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WHIRLWIND HEAT – Do Rabbits Wonder?

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Avoir comme producteur Jack White (White Stripes) devrait constituer pour Whirlwind Heat un gage de notoriété qui devrait donner un sérieux coup de pouce à sa jeune carrière. Mais Whirlwind Heat, originaire de Grand Rapids, MI, USA, a d’autres arguments à faire valoir. Cataloguée noisy rock, lo-fi ou néo-punk, leur musique minimaliste et instinctive, le côté rageur et tapageur de leur démarche, les rapproche des White Stripes déjà cités mais aussi de groupes comme McLusky, Devo, Mudhoney, TheStooges, MC5, The Melvins, The Velvet Underground, The Ramones et The Sex Pistols. On assiste manifestement à un punk revival entamé notamment par McLusky en 2000 (voir critique de My Pain and Sadness is more Sad and Painful than Yours). Tout cela fait partie d’une mouvance nouvelle destinée à un « retour aux sources » du rock sans doute en réaction contre la saturation de musique techno.

Mais ici, ce retour aux sources se fait par des chemins de traverse. Animé par la volonté de se démarquer de ce qui se fait maintenant, Whirlwind Heat pratique un art-rock chaotique déstructuré et ne doit craindre que sa propre insuffisance au niveau des paroles. A ce point de vue, il n’y a pas de comparaison possible avec les « Bandes Blanches » dont cela constitue l’un des points forts. Ce qui les caractérise plutôt, c’est le chant râpeux de David Swanson, la basse agressive de Steve Damstra et la frappe sobre mais efficace de Brad Holland à la batterie. Ce cd a été enregistré en quatre jours dans le studio de Brendan Benson. C’est dire s’il s’agit d’une musique élaborée ! Ici, la spontanéité tient lieu de mélodie et la déstructuration de philosophie ! Musique chaotique n’est pas synonyme de Théorie du Chaos. Pourtant, on a envie de crier au génie devant cette musique rythmée à contre-temps, tant le chant de David Swanson est déroutant et le jeu de basse de Steve Damstra peu conventionnel.

Que dire des titres qui se ressemblent un peu tous ? La couleur ne donne pas vraiment le climat du morceau ; elle sert seulement à « faire autrement ». La musique évoque un peu Devo, un groupe complètement déjanté, acerbe et sarcastique des seventies, ou Iggy Pop à ses débuts. Whirlwind Heat a assuré la première partie de The White Stripes et leur a parfois volé la vedette, au point que Jack White les a pris sous son label Third Man. C’est le premier groupe qui a eu cet honneur !

Dans Orange, la basse est prépondérante et donne à ce titre un style déjanté. Sur Black, c’est le chant de Swanson qui prédomine au début, pour faire place ensuite à la section rythmique omniprésente. Lorsque le chant reprend, c’est pour marquer le retour à un rythme à contre-temps. Purple est une improvisation qui rappelle un peu Devo par son phrasé atypique. Tan est une incantation hypnotique ponctuée par les dissonances de la section rythmique. Green ajoute une touche très arty et un peu précieuse, le tout soutenu par le jeu non conformiste de Damstra à la basse.

Blue est encore plus déjanté avec la voix de Swanson qui joue le fou de service. Cela se termine par un rythme lancinant et très rapide. Génial ! Yellow continue dans la note anti-conformiste avec une basse qui dérouterait les plus créatifs des musiciens et David Swanson est « allumé », c’est sûr ! Cela se confirme avec Pink, très déroutant avec sa ponctuation à contre-temps, avec toujours cette voix haut placée et très noisy. Red illustre la folie furieuse du chanteur toujours accompagné par la basse géniale de Damstra et l’efficacité de Holland à la batterie.

Brown est un véritable joyau néo punk avec la voix presque parlée de Swanson qui harangue l’auditeur. Suit un passage d’anthologie basse – batterie de derrière les fagots. Silver débute de façon presque conventionnelle mais bifurque vers une musique industrial punk qui arrache littéralement. White met en valeur un Holland complètement déchaîné à la batterie. Enfin, Grey ajoute une touche finale très art rock.

En résumé, un cd qui frôle le génie et devrait valoir à Whirlwind Heat la faveur des critiques à défaut du grand public, à moins que ce ne soit l’inverse ? Quelle est la part prise par Jack White dans cette réussite ? S’ils parviennent à améliorer leurs textes (mais est-ce leur souci majeur ?), s’ils parviennent à se renouveler, ce sera à n’en pas douter un grand du rock ! Ce cd demande donc confirmation.

Pays: US/GB
Third Man / XL Recordings / V2 Records XLCD 167
Sortie: 2003/06/16

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