IRON MAIDEN – A Matter Of Life And Death
Un des événements de la rentrée Hard Rock est sans nul doute le nouvel album d’Iron Maiden, « A Matter of Life and Death ». Il s’agit du quatorzième album studio de ce groupe phare et incontournable qui au début des années 80 a fait partie de la New Wave Of British Heavy Metal et a créé quelques vrais chefs d’œuvre dont des albums comme « The Number of the Beast », « Powerslave » ou « Seventh Son of a Seventh Son », ce dernier étant mon préféré (peut-être parce que c’est lors de cette tournée que je les ai vus pour la première fois). Il faut malheureusement souligner qu’ils ont été capables du meilleur comme du… moins bon, les deux albums avec Blaze Bailey au chant pendant que Bruce Dickinson avait quitté le groupe dans les années 90 étant sans doute les pires. Personnellement j’ai toujours préféré les disques produits par Martin Birch, qui n’est plus aux manettes depuis belle lurette déjà, à leurs dernières livraisons en date qui parfois manquaient de finesse.
Depuis le retour de Bruce Dickinson au chant et d’Adrian Smith à la guitare (il avait quitté le groupe après « Seventh Son of a Seventh Son ») pour l’album « A Brave New World », le combo britannique a retrouvé la pêche et évolue avec trois guitaristes, Adrian Smith, Janick Gers et Dave Murray (seul rescapé de la formation originale avec le bassiste et fondateur de groupe Steve Harris). « A Matter of Life and Death » a été enregistré en l’espace de deux mois, sans utilisation de click track et dans des conditions live.
« Different World » est rapide, à l’instar de toutes les plages d’ouverture de la majorité des albums d’Iron Maiden et sera, si l’habitude est respectée, le premier titre de leur nouveau show. L’intro de « These Colours Don’t Run » est assez calme avant d’enchaîner sur un tempo plus rock. Inutile de dire qu’on reconnaît instantanément la signature du groupe, que ce soit au niveau du son, de la voix ou des arrangements avec changements de tempo assez réguliers. Je soulignerais ici un très bon son de batterie, il est massif et sec.
« Brighter Than a Thousand Suns » sent le morceau épique dès l’intro et cette impression se confirme par la suite. Le couplet est dans une rythmique impaire qui donne très bien. On notera aussi des passages lourds qu’on n’a pas trop l’habitude d’entendre chez Iron Maiden, et la chanson est réussie mélodiquement. Il y a juste un passage qui me plaît moins, c’est l’arrivée de la « cavalerie », ce changement de tempo un peu grossier qu’on a trop souvent entendu chez eux. Ceci dit, après presque neuf minutes on reste sur une bonne impression car c’est du bon Maiden. « The Pilgrim » rappelle un peu trop la période « Fear Of The Dark », pas dans un sens péjoratif mais plutôt parce que ça manque encore d’originalité.
En route pour la Normandie avec « The Longest Day », l’ambiance d’intro est glauque, malsaine, la tension monte progressivement. Bruce Dickinson fait un excellent travail vocal comme à son habitude et on sent que ce titre sera un moment fort sur scène. Le début de « Out of the Shadows » fait penser à « Revelations » sur l’album « Piece Of Mind », c’est un morceau plus court, de bonne facture également. Je me permettrais une remarque générale sur le son des guitares de cet album. Il est légèrement brouillon dans les rythmiques, je trouve qu’il pourrait être plus incisif, c’est leur son habituel depuis un moment, mais je regrette le son d’un album comme « Seventh Son Of A Seventh Son ». Mais c’était Martin Birch à la production. Iron Maiden n’a plus rien à prouver à personne, pourquoi ne nous viennent-ils pas avec un album au son grandiose qui nous laisserait le c… par terre ?
« The Reincarnation Of Benjamin Breed » figure également dans sa version videoclip sur le dvd bonus, on y voit des photos live, les artistes filmés en studio, quelques effets assez sympas. J’aime bien le riff guitare de cette chanson, et dans le refrain on remarquera à nouveau ce souci de la mélodie si cher à Steve Harris. Ici encore, le groupe nous offre une alternance dans les ambiances et les tempos. Par ailleurs, et comme sur tout l’album, les mélodies à plusieurs guitares sont omniprésentes.
For The Greater Good Of God est peut-être appelé à devenir un autre classique de par sa construction et son intensité. J’aime vraiment le refrain, que ce soit le chant ou l’arrière plan mélodique à la guitare. C’est du tout bon Iron Maiden, ça reste dans la tête et on a envie de se le repasser. Avec des chansons comme ça, 9 minutes et demie passent vite, très vite. Un incontournable, sans aucun doute. Pour ne rien gâcher, le groupe enchaîne avec un autre gros calibre intitulé « Lord Of Light », mêlant des passages en son clair avant une débauche d’énergie sur les couplets suivants. On ne peut que regretter amèrement que la Belgique ne soit pas au programme de leur tournée européenne alors qu’ils adorent jouer chez nous.
« The Legacy » clôture ce quatorzième album d’Iron Maiden. Il commence comme une comptine pour enfant sur fond de guitare sèche. S’ensuit un prélude acoustique à l’intensité croissante avant l’entrée en matière de la totalité du groupe. On relèvera les arrangements aux claviers qui donnent un côté majestueux à certains passages. Ce n’est peut-être pas aussi fort que les deux titres précédents mais il y a du bon.
En ce qui concerne le dvd bonus, il contient un documentaire sur le Making Of de ce disque avec quelques interviews assez sympas des membres du groupe. On y remarquera la bonne humeur de tous et les clowneries perpétuelles du batteur Nicko Mc Brain. Il y a aussi, comme mentionné plus haut, le clip de « The Reincarnation Of Benjamin Breed » ainsi qu’une prestation en studio de « Different World ».
Que dire en conclusion ? « A Matter Of Life And Death » est un bon album d’Iron Maiden. Il aurait pu être encore bien meilleur à mon sens s’il avait bénéficié d’une autre approche au niveau de la production tant certaines chansons sont bonnes. J’avais aimé le précédent « Dance Of Death« , et je dirais que ces vétérans du métal continuent sur une bonne lancée. Certes il ne faut pas chercher l’originalité à tout prix (qui le ferait pour AC/DC par exemple) et s’attendre à ce qu’on entendra, c’est-à-dire du pur Iron Maiden, mais de l’Iron Maiden qui a su reléguer aux oubliettes deux albums assez mauvais pendant la promenade en solo de Bruce Dickinson de 1994 à 1999. Pour preuve, cet album plaît et est déjà numéro un dans plusieurs charts européens dont l’Allemagne.
Pays: GB
EMI 0946 372324 22
Sortie: 2006/08/28