McCartney plutôt que d’adopter le côté énergique de John Lennon.

Mais Nic Cester (guitare, chant), Chris Cester (batterie, chant), Cameron Muncey (guitares) et Mark Wilson (guitare basse) ont fait fort, avec l’aide du producteur Dave Sardy. « Get Born » est une preuve que « Jet » fera bientôt partie des grands et celui-ci vient comme une confirmation, avec des titres comme « Holiday » ou « Put Your Money Where Your Mouth Is », plus Beatles que nature mais avec une voix qui rappelle un peu celle de Bon Scott, le chanteur de AC/DC. La musique reste primitive, crue et directe.

L’album débute par un très court morceau, à peine une vingtaine de secondes, « L’esprit d’escalier », comme l’album précédent. On croirait qu’ils veulent refaire « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band ». « Bring It On Back » se déroule sur un rythme pop saccadé et laisse présager un changement dans la façon de concevoir la musique aujourd’hui, en n’oubliant pas le passé mais en préparant l’avenir. Ce sont de nouveau les Fab Four qui sont rappelés ici. Avec « That’s All Lies », qui évoque le Nirvana de Kurt Cobain, ça déménage grave et le groupe nous rappelle sa propension à composer des titres comportant une énergie rare, bien dans l’esprit du rock des pionniers.

On a droit ensuite à une ballade style McCartney avec « Kings Horses ». Dans la foulée, « Shine On » est une ballade assez molle qui rappelle plus McCartney que Lennon. Il en est ainsi pour plusieurs titres de cet album qui manque parfois de punch mais comporte des harmonies vocales très élaborées et ceci compense parfois cela. « Come On Come On » renoue avec une musique plus musclée relevée par des riffs de guitares dignes des meilleurs.

Dans la mouvance AC/DC, « Stand Up » apporte sa part de relief avec ses riffs assassins. Le chant est parfait et la cohésion est complète entre les membres du groupe. C’est du grand art ! « Rip It Up » persiste dans le rythme échevelé style AC/DC et montre que s’il le voulait, le groupe pourrait rester dans la note de l’album précédent. Sauvage et grandiose !

Il y a un peu de Queen dans « Skin And Bones » et enfin beaucoup de Jet dans « Shiny Magazine », un titre calme mais différent des ballades style Beatles, ne serait-ce que par le chant, au contraire de « Eleanor », une autre ballade qui rappelle le groupe légendaire qui n’a existé que quelques années mais a marqué l’histoire du rock. « All You Have To Do » termine dans la tradition Merseybeat et prouve une fois de plus la qualité de l’interprétation de Jet.

Inégal mais excellent, cet album confirme la venue de Jet parmi les grands du rock. Il leur reste maintenant à étonner autrement que par la reproduction quasi parfaite d’un son vieux de plus de trente ans.

Pays: AU
Atlantic 7567-63591-5
Sortie: 2006/10/02