VARIOUS ARTISTS – CBGB’s and the Birth of U.S. Punk
Quel est l’intérêt de sortir cette rétrospective d’un des hauts lieux du punk avec le Max’s Kansas City à NYC ? Des groupes comme The White Stripes, McLusky, Whirlwind Heat, The Strokes, Yeah Yeah Yeahs, The Libertines, The Hives, … font partie d’une lame de fond qui annonce un punk revival plus ou moins important.
Disons-le tout de suite : ce cd pèche par des absences de taille : pas de trace de Patti Smith Group ni de Talking Heads (les éditeurs s’en excusent et nous renvoient … au volume 2). Patti Smith, David Byrne, les têtes pensantes du mouvement avec Tom Verlaine (Television), manquent curieusement sur cette compil’ censée illustrer le mouvement punk U.S. Pas de trace non plus de Lizzy Mercier-Descloux, petite française et grande voyageuse, qui s’est depuis lors lancée corps et âme dans la World Music, toujours animée par la recherche d’une certaine authenticité qu’elle pensait trouver à New York pendant la période punk.
Par contre, Lou Reed et Nico comme origine du punk, voilà qui est original. A la réflexion, ce choix est assez pertinent. Fréquentant assidûment la « Factory » d’Andy Warhol et le Max’s Kansas City, lieu de rencontre et de foisonnement très riche sur le plan artistique et culturel, ils ont été à l’origine d’un changement profond dans les mœurs de l’époque (sexe, drogues et rock ‘n’ roll). « I’m Waiting for the Man » a été enregistré en 1967, près de dix ans avant le vrai début du mouvement punk, précédé par ce bouillonnement souterrain.
Etre à l’avant-garde, et c’est un truisme que l’on oublie un peu trop souvent, c’est précéder les tendances. Le son « raw » très perceptible dans ce titre est tout à fait dans la note et constitue à n’en pas douter la marque de fabrique de ce qui fut perçu à l’époque comme une révolution culturelle profonde, basée sur un fondement économique mais aussi politique avec en toile de fond un refus du néo-libéralisme ambiant. Maintenant, on appelle ça la globalisation de l’économie : tout se tient !
Le punk rendit obsolète le rock progressif contre lequel il s’insurgeait en voulant revenir aux sources du rock, éternelle volonté des « puristes ». De l’énergie, encore de l’énergie ! Entendons-nous bien : le rock progressif existe toujours mais à l’époque, il est passé de mode sous l’impulsion des groupes punk qui en refusaient l’aspect théâtral et ampoulé. Les anciens se souviennent … Pour les plus jeunes, c’est l’occasion de se rendre compte que la mode est un éternel recommencement et que ce qui est bon aujourd’hui ne le sera probablement plus demain, et donc qu’il faut prendre tout cela avec un grain de sel en évitant soigneusement tout dogmatisme. A bon entendeur …
Relevons aussi la présence oh combien justifiée de James Osterberg et ses Stooges, de Richard Hell, aujourd’hui complètement oublié et apprécié des connaisseurs seulement, de Blondie et surtout des Ramones, dont la tendance « fun » était prépondérante. Le rock, c’est du plaisir à l’état pur. Chacun de leurs morceaux était un délice et leur attitude très deuxième degré un régal. Ces « frères » Ramones, dont les dates de naissance se suivaient de trois à six mois, ont apporté une dimension nouvelle au rock : le plaisir très primesautier de danser et de chanter pour « s’éclater » comme on dit aujourd’hui. Sur le plan vestimentaire, ils s’habillaient de haillons attachés sommairement avec des « safety pins », ustensiles indispensables pendant les périodes “punk”. Ils voulaient ainsi montrer sur le mode badin le traitement réservé aux laissés pour compte de la société capitaliste américaine. Maintenant, on les appelle des exclus …
Les titres de l’album :
- The Velvet Underground & Nico – I’m Waiting for the Man, 1967
- The Sonics – Louie Louie, 1965
- The Seeds – Excuse, Excuse, 1966
- The 13th Floor Elevators – Slip inside this House, 1967
- New York Dolls – Trash, 1974
- Iggy & The Stooges – Tight Pants, 1977
- Electric Eels – Agitated, 1975
- Suicide – Speed Queen, 1981
- Pere Ubu – Heart of Darkness, 1985
- Richard Hell & The Voidoids – Blank Generation, 1978
- Television – Friction (Live at CBGB’s), 1978
- Wayne County & The Electric Chairs – I Had too much to Dream Last Night, 1978
- Blondie – Rip Her to Shreds, 1978
- Dead Kennedys – California über Alles, 1980
- Dead Boys – Sonic Reducer (Original Mix), 1987
- Ramones – Judy Is a Punk (Original Demo ’75), 1975
- Johnny Thunders & The Heartbreakers – Born to Lose (Lost ’77 Mix), 1977
- Jonathan Richman & The Modern Lovers – Roadrunner (Once), 1978
Ce cd est un must si vous voulez comprendre ce qui se passe aujourd’hui en remontant aux origines du punk. Il intéressera aussi ceux qui ont connu cette période historique. A conseiller aussi : Wayne Kramer (MC5) presents « Beyond Cyberpunk », Musicblitz Records, sorti en 2001, avec Mudhoney, inspirateur de Whirlwind Heat , Ron Asheton (Stooges), Stan Ridgway et Chris Spedding, anglais émigré aux Etats-Unis pendant quelques années, en plus de Pere Ubu, Dee Dee Ramone, Lesbianmaker, avec Jimmy Zero, membre des Dead Boys, et Johnny Thunders, déjà présents sur ce cd.
Pays: GB
Ocho Records/Union Square Music – OCHOCD013
Sortie: 2002