SPACED OUT – Unstable Matter
Outre le leader Antoine Fafard (basse électrique, guitare électrique, programmation), le groupe canadien Spaced Out, fondé en 1998, comprend Martin Maheux (batterie) et Marc Tremblay (guitare électrique). Ils jouent un rock progressif teinté de jazz fusion, où la complexité fait bon ménage avec le chaos organisé.
Et de chaos, il en question dans le premier titre, « Unstable Matter », un long morceau qui tutoie la frénésie créatrice et privilégie l’improvisation. La basse donne le ton et est omniprésente, avec une bonne réplique de la batterie. Les riffs de guitare sont là pour relancer l’intérêt et le synthé assure la liaison entre les diverses composantes du morceau. Les trois musiciens savent y faire et semblent prendre un réel plaisir dans cette démonstration.
Jazzy au début, « New Breed » s’inscrit dans la même logique et part dans tous les sens. Le dialogue entre basse et batterie est fameux mais en même temps, les parties de basse et de guitare se complètent à merveille. La guitare hurle ensuite comme à plaisir, relayée par une débauche rythmique du meilleur effet.
« Art Attack Pt. 1 » démarre comme du heavy metal pour virer ensuite vers plus de douceur grâce au synthé. La guitare arpégée prend le relais sur un rythme saccadé pour en revenir progressivement vers le metal. « Art Attack Pt. 2 » est plus jazzy et surtout plus centré vers les improvisations de la guitare, toujours très bien soutenue par la partie rythmique.
« Event Horizon » est plus répétitif, comme une incantation ressassée maintes fois. Toujours commandé par la basse, « Big Crunch » prend le relais avec une complexité plus grande encore. La rythmique implacable et pleine de surprises donne toujours le ton et la guitare, toujours présente, amène ses improvisations. Le synthé et le piano électrique complètent le tableau.
« Antimatter », qui débute par des bruitages électroniques surprenants, est un morceau d’anthologie funky qui marque le contraste avec ce qui précède. La batterie s’en donne à cœur joie et maintient l’intérêt jusqu’à la fin du morceau par son inventivité.
« Blood Fall » n’est pas plus conventionnel. Le rythme à contretemps surprend à plus d’un titre et la basse est toujours aussi bien jouée. Les trois virtuoses donnent libre cours à leurs improvisations incessantes pour le plus grand plaisir de l’auditeur. Entre metal, jazz et rock progressif, le morceau se rapproche de l’échéance sur des phrases complexes qui s’égrènent sur un rythme aphasique.
Très court, « Glassosphere Pt. 4 » étale pourtant toute la virtuosité du bassiste. Le guitariste prend le relais et la batterie s’adapte tant bien que mal. Très syncopé, aussi court, « Singularity » est consacré en priorité à la batterie. Là aussi, il s’agit de virtuosité mais la cohésion des membres du groupe est impressionnante. Elle contribue au résultat très positif de cet album instrumental.
L’album, où on sent poindre l’influence de Miles Davis, de John McLaughlin mais aussi de Dream Theater, constitue une surprise de taille pour l’amateur de jazz rock autant que pour le fan de rock progressif. Ce groupe canadien mérite qu’on s’y intéresse de près. Spaced Out sera au 8e Festival de Rock progressif Crescendo à Saint-Palais sur Mer, en France, le 18 août 2006.
Rappel des titres :
- « Unstable Matter »
- « New Breed »
- « Art Attack Pt 1 »
- « Art Attack Pt 2 »
- « Event Horizon »
- « Big Crunch »
- « Antimatter »
- « Blood Fall »
- « Glassosphere Pt 4 »
- « Singularity »
Pays: CA
Unicorn Digital UNCR 5031
Sortie: 2006/07/10
